Le déclin progressif des distributeurs automatiques de billets s’accélère

Quentin M.
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Dans un monde de plus en plus numérisé, où les paiements dématérialisés gagnent du terrain, une réalité paradoxale se dessine en France : le cash reste roi. Pourtant, les distributeurs automatiques de billets (DAB) disparaissent à vue d’œil du paysage urbain et rural, laissant de nombreux citoyens perplexes face à cette situation contradictoire.

Alors que les banques françaises se félicitent d’un « très haut niveau » d’accessibilité aux espèces, les chiffres racontent une tout autre histoire. En 2023, plus de 2 000 DAB ont été fermés, accélérant une tendance qui soulève de nombreuses questions sur l’avenir de l’argent liquide dans l’Hexagone.

La disparition silencieuse des DAB

Les statistiques sont sans appel : en l’espace de cinq ans, la France a perdu plus de 8 500 distributeurs automatiques de billets, soit un sur six. Cette hémorragie s’est intensifiée en 2023, avec une chute du nombre de DAB de 46 249 à 44 123 en seulement un an. Une situation qui contraste fortement avec les déclarations rassurantes de Maya Atig, directrice générale de la Fédération bancaire française (FBF).

Cette réduction drastique du parc de DAB n’est pas sans conséquences pour les communes françaises, en particulier les plus petites et les plus isolées. De nombreuses municipalités se retrouvent désormais sans aucun distributeur sur leur territoire, obligeant les habitants à parcourir des distances parfois importantes pour accéder à du liquide.

Les communes face au défi du cash

L’exemple d’Équihen-Plage, dans le Pas-de-Calais, illustre parfaitement ce dilemme. Suite à la fermeture du DAB de La Banque postale en juin dernier, la commune s’est vue contrainte de faire appel à un prestataire privé, le convoyeur de fonds Loomis, pour installer et gérer un nouveau distributeur. Une solution qui pèse lourdement sur les finances locales, avec des coûts d’installation et de fonctionnement annuel s’élevant à plusieurs dizaines de milliers d’euros.

La situation n’est guère plus enviable à Luri, en Haute-Corse, où les habitants devaient parcourir 25 minutes en voiture pour atteindre le DAB le plus proche. Face à cette problématique, la maire Anne-Laure Santucci a dû se résoudre à installer un distributeur « non bancaire », une solution de dernier recours pour maintenir l’accès aux espèces sur sa commune.

Un avenir incertain pour le cash

La tendance à la baisse du nombre de DAB ne semble pas près de s’inverser. Au contraire, elle pourrait s’accentuer avec le déploiement de Cash Services, un programme de mutualisation des automates bancaires initié par la Société générale, BNP Paribas et le Crédit Mutuel Alliance fédérale. Ce projet, visant à réduire les coûts de fonctionnement pour les banques, risque d’accélérer encore la fermeture de nombreux distributeurs.

Paradoxalement, cette diminution de l’offre intervient alors que le cash demeure le premier moyen de paiement en France. Selon la Banque centrale européenne (BCE), l’argent liquide reste particulièrement prisé pour les achats en supermarché, au restaurant ou dans les petits commerces. Un constat qui souligne le décalage croissant entre les habitudes des consommateurs et la stratégie des établissements bancaires.