Qui n’a jamais entendu cette expression imagée pour expliquer aux enfants d’où viennent les bébés ? « Il est né dans les choux » fait partie de ces formules populaires profondément ancrées dans notre imaginaire collectif. Pourtant, derrière ces mots se cache une histoire riche remontant à l’Antiquité, mêlant traditions matrimoniales, symbolique végétale et mythologie.
Cette légende, qui continue de bercer les jeunes générations, trouve ses racines dans des traditions séculaires où le chou occupait une place centrale dans les rituels de fertilité. Si aujourd’hui elle peut faire sourire, cette expression révèle en réalité tout un pan méconnu de notre patrimoine culturel et de nos coutumes ancestrales liées à la naissance.
Le chou, un légume sacré porteur de vie
Dès l’Antiquité, le chou s’impose comme un puissant symbole de fécondité et d’abondance. Sa structure unique, avec ses feuilles superposées formant comme un cocon protecteur, évoque naturellement l’idée de gestation et de protection de la vie. Cette symbolique traverse les siècles et se retrouve dans de nombreuses traditions européennes.
Une coutume particulièrement révélatrice consistait à servir de la soupe aux choux aux jeunes mariés, un rituel censé favoriser leur fertilité. Cette pratique, attestée par les travaux de l’ethnologue Jocelyne Bonnet, s’est maintenue du Moyen Âge jusqu’à l’époque moderne dans plusieurs régions de France, d’Italie et d’Europe de l’Est.
Des origines mythologiques controversées
Le mythe d’Agamemnon en bref
Roi de Mycènes dans la mythologie grecque, Agamemnon est connu pour avoir dirigé l’expédition contre Troie. Son histoire familiale, marquée par des tragédies, a inspiré de nombreux récits et légendes.
Une version populaire attribue l’origine de cette expression à la légende d’Agamemnon et Clytemnestre. Selon ce récit, leurs trois filles auraient été enveloppées dans des pétales de rose, tandis que leur fils unique aurait été placé dans une feuille de chou. Cependant, les historiens n’ont trouvé aucune source antique confirmant cette version des faits.
Il apparaît plus probable que la formulation définitive de ce mythe date du XIXe siècle, époque où les adultes cherchaient des réponses adaptées pour expliquer la naissance aux enfants. Cette période correspond également à l’émergence d’une distinction genrée plus marquée dans la société.
La culture populaire s’empare du mythe
L’expression connaît un véritable essor au début du XXe siècle, avec l’établissement d’une distinction claire entre les naissances : choux pour les garçons, roses pour les filles. Cette codification s’inscrit dans un mouvement plus large de différenciation des genres dans la société de l’époque.
La légende s’enrichit à travers diverses expressions artistiques. Le cinéma s’en empare dès ses débuts avec « La Fée aux choux » d’Alice Guy, les cartes postales de la Belle Époque la popularisent, et de nombreux ouvrages pour enfants perpétuent cette tradition. Plus récemment, la photographe Anne Geddes a donné une nouvelle vie à ce mythe à travers ses célèbres portraits de nouveau-nés.
Les mythes de la naissance à travers le monde
Chaque culture possède ses propres légendes pour expliquer la venue des enfants. Au Japon, on raconte que la princesse Kaguya est née dans une canne de bambou, tandis que Momotaro serait sorti d’une pêche géante.