web statistic

Les parents de Yanis, 17 ans, révèlent la raison de son geste : La justice n’aurait jamais dû…

Julie K.
6 Min de lecture

Un adolescent met fin à ses jours trois jours avant sa majorité. Ses parents accusent : « La justice n’aurait jamais dû… ». Derrière ce drame familial se cache une faille judiciaire aux conséquences dramatiques. Pourquoi une simple lettre postée en février 2025 est-elle au cœur du scandale ? L’enquête révèle un voisinage mortifère et des procédures qui interrogent.

Un drame familial aux lourdes conséquences

Yanis devait souffler ses 18 bougies le 30 mars 2025. Trois jours avant cette date symbolique, l’adolescent met fin à ses jours en absorbant des médicaments. Ses parents, Farid et Delphine, établissent un lien direct entre ce geste ultime et la remise en liberté de l’homme qui avait agressé sexuellement leur fils en août 2019.

Le drame plonge ses racines dans une nuit d’été où Yanis, alors âgé de 12 ans, voit son innocence volée par un voisin de Marignier en Haute-Savoie. Après deux ans et quatre mois de détention, l’agresseur de 58 ans retrouve la liberté – une nouvelle que le père a dû annoncer lui-même à son fils. « Le jour où mon fils aurait dû fêter ses 18 ans, je suis allé choisir son cercueil », confient les parents au Parisien, la voix nouée par l’indicible.

Cette temporalité cruelle – entre majorité approchante et libération du bourreau – souligne l’effondrement d’une famille. Les parents insistent sur un point : leur certitude que la réapparition de l’agresseur à trois kilomètres du domicile familial a précipité le drame. Un voisinage géographique qui devient le théâtre d’une tragédie annoncée.

La « lettre d’adieu » qui accable la justice

Dans le téléphone de Yanis repose une preuve accablante : une note intitulée « Lettre de suicide version finale ». Ce document numérique, découvert par ses parents après sa mort, désigne sans équivoque la libération de l’agresseur comme déclencheur du geste fatal. « Personne ne peut le nier », insiste le père auprès du Parisien.

Le texte révélé par l’adolescent souligne l’impact psychologique de la proximité géographique avec son bourreau. L’homme condamné réside à seulement trois kilomètres du domicile familial, une distance que le père juge « inhumaine ». Une situation d’autant plus insupportable que les parents affirment n’avoir jamais reçu le courrier du parquet annonçant cette libération sous bracelet électronique.

Cette lettre posthume devient le symbole d’un système judiciaire défaillant. Les mots de Yanis, couchés sur son smartphone, transforment un drame intime en affaire publique. Le père résume l’incompréhension familiale : « J’étais en colère de voir que la justice ne nous avait même pas prévenus. » Une failre de communication qui pèse lourd dans la balance des responsabilités.

Une loi réclamée pour éviter de nouveaux drames

Farid et Delphine lancent un appel aux pouvoirs publics : ils exigent la création d’une loi obligeant à informer systématiquement les familles de victimes mineures lors de la libération de leurs agresseurs. Ce combat naît d’un constat amer : aucune notification officielle ne leur serait parvenue concernant la remise en liberté à mi-peine du condamné.

Le parquet affirme pourtant avoir envoyé un courrier en février 2025, précisant les mesures de contrôle (bracelet électronique et interdiction de contact). Problème : cette lettre simple n’est jamais arrivée à destination. « Nous aurions pu anticiper, protéger Yanis… », soupirent les parents dans leur entretien à BFMTV.

Ce décalage entre procédure administrative et réalité vécue cristallise le débat. Alors que la justice met en avant un suivi socio-judiciaire sur 15 ans, les parents dénoncent un système qui « oublie » les victimes au profit des droits des condamnés. La proposition de loi vise à combler ce vide en instaurant un protocole d’alerte incontournable pour les proches.

Un suivi judiciaire sous haute tension

Le condamné porte un bracelet électronique et fait l’objet d’un suivi socio-judiciaire strict pendant 15 ans. Le parquet précise que l’homme doit respecter des rendez-vous mensuels obligatoires avec un psychiatre, sous peine de réincarcération immédiate. « Une peine de trois ans pourrait être ramenée à exécution », souligne l’institution.

Pourtant, ces mesures de contrôle n’apaisent pas les parents de Yanis. Ils dénoncent un système qui garantit les droits du condamné tout en « oubliant les victimes ». La libération à mi-peine et le retour à trois kilomètres du domicile familial cristallisent leur colère : « Comment croire à la réinsertion quand notre fils vivait dans la terreur ? »

Le débat dépasse désormais le cadre judiciaire. Alors que le parquet insiste sur le caractère « exemplaire » du suivi imposé, les associations de victimes s’interrogent sur l’efficacité réelle de ces dispositifs. Un équilibre fragile entre droit à la réhabilitation et devoir de protection qui, dans ce cas précis, a volé en éclats.