Marseille : l’étude de l’Insee remet en question l’image d’une ville multiculturelle

Camille C.
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This photograph shows a view of Marseille with Marseille Cathedral, or Cathedral of La Major (C) and Corsica Linea ferries moored in Marseille port, southern France, on October 29, 2024. (Photo by MIGUEL MEDINA / AFP)

La capitale phocéenne cultive depuis des décennies l’image d’une ville cosmopolite où les cultures se mélangent harmonieusement au rythme des vagues méditerranéennes. Pourtant, une récente étude de l’Insee vient bousculer cette représentation idyllique en révélant une réalité bien différente : Marseille reste l’une des villes françaises où la ségrégation sociale est la plus marquée.

Les chiffres parlent d’eux-mêmes. Si la situation s’est quelque peu améliorée depuis 2004, date à laquelle Marseille occupait la première place du classement des villes les plus ségréguées de France, la cité phocéenne pointe désormais à la huitième position, un recul qui ne suffit pas à masquer les profondes disparités qui persistent entre ses quartiers.

Une fracture territoriale tenace

La principale caractéristique de cette ségrégation sociale se manifeste à travers une fracture géographique particulièrement visible entre le nord et le sud de la ville. Les quartiers nord, historiquement plus paupérisés, continuent de concentrer les populations les plus précaires, tandis que les zones sud et est accueillent les habitants les plus aisés, creusant un fossé qui semble difficile à combler.


Qu’est-ce que la ségrégation sociale ?
La ségrégation sociale désigne la séparation spatiale des groupes sociaux dans une ville, conduisant à la formation de quartiers homogènes sur le plan socio-économique et à un manque de mixité sociale entre les différentes zones urbaines.

Cette répartition inégale de la population n’est pas sans conséquences sur le quotidien des Marseillais. L’accès aux services publics, aux infrastructures de qualité et aux opportunités économiques varie considérablement selon les quartiers, renforçant ainsi les inégalités existantes.

Des progrès timides mais réels

Stéphane Lhermitte, directeur régional adjoint de l’Insee en région Provence-Alpes-Côte d’Azur, souligne que des améliorations sont perceptibles. La ville a quitté son rang peu enviable de championne de la ségrégation sociale, témoignant d’une certaine efficacité des politiques de mixité sociale mises en place ces dernières années.


Le rôle de l’Insee
L’Institut National de la Statistique et des Études Économiques (Insee) est l’organisme public chargé de la production et de l’analyse des statistiques officielles en France. Ses études font référence et permettent d’éclairer les débats publics sur des questions sociales majeures.

Les défis de la mixité sociale

Les efforts de rénovation urbaine et les politiques de peuplement n’ont jusqu’à présent pas suffi à transformer en profondeur la physionomie sociale de la ville. Les mécanismes de ségrégation restent puissants, alimentés par les dynamiques du marché immobilier et les trajectoires résidentielles des ménages.

La persistance de ces disparités territoriales pose la question de l’efficacité des politiques publiques menées jusqu’à présent. Les experts pointent la nécessité d’une approche plus globale, intégrant à la fois les dimensions urbaines, sociales et économiques pour espérer réduire durablement ces fractures qui minent le tissu social marseillais.