Une étude britannique vient de mettre en lumière un phénomène aussi surprenant que dangereux : un tiers des hommes hésitent à pratiquer un massage cardiaque sur une femme par crainte d’être accusés d’attouchements inappropriés. Cette révélation de l’organisme Saint John Ambulance soulève des questions cruciales sur les préjugés de genre qui persistent dans les gestes de premiers secours, mettant directement en danger la vie des femmes victimes d’arrêts cardiaques.
Les chiffres sont édifiants : 33% des hommes reconnaissent leur réticence à effectuer des compressions thoraciques sur une femme en public. Plus inquiétant encore, 46% d’entre eux se disent mal à l’aise à l’idée d’utiliser un défibrillateur sur une patiente, une situation qui nécessite pourtant une action immédiate pour maximiser les chances de survie.
Quand les stéréotypes deviennent mortels
Cette discrimination basée sur le genre a des conséquences dramatiques. Chaque minute sans massage cardiaque réduit de 10% les chances de survie de la victime, comme le souligne l’organisme parisien D’un Seul Geste. Le temps d’hésitation causé par ces préjugés peut donc s’avérer fatal.
Le malaise ne se limite pas aux hommes : l’étude révèle que près d’un quart des personnes, tous genres confondus, sont moins enclines à pratiquer une réanimation cardio-pulmonaire sur une femme que sur un homme en public. Une statistique qui témoigne d’un problème sociétal profondément ancré.
Les chiffres clés de la survie
L’utilisation d’un défibrillateur dans les 3 premières minutes suivant l’arrêt cardiaque augmente de 70% les chances de survie de la victime, quel que soit son sexe. Cette donnée souligne l’importance cruciale d’une intervention rapide sans distinction de genre.
La technique correcte : un geste qui sauve sans ambiguïté
La cardiologue Claire Mounier-Vehier du CHU de Lille tient à rappeler une évidence médicale : le massage cardiaque se pratique sur le sternum, et non sur les seins. Cette précision technique devrait suffire à lever toute ambiguïté et encourager les témoins à agir sans hésitation face à une urgence vitale.
Les craintes liées à l’utilisation du défibrillateur reflètent également une méconnaissance des gestes de premiers secours. Bien que nécessitant un contact avec la peau, son utilisation répond à un protocole médical précis qui n’a rien d’inapproprié dans un contexte d’urgence vitale.
Des initiatives innovantes pour briser le tabou
Face à ces constats alarmants, des actions concrètes émergent. Saint John Ambulance a lancé une campagne percutante avec des soutiens-gorge portant l’inscription « It’s OK to Save My Life », portés par des personnalités influentes comme la capitaine de Chelsea FC, Millie Bright.
Aux États-Unis, l’innovation vient sous la forme du « womanikin », un équipement de formation spécialement conçu pour familiariser les secouristes avec les spécificités anatomiques féminines. Son patron, disponible gratuitement en ligne, permet aux organisations de formation d’intégrer cette dimension dans leur enseignement.
Le rôle crucial de la formation
La formation aux gestes de premiers secours reste le meilleur moyen de dépasser ces préjugés. Elle permet d’acquérir les bons réflexes et la confiance nécessaire pour agir efficacement, quel que soit le genre de la victime.
L’urgence d’un changement de mentalité
Les professionnels de santé sont unanimes : en situation d’arrêt cardiaque, chaque seconde compte. La peur d’être mal jugé ne doit en aucun cas primer sur l’urgence de sauver une vie. Une prise de conscience collective s’impose pour que les réflexes de survie l’emportent sur les préjugés sociaux.