Elles ont d’abord été moquées pour leur apparence peu conventionnelle, mais les Phryges, mascottes officielles des Jeux olympiques et paralympiques de Paris 2024, ont fini par conquérir le cœur du public. Leur prestation lors de la cérémonie d’ouverture des Jeux paralympiques le 28 août dernier a marqué les esprits, avec une scène mémorable de « 1, 2, 3 soleil » qui a rapidement fait le tour des réseaux sociaux. Ces personnages en forme de bonnet phrygien, symbole de la République française, ont su séduire les spectateurs grâce à l’énergie et au talent des hommes et des femmes qui se cachent sous le costume.
Derrière ces performances qui semblent si naturelles se cache un véritable métier, exigeant et souvent méconnu. Être la mascotte d’un événement sportif d’envergure comme les Jeux olympiques demande bien plus que de simplement enfiler un costume et faire des pitreries. C’est un rôle qui requiert des compétences physiques, mentales et artistiques poussées, ainsi qu’une grande capacité d’adaptation. Plongeons dans les coulisses de ce métier pas comme les autres, où la sueur coule sous le costume et où les rémunérations peuvent varier du simple au triple.
Un défi physique et mental de taille
Porter le costume d’une mascotte olympique n’est pas une mince affaire. Les Phryges, avec leur forme particulière et leur taille imposante, représentent un véritable défi physique pour ceux qui les incarnent. La chaleur, le poids du costume et la visibilité réduite sont autant d’obstacles à surmonter pour offrir une performance convaincante. Les mouvements doivent être amples et expressifs pour être visibles de loin, ce qui demande une excellente condition physique et une grande endurance.
Mais le défi ne s’arrête pas là. Les mascottes doivent également faire preuve d’une grande concentration et d’une capacité d’improvisation à toute épreuve. Elles doivent être capables d’interagir avec le public, de réagir aux imprévus et de maintenir leur personnage en toutes circonstances. C’est un véritable marathon mental qui attend ces athlètes du divertissement, qui doivent rester dans leur rôle pendant de longues heures, parfois dans des conditions difficiles.
Des rémunérations qui font le grand écart
Si le métier de mascotte olympique est exigeant, qu’en est-il de la rémunération ? Contrairement à ce que l’on pourrait penser, il n’existe pas de grille salariale uniforme pour ce type de poste. Les rémunérations varient considérablement en fonction du contexte, de l’expérience et de la notoriété de l’événement. Dans le cas des Jeux olympiques, les mascottes sont généralement des bénévoles ou des employés temporaires, dont la rémunération reste modeste comparée à celle des athlètes ou des officiels.
En revanche, dans le monde du sport professionnel, notamment aux États-Unis, certaines mascottes peuvent bénéficier de salaires confortables. Selon les informations rapportées, les rémunérations annuelles peuvent aller de 30 000 à 50 000 dollars (soit environ 26 000 à 43 000 euros) dans des ligues comme le hockey, le baseball ou le football américain. Certaines mascottes particulièrement populaires peuvent même atteindre des salaires à six chiffres, faisant d’elles de véritables stars du divertissement sportif.
L’origine du mot « mascotte » vient du provençal « mascoto », qui signifie sortilège ou charme. Le terme a été popularisé au 19e siècle et est devenu synonyme de porte-bonheur dans le monde du sport.
Dans la peau d’une mascotte : témoignages et success stories
Pour mieux comprendre les réalités de ce métier atypique, rien ne vaut les témoignages de ceux qui l’ont exercé. Raymond, qui a incarné pendant quinze ans Phillie Phanatic, la célèbre mascotte de l’équipe de baseball de Philadelphie, témoigne : « C’est extrêmement difficile. Malheureusement, même aux plus hauts niveaux de certains sports, il y a des gens qui pensent qu’en tant que mascotte, on ne fait que s’amuser avec les enfants et que ce n’est pas un métier sérieux. » Cette perception erronée du métier est un défi supplémentaire pour ces professionnels de l’ombre.
Pourtant, certaines mascottes ont réussi à se hisser au rang de véritables icônes. C’est le cas de Benny, la mascotte des Chicago Bulls, dont la popularité se mesure aux ventes de produits dérivés. Michelle Harris, directrice principale du divertissement et des événements des Chicago Bulls, révélait en 2016 que les articles à l’effigie de Benny figuraient parmi les 10 produits les plus vendus dans la boutique de l’équipe. Un succès qui témoigne de l’attachement du public à ces personnages hauts en couleur.
L’évolution d’un métier en constante mutation
Le métier de mascotte a considérablement évolué depuis ses débuts. Autrefois simple porte-bonheur ou distraction ponctuelle, les mascottes sont devenues de véritables ambassadrices des équipes et des événements qu’elles représentent. Elles jouent un rôle crucial dans la stratégie marketing et la communication, notamment sur les réseaux sociaux où leur présence est de plus en plus marquée.
Cette évolution s’accompagne de nouvelles exigences. Les personnes qui incarnent ces mascottes doivent désormais maîtriser les codes de la communication digitale, être à l’aise devant les caméras et savoir interagir avec un public de plus en plus connecté. La frontière entre l’animateur en costume et l’influenceur tend à s’estomper, ouvrant de nouvelles perspectives pour ce métier en constante réinvention.
La première mascotte officielle des Jeux olympiques est apparue en 1968 à Grenoble avec « Schuss », un petit personnage stylisé sur des skis. Depuis, chaque édition des Jeux a eu sa propre mascotte, reflétant souvent la culture du pays hôte.
Alors que les Phryges s’apprêtent à entrer dans la danse des Jeux olympiques et paralympiques de Paris 2024, elles portent sur leurs épaules (ou plutôt sur leur bonnet) l’héritage de décennies d’évolution du métier de mascotte. Entre performance physique, créativité artistique et maîtrise de la communication moderne, les personnes qui donneront vie à ces personnages auront la lourde tâche de captiver et d’émouvoir un public mondial. Un défi à la hauteur de l’événement, qui promet de marquer l’histoire des mascottes olympiques.