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Le bouledogue décédé en soute après un incident technique : cette demande ignorée avant le décollage qui relance le débat sur le transport des animaux

Un Problème Systémique : Le Transport Aérien Des Animaux Sous Le Feu Des Critiques

L’affaire d’Ewok souligne bien plus qu’un incident isolé : elle met en lumière des failles structurelles dans la gestion du transport aérien des animaux. Selon Sonia Aguado, fondatrice de l’association Flytogether, les cas de décès, blessures ou disparitions d’animaux lors de voyages en avion sont malheureusement fréquents, notamment aux États-Unis où plusieurs centaines d’incidents sont recensés. Cette réalité alarmante, souvent méconnue du grand public, révèle des lacunes majeures dans le secteur.

Sonia Aguado dénonce avant tout « l’absence de données publiques » sur ces événements, des informations détenues exclusivement par les compagnies aériennes qui ne les communiquent que lorsque des plaintes sont déposées. Cette opacité empêche une réelle évaluation des risques et freine toute amélioration des pratiques. Elle précise que le problème ne se limite pas à l’avion, mais concerne aussi les aéroports, où les animaux sont parfois maltraités ou laissés sans surveillance.

L’association met en exergue plusieurs causes systémiques : un manque criant de protocoles clairs, une formation insuffisante du personnel au sol et en cabine, ainsi qu’une impunité quasi totale des compagnies aériennes. Les risques sont présents tant en cabine qu’en soute, bien qu’ils diffèrent par nature. Par exemple, en cabine, certaines procédures de contrôle obligent à sortir les animaux de leur sac, exposant ainsi ces derniers à un stress inutile, voire à un danger. Aux États-Unis, des aéroports ont instauré des dispositifs alternatifs, comme le « private screening » dans des salles fermées, mais ces mesures restent l’exception.

Sonia Aguado insiste également sur la responsabilité partagée entre la société de fret et la compagnie aérienne. Dans le cas d’Ewok, l’animal a été déposé cinq heures avant le décollage, une durée excessive surtout en période estivale, sans surveillance ni apport d’eau, ce qui constitue un manquement grave. Le fret affirme que sa responsabilité s’arrête au dépôt, tandis que la compagnie considère qu’elle ne débute qu’à l’enregistrement. Ce vide de prise en charge laisse les animaux dans une forme d’abandon.

Elle pointe ainsi plusieurs fautes précises : dépôt trop anticipé, absence d’eau disponible, embarquement sans garantie de départ immédiat, absence de contrôle de la température en soute, et manque d’empathie du personnel. Cette accumulation de négligences a conduit à une situation où Ewok a été exposé à un enchaînement défavorable, entre chaleur, stress et délai, sans aucun suivi adapté.

Enfin, la réponse publique de Corsair est jugée insuffisante par l’association. Affirmer qu’aucun autre animal n’a souffert sur ce vol ne fait qu’isoler le cas sans répondre aux questions sur la qualité des conditions de transport. Le silence et le manque de transparence nourrissent le sentiment d’injustice et aggravent la douleur des familles touchées. Cette tragédie révèle ainsi un défaut de volonté collective à reconnaître et à corriger les risques liés au transport aérien des animaux, alors même que leur vulnérabilité est avérée et que des solutions existent.

Vers Une Régulation Européenne ? La Mobilisation Pour Reconnaitre Les Animaux Comme « Êtres Sensibles »

À la suite du drame d’Ewok et de la prise de conscience qu’il suscite, une dynamique de mobilisation s’amorce autour de la nécessité d’une meilleure régulation du transport aérien des animaux. L’association Flytogether, dont la fondatrice Sonia Aguado est particulièrement active, œuvre désormais pour que la législation intègre pleinement la dimension sensible des animaux dans ce contexte spécifique.

Une pétition lancée sur Change.org peu après le décès du bouledogue illustre cet élan citoyen, appelant à des mesures concrètes pour garantir la sécurité et le bien-être des animaux durant leurs déplacements aériens. L’un des objectifs majeurs est l’harmonisation des protocoles aéroportuaires à l’échelle européenne, afin d’instaurer des standards communs et contraignants. Sonia Aguado insiste sur la nécessité de « climatiser en permanence les soutes » et de mettre en place des procédures strictes pour localiser rapidement un animal en cas de fuite ou de problème, soulignant combien ces mesures sont à la fois techniques et éthiques.

Par ailleurs, l’association porte un projet de proposition de loi à l’Assemblée nationale française visant à reconnaître officiellement les animaux domestiques comme des êtres sensibles dans le cadre du transport. Cette reconnaissance juridique permettrait de renforcer les obligations des compagnies aériennes et des prestataires de fret, tout en facilitant le recours des familles en cas de manquement. Il s’agirait ainsi d’aller au-delà d’une simple responsabilité contractuelle pour inscrire la protection animale dans une logique de respect et de dignité.

Cette démarche s’inscrit dans un mouvement plus large, déjà engagé dans plusieurs pays, qui questionne la place des animaux dans nos sociétés et leurs droits face aux contraintes humaines. Le cas d’Ewok, tragique mais révélateur, a mis en lumière un vide réglementaire et un manque d’exigences concrètes dans un secteur où la multiplication des transports d’animaux rend pourtant impérative une vigilance accrue.

Au-delà des aspects juridiques, cette mobilisation met aussi en exergue la nécessité d’une prise de conscience collective, incluant compagnies aériennes, autorités aéroportuaires et voyageurs. Comment concilier la croissance du transport aérien avec le respect de la vie animale, quand les conditions actuelles montrent des failles majeures ? Cette question demeure au cœur des discussions, posant les bases d’un débat qui pourrait profondément transformer les pratiques et les normes dans un avenir proche.

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