Les cinéphiles français peuvent se réjouir : le dernier chef-d’œuvre de Ryusuke Hamaguchi, couronné du Grand Prix du Jury à la Mostra de Venise 2023, fait son entrée dans le catalogue Canal+ en ce mois de février 2025. « Le mal n’existe pas » s’impose comme l’une des œuvres majeures du cinéma japonais contemporain, malgré un accueil modeste en salles avec moins de 200 000 entrées sur le territoire français.
Cette comédie dramatique, saluée par la critique internationale, offre une réflexion profonde sur notre rapport à l’environnement et le prix du progrès. Le film marque un tournant dans la carrière du réalisateur nippon, qui s’éloigne de ses œuvres précédentes pour explorer de nouveaux territoires visuels et narratifs.
Une fable écologique au cœur du Japon rural


Dans les environs de Tokyo, le petit village de Mizubiki abrite Takumi et sa fille Hana, qui mènent une existence simple en harmonie avec la nature. Leur quotidien paisible se trouve bouleversé par l’annonce d’un projet de « glamping » – un camping de luxe destiné aux citadins en quête d’une expérience nature formatée pour les réseaux sociaux. Cette initiative menace non seulement l’équilibre écologique de la région mais aussi le mode de vie traditionnel des habitants.
Qu’est-ce que le glamping ?
Contraction de « glamour » et « camping », le glamping désigne une forme de camping haut de gamme offrant un confort luxueux en pleine nature. Ce concept, particulièrement populaire auprès des influenceurs, représente une nouvelle forme de tourisme controversée pour son impact environnemental.
Hamaguchi : l’ascension d’un maître du cinéma


À 46 ans, Ryusuke Hamaguchi s’est imposé comme l’une des voix les plus singulières du cinéma mondial. Diplômé de l’Université de Tokyo et de l’Université nationale des beaux-arts et de musique de Tokyo, le réalisateur a connu une ascension fulgurante ces dernières années. Son film « Drive My Car » lui a notamment valu deux nominations aux Oscars en 2022, faisant de lui le troisième réalisateur japonais de l’histoire à concourir dans la catégorie Meilleur Réalisateur.
Le cinéaste poursuit son exploration des relations humaines et de leur complexité, tout en s’aventurant sur un territoire plus militant avec « Le mal n’existe pas ». « Je me suis mis à réfléchir à tout ce qui est visuel d’une façon plus pure et dynamique qu’auparavant« , confie-t-il à propos de ce nouveau projet qui marque une évolution significative dans sa filmographie.
Une vision cinématographique renouvelée
Loin des dialogues élaborés qui ont fait sa réputation dans « Drive My Car » ou « Contes du hasard et autres fantaisies », Hamaguchi privilégie ici une approche plus contemplative. Le réalisateur compose une œuvre où la nature devient un personnage à part entière, portant un message environnemental d’une actualité brûlante.
Le succès critique d’Hamaguchi
Avant « Le mal n’existe pas », le réalisateur avait déjà reçu l’Ours d’argent à la Berlinale 2021 pour « Wheel of Fortune and Fantasy » et le prix du meilleur scénario à Cannes pour « Drive My Car », confirmant sa place parmi les cinéastes majeurs de sa génération.