Le cinéma iranien s’apprête à marquer les esprits des téléspectateurs français avec l’arrivée sur Canal+ des Graines du figuier sauvage, le film événement de Mohammad Rasoulof. Auréolé du Prix Spécial du Jury au Festival de Cannes et plébiscité par la critique internationale, ce long-métrage s’impose comme l’une des œuvres les plus marquantes de l’année 2024.
Tourné dans la plus grande clandestinité, ce drame poignant nous plonge dans la Téhéran contemporaine, où le juge Iman se retrouve confronté à ses contradictions lorsqu’un mouvement de contestation populaire secoue le pays. Entre sa position au sein du système judiciaire et ses filles qui soutiennent activement les manifestations, le personnage principal incarne toute l’ambiguïté d’une société en pleine mutation.
Un acte de résistance cinématographique
Mohammad Rasoulof, figure majeure du cinéma iranien, confirme avec ce nouveau film son statut de voix dissidente. Malgré une interdiction de tourner et les risques encourus, le réalisateur a réussi à mettre en boîte cette œuvre powerful qui dénonce les dérives du régime iranien.
Le tournage clandestin, réalisé avec une équipe réduite et dans le plus grand secret, témoigne de l’engagement sans faille du cinéaste pour porter à l’écran la réalité de son pays.
Qui est Mohammad Rasoulof ?
Cinéaste iranien né en 1972, il est connu pour ses films critiques envers le régime. Condamné à plusieurs reprises par les autorités iraniennes, il continue de réaliser des films malgré l’interdiction qui lui est faite. Son film « Le Diable n’existe pas » avait déjà remporté l’Ours d’or à la Berlinale 2020.
Une fresque familiale au cœur des bouleversements
Le film suit le parcours d’Iman, juge d’instruction au tribunal révolutionnaire de Téhéran, dont la vie bascule lorsque ses filles Rezvan et Sana s’engagent dans le mouvement de contestation. Sa femme Najmeh tente de maintenir un fragile équilibre familial, tandis que la disparition mystérieuse de son arme de service fait planer une menace sourde sur le foyer.
Cette tension narrative sert de toile de fond à une réflexion plus large sur les contradictions d’une société où la jeunesse aspire au changement, confrontée à un système judiciaire rigide et répressif.
L’écho du mouvement Femme, Vie, Liberté
Les Graines du figuier sauvage résonne particulièrement avec l’actualité iranienne et le mouvement Femme, Vie, Liberté qui secoue le pays depuis 2022. Le film capture l’essence de cette contestation historique à travers le regard de ses personnages féminins.
Le mouvement Femme, Vie, Liberté
Slogan devenu symbole du soulèvement populaire en Iran depuis septembre 2022, suite à la mort de Mahsa Amini. Ce mouvement de contestation, mené principalement par les femmes, remet en cause les fondements du régime théocratique iranien et ses restrictions des libertés individuelles.
Un triomphe critique unanime
Avec une note exceptionnelle de 4,4/5 par la presse et 4,3/5 par les spectateurs sur AlloCiné, le film s’impose comme l’un des plus acclamés de l’année 2024. Le Prix Spécial du Jury à Cannes vient couronner une œuvre qui allie puissance narrative et portée politique.
La critique salue unanimement la maîtrise de la mise en scène, la justesse du propos et la performance remarquable des acteurs qui portent ce récit intense et nécessaire sur les bouleversements que traverse la société iranienne contemporaine.
