Un cardinal irlandais prend les rênes du Vatican pour 20 jours – mais pas comme vous le pensez. Alors que les rumeurs sur la succession de François agitent Rome, l’Église catholique enclenche un protocole millénaire méconnu. Entre l’étrange rituel du marteau d’argent et une dernière volonté qui défie les traditions, découvrez comment s’organise la transition la plus secrète au monde. Ce que révèlent les 15 jours critiques avant le conclave…
Le cardinal méconnu aux commandes du Vatican
Kevin Farrell, un Irlandais de 76 ans, devient subitement l’homme le plus puissant de l’Église catholique. Ce préfet du dicastère pour les laïcs, nommé camerlingue en 2019 par François lui-même, assume désormais un rôle historique : gérer le Vatican « avec des pouvoirs nettement réduits et surtout administratifs ». Son mandat exceptionnel prendra fin dès l’élection du nouveau pape.
La mort du souverain pontife déclenche un mécanisme immuable : tous les responsables de la Curie romaine, l’administration centrale de l’Église, démissionnent automatiquement. Seul le camerlingue échappe à cette règle. Ce titre hérité de l’italien « camera » (chambre) désignait à l’origine l’intendant des finances papales au Moyen Âge.
Ses prérogatives surprennent par leur symbolisme et leurs limites. Chargé de constater officiellement le décès – une formalité autrefois marquée par trois coups de marteau en argent sur le front du pontife –, il contrôle aussi temporairement les palais apostoliques. Mais toute décision engageant l’avenir de l’Église lui reste interdite : ni nominations de cardinaux, ni réformes structurelles ne peuvent être entreprises durant cet intérim.
La tradition millénaire du marteau d’argent
Un rituel médiéval resurgit dans le protocole papal. Jusqu’au décès de Pie XII en 1958, le camerlingue devait frapper trois fois le front du pontife défunt avec un « petit marteau en argent » pour attester officiellement sa mort. Cette pratique spectaculaire, abandonnée depuis 65 ans, révèle le poids des symboles dans la transition pontificale.
Si le marteau n’est plus utilisé aujourd’hui, le cardinal Farrell conserve une mission inchangée : prendre symboliquement possession des résidences papales. Son autorité s’étend au palais apostolique du Vatican, au Latran – siège historique de l’évêché de Rome – et à Castel Gandolfo, la résidence d’été des papes depuis le XVIIe siècle.
Ces gestes protocolaires cachent une réalité plus pragmatique. Le camerlingue doit verrouiller les appartements privés du pape et sécuriser ses documents personnels immédiatement après le décès. Une procédure héritée du Moyen Âge, quand la vacance du pouvoir exposait l’Église aux convoitises des familles romaines.
Cette partie du processus combine étrangement modernité et archaïsme : si les cardinaux utilisent désormais des méthodes médicales pour constater le décès, ils perpétuent secrètement d’autres rites millénaires non divulgués au public.
Course contre la montre pour élire le nouveau pape
15 jours exactement : c’est le délai minimal avant l’ouverture du conclave selon la constitution apostolique. Le cardinal Farrell déclenche dès maintenant un calendrier implacable. Sa première mission : fixer avec les « congrégations » de cardinaux la date des obsèques, qui doivent impérativement se tenir « entre le 4e et le 6e jour après la mort ».
Ce timing serré conditionne toute la suite. L’inhumation de François marquera le début officiel du deuil de neuf jours, après quoi le Vatican aura jusqu’à 20 jours maximum pour organiser l’élection. 120 cardinaux électeurs maximum devront alors être présents à Rome, sous peine de report du vote.
Le camerlingue joue ici un rôle clé de coordinateur. C’est lui qui convoque les réunions préparatoires au conclave et valide le choix de la Chapelle Sixtine comme lieu de scrutin. Une course invisible commence : sécuriser les « loggias della segnatura » où seront stockées les urnes, et vérifier le système anti-écoute ultrasecret.
L’article source précise que « le pape François a voulu simplifier ces obsèques ». Une volonté qui se heurte aux complexités protocolaires : exposition du corps réduite, messe unique à Saint-Pierre, et suppression de la traditionnelle fermeture publique du cercueil. Autant d’économies de temps cruciales pour respecter le délai des 20 jours.
Les dernières volontés insolites de François
Une rupture historique avec 600 ans de traditions funéraires papales. François a ordonné de son vivant des obsèques radicalement simplifiées : « un rite unique et plus rapide » dans un cercueil en bois brut, sans exposition publique du corps. Une sobriété voulue qui contraste avec le faste habituel des funérailles pontificales.
Le document source précise que « la cérémonie de fermeture du cercueil » – rituel emblématique depuis la Renaissance – disparaît définitivement. Une décision qui prive les fidèles d’un moment symbolique où les dignitaires clouaient traditionnellement le cercueil sous les yeux de la foule.
Mais la surprise vient du choix d’inhumation. Contrairement à tous ses prédécesseurs depuis 1417, François refuse le Vatican : « la basilique Sainte-Marie Majeure de Rome » deviendra sa dernière demeure. Ce site marial qu’il visitait secrètement chaque 1er janvier prend ainsi une dimension historique, au détriment des grottes vaticanes habituellement réservées aux papes.
Ces instructions testamentaires cristallisent l’héritage paradoxal du pape argentin : réformateur sur la forme, mais respectueux des institutions sur le fond. Une dernière provocation contrôlée qui laisse déjà présager des tensions lors de la mise en œuvre protocolaire.