Le cinéma corse s’impose avec force cette semaine sur les écrans français. Avec une impressionnante moyenne de 4,1 sur 5 attribuée par 33 médias sur AlloCiné, « Le Royaume » de Julien Colonna fait une entrée remarquée dans le paysage cinématographique hexagonal. Cette œuvre puissante, présentée dans la section Un Certain Regard au Festival de Cannes 2024, marque les esprits par sa maîtrise et son intensité.
Entre drame familial et film noir, ce long-métrage porté par les performances magistrales de Ghjuvanna Benedetti et Saveriu Santucci nous plonge dans une Corse de 1995, où les liens du sang se mêlent aux enjeux du grand banditisme. Un premier film qui révèle un nouveau talent du cinéma français et qui réussit l’exploit rare de faire l’unanimité auprès de la critique.
Un réalisateur novice qui frappe un grand coup
Pour son premier passage derrière la caméra, Julien Colonna fait preuve d’une assurance déconcertante. Né en 1982 en Corse, le réalisateur s’attaque à un sujet complexe avec une maturité qui impressionne. Sa mise en scène, saluée pour sa maîtrise technique, parvient à créer une tension permanente tout en laissant place à des moments d’une grande sensibilité.
Le cinéaste réussit à transcender les codes du film de genre pour livrer une œuvre profondément humaine, où la relation père-fille occupe une place centrale. Cette approche intime d’un milieu souvent traité de manière spectaculaire apporte un regard nouveau sur le genre.
La section Un Certain Regard, qu’est-ce que c’est ?
Section parallèle du Festival de Cannes créée en 1978, Un Certain Regard met en lumière des œuvres audacieuses et originales. Elle représente souvent un tremplin pour les jeunes réalisateurs et les cinématographies émergentes.
Une cavale haletante au cœur de l’île de Beauté
L’histoire suit Lesia, une adolescente dont l’été 1995 va basculer brutalement lorsqu’elle est conduite auprès de son père, un homme impliqué dans le milieu du banditisme corse. Alors qu’une guerre des clans éclate, père et fille se retrouvent contraints à une fuite éperdue à travers l’île. Cette cavale forcée devient le théâtre d’une reconstruction familiale aussi improbable que bouleversante.
La force du film réside dans sa capacité à entrelacer avec brio les enjeux intimes et la tension du polar. Ghjuvanna Benedetti, dans le rôle de Lesia, et Saveriu Santucci, incarnant le père, livrent des performances d’une justesse saisissante qui ancrent le récit dans une authenticité rare.
Un concert d’éloges unanime
Les critiques rivalisent de superlatifs pour décrire cette œuvre qui mêle avec habileté les codes du western et du film noir à une chronique familiale poignante. L’Humanité salue « un très grand film de cavale » quand Nice-Matin souligne « une œuvre d’une rare maîtrise ».
La presse spécialisée met particulièrement en avant la façon dont le film parvient à désacraliser la figure du voyou tout en construisant une tragédie intemporelle. Le Figaro loue un « scénario solide » et un « final choc », tandis que Paris Match célèbre un « casting impeccable » et une « tension rugueuse ».
Le renouveau du cinéma corse
Ces dernières années, le cinéma corse connaît un nouvel élan avec l’émergence de réalisateurs qui portent un regard moderne sur leur île, entre tradition et contemporanéité, loin des clichés habituels.