Le Crime à la racine : Comment une nouvelle technique d’ADN a permis de résoudre une affaire criminelle vieille de 16 ans

Jeremie B.
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En juin 2020, dans une petite ville tranquille de Suède, une découverte bouleverse le pays tout entier. Après 16 longues années d’enquête infructueuse, les autorités suédoises annoncent enfin l’arrestation du responsable d’un double homicide qui avait terrorisé la communauté de Linkoping. Cette résolution spectaculaire n’aurait jamais été possible sans l’utilisation d’une technique révolutionnaire : l’ADN généalogique.

Cette affaire, qui fait aujourd’hui l’objet d’une série à succès sur Netflix intitulée « Le Crime à la racine », illustre parfaitement comment les avancées technologiques en matière d’investigation criminelle peuvent faire la différence dans la résolution d’affaires classées. La collaboration inattendue entre un policier chevronné et un généalogiste passionné a permis de mettre fin à l’une des enquêtes les plus mystérieuses de l’histoire criminelle suédoise.

Une journée d’octobre qui a changé Linkoping à jamais

En octobre 2004, la ville de Linkoping est secouée par deux meurtres brutaux survenus le même jour. Anna-Lena Svensson, une femme de 56 ans, est sauvagement poignardée alors qu’elle se rend à son travail. Quelques heures auparavant, le jeune Mohammed Ammouri, âgé de seulement 8 ans, connaît le même sort tragique. Ces assassinats, apparemment sans mobile ni lien entre eux, plongent la communauté dans l’effroi.

Les enquêteurs se retrouvent rapidement face à un mur. Malgré la présence d’ADN sur le couteau et un bonnet ensanglanté retrouvés sur les lieux des crimes, aucune correspondance n’est trouvée dans les bases de données de la police. Les années passent, et l’affaire devient l’un des cold cases les plus médiatisés du pays.

La science au service de la justice


Comprendre l’ADN généalogique
Cette technique permet de comparer l’ADN d’une scène de crime avec des bases de données généalogiques pour identifier des parents éloignés du suspect, puis remonter l’arbre généalogique jusqu’au coupable potentiel.

En 2019, une lueur d’espoir apparaît lorsque les autorités suédoises autorisent l’utilisation d’une nouvelle méthode d’investigation : les rapprochements d’ADN familiaux. Cette technique, qui avait déjà fait ses preuves aux États-Unis, permet aux enquêteurs d’élargir considérablement leur champ de recherche en analysant les liens de parenté génétiques.

Le puzzle se reconstitue enfin

Le 9 juin 2020, les efforts des enquêteurs portent leurs fruits avec l’arrestation de Daniel Nyquist. Face aux preuves accablantes, le suspect passe aux aveux. Il révèle avoir agi sous l’influence de voix qui lui ordonnaient de tuer deux personnes au hasard, une déclaration qui oriente l’affaire vers une nouvelle dimension.

En octobre 2020, seize ans jour pour jour après les meurtres, la justice rend son verdict. Reconnu coupable mais souffrant de graves troubles psychiatriques au moment des faits, Nyquist est condamné à un internement psychiatrique. Une décision qui souligne la complexité de cette affaire où se mêlent justice et santé mentale.


L’impact sur les cold cases
Depuis cette affaire, plusieurs pays européens ont adopté l’ADN généalogique comme outil d’investigation, permettant la résolution de dizaines d’affaires non élucidées datant de plusieurs décennies.

Une nouvelle ère pour les enquêtes criminelles

La résolution de cette affaire marque un tournant décisif dans l’histoire de la criminalistique moderne. Elle démontre comment les progrès technologiques, combinés à des méthodes d’investigation traditionnelles, peuvent faire la différence dans la résolution d’affaires qui semblaient vouées à rester des mystères éternels.

L’utilisation de l’ADN généalogique soulève néanmoins des questions éthiques importantes concernant la protection de la vie privée et l’utilisation des données génétiques. Mais pour les familles des victimes et les enquêteurs qui consacrent leur vie à la recherche de la vérité, ces nouvelles technologies représentent un espoir inestimable de voir un jour la justice triompher.