web statistic

Neuf mariées sur dix se disent épanouies, mais ce salaire trop bas retient 41% d’entre elles dans le mariage

Julie K.
13 Min de lecture

Une femme mariée sur trois a déjà envisagé le divorce, mais une part importante y renonce. Pourquoi cet élément change la perception du mariage aujourd’hui reste à décrypter. Entre contraintes économiques et pressions sociales, la vérité surprenante derrière ces décisions mérite un examen approfondi. Ce que révèle cette étude éclaire un aspect méconnu du quotidien conjugal.

Une Étude Révèle L’Ampleur Du Phénomène : Une Femme Mariée Sur Trois A Envisagé Le Divorce

Les chiffres issus de la récente enquête menée par Eve and Co soulignent une réalité souvent méconnue derrière l’apparente stabilité du mariage. Sur un panel représentatif de 1 000 femmes mariées hétérosexuelles âgées de 18 ans et plus, près d’une sur trois, soit 33 %, a déjà envisagé le divorce au cours de sa vie conjugale. Ce constat met en lumière l’ampleur d’un questionnement qui traverse un nombre significatif de foyers, bien que cette réflexion ne débouche pas systématiquement sur une séparation.

Parmi ces femmes ayant envisagé cette rupture, 41 % ont finalement renoncé à divorcer, invoquant principalement des raisons économiques. Ce pourcentage révèle que les contraintes financières jouent un rôle déterminant dans la décision de rester mariée, malgré un désir exprimé de mettre fin à l’union. Cette donnée met en exergue une tension entre aspirations personnelles et réalités matérielles, qui freine l’émancipation individuelle.

L’étude, réalisée par questionnaire autoadministré en ligne les 6 et 7 mars 2025, repose sur une méthodologie rigoureuse garantissant la fiabilité des résultats. Elle apporte ainsi un éclairage précieux sur les dynamiques conjugales contemporaines en France, souvent occultées par les discours traditionnels sur le mariage. En effet, la réflexion sur le divorce ne se limite plus à une minorité isolée, mais concerne une part importante des femmes mariées, ce qui invite à une analyse approfondie des facteurs qui maintiennent ou contraignent cette situation.

Ce constat statistique interroge également sur les mécanismes sociaux et économiques qui influencent les choix conjugaux, notamment dans un contexte où les inégalités salariales et la répartition des responsabilités au sein du couple restent des sujets sensibles. La question se pose alors : dans quelle mesure ces dimensions affectent-elles la capacité des femmes à exercer pleinement leur liberté dans le cadre marital ?

À travers cette première approche, il devient évident que les chiffres ne traduisent pas seulement un phénomène individuel, mais un enjeu collectif qui mérite une attention soutenue. Les raisons qui sous-tendent ce renoncement au divorce prennent ainsi une dimension plus large, annonçant un examen plus détaillé des obstacles rencontrés par ces femmes dans leur parcours.

Le Poids Des Contraintes Financières : Un Obstacle Majeur À L’Émancipation

Si l’étude révèle que 41 % des femmes mariées ayant envisagé le divorce renoncent à cette démarche pour des raisons économiques, c’est parce que la réalité financière constitue souvent un frein tangible à l’émancipation. Le témoignage d’une Gardoise de 55 ans illustre parfaitement ce dilemme : « J’ai un trop petit salaire et me retrouver à trouver un appartement, déménager de ma maison, me paraît difficilement faisable économiquement et insurmontable. Nous avons failli plusieurs fois divorcer mais je suis revenue à la raison. » Cette confession met en lumière la contrainte matérielle qui pèse lourdement sur la décision de quitter un conjoint, malgré un désir profond de changement.

Au-delà des revenus insuffisants, ce sont aussi des considérations liées au confort et à l’habitude qui retiennent ces femmes dans leur mariage. En effet, 34 % d’entre elles expliquent rester « par confort », un terme qui recouvre souvent une forme de sécurité matérielle et émotionnelle difficile à abandonner. Cette notion souligne l’importance des repères acquis au fil des années, même lorsque ceux-ci ne correspondent plus pleinement aux attentes personnelles.

Par ailleurs, la peur des conséquences pratiques du divorce – notamment la gestion d’un nouveau logement, la stabilité financière ou encore l’organisation familiale – renforce ce sentiment d’impossibilité. Face à ces obstacles, le choix de la cohabitation, même conflictuelle, devient une solution pragmatique. Ce constat interroge la capacité des femmes à s’affranchir d’une dépendance économique qui reste prégnante, en dépit des avancées sociales.

Cette réalité économique s’inscrit dans un contexte plus large d’inégalités salariales et de précarité relative, qui affectent particulièrement les femmes. Le salaire modeste de la Gardoise évoquée n’est pas un cas isolé, mais un exemple représentatif des difficultés rencontrées par une part significative des femmes mariées lorsque vient le moment de réévaluer leur vie conjugale. Comment envisager alors une rupture lorsque les ressources personnelles ne permettent pas d’assurer une indépendance suffisante ?

Ainsi, les contraintes financières agissent comme un verrou puissant, limitant l’exercice d’un choix libre et éclairé. Cette situation invite à réfléchir sur les mécanismes économiques qui structurent encore les relations conjugales et sur les moyens à envisager pour soutenir les femmes dans leur quête d’autonomie. En dépassant les seules considérations matérielles, il devient nécessaire d’explorer également les autres freins qui peuvent retarder ou empêcher la séparation.

Frustrations Domestiques Et Érosion Sentimentale : Les Autres Freins À La Séparation

Au-delà des contraintes économiques, l’étude met en lumière des tensions plus intimes qui contribuent à maintenir de nombreuses femmes dans leur mariage. Parmi elles, le désengagement des conjoints dans les tâches ménagères est une source majeure de frustration. En effet, 75 % des femmes interrogées expriment un ras-le-bol face à cette inégalité domestique, un sentiment illustré par le témoignage de Clarisse, 48 ans, qui confie être « fatiguée du manque d’implication » de son mari dans la gestion quotidienne du foyer. Cette lassitude ne se limite pas à une simple répartition des corvées, mais traduit un déséquilibre profond dans la dynamique conjugale, qui peut peser lourdement sur la qualité de la relation.

Parallèlement, les sentiments amoureux évoluent avec le temps. L’étude révèle que 3 femmes sur 10 ne ressentent plus d’amour passionnel, mais plutôt une forme d’affection ou d’indifférence à l’égard de leur conjoint. Ce phénomène d’érosion sentimentale illustre une réalité souvent tue : le mariage peut devenir une coexistence où l’amour laisse place à des émotions plus neutres, voire à de l’agacement. Cette évolution affective contribue à complexifier la décision de divorcer, car elle modifie la nature même du lien conjugal, sans pour autant provoquer une rupture immédiate.

Un autre facteur important est la peur des réactions du conjoint en cas de séparation. Pour 11 % des femmes, cette crainte constitue un frein réel à la démarche de divorce. Cette appréhension peut être liée à des enjeux émotionnels, sociaux ou même sécuritaires, renforçant ainsi la difficulté de s’extraire d’une situation insatisfaisante. La peur, qu’elle soit explicite ou implicite, joue un rôle déterminant dans le maintien de l’union, parfois au détriment du bien-être personnel.

Ces différents freins – frustrations domestiques, érosion des sentiments et appréhensions face aux réactions du conjoint – s’inscrivent dans un cadre où la séparation ne se résume pas à une simple décision administrative. Ils témoignent d’une complexité psychologique et sociale, où les émotions, les habitudes et les peurs s’entrelacent pour former un véritable verrou affectif. Cette réalité renforce la nécessité de considérer le mariage non seulement sous l’angle économique, mais aussi comme un espace où s’expriment des dynamiques relationnelles souvent plus difficiles à dénouer.

Ainsi, l’analyse des freins non financiers éclaire une autre facette du maintien dans le mariage. Elle invite à s’interroger sur la manière dont les attentes sentimentales et les rôles domestiques influencent durablement la vie conjugale, en particulier lorsque la volonté de séparation se heurte à des obstacles invisibles mais puissants.

Normes Sociales Et Dépendance Structurelle : Un Carcan Invisible

Si les dimensions économiques et affectives expliquent en partie pourquoi certaines femmes restent dans leur mariage, elles s’inscrivent aussi dans un contexte social plus large, où des normes profondément ancrées pèsent sur leurs choix. L’étude révèle un paradoxe saisissant : près de 90 % des femmes interrogées se déclarent épanouies dans leur union, malgré les frustrations et déséquilibres qu’elles éprouvent au quotidien. Ce constat souligne la complexité des représentations du mariage, perçu non seulement comme un engagement personnel mais aussi comme une institution porteuse d’attentes sociales et culturelles.

Léa Paolacci, responsable de l’étude, apporte un éclairage essentiel sur ces mécanismes invisibles. Selon elle, « ce bien-être semble souvent marqué par des frustrations plus ou moins silencieuses. L’amour, parfois remplacé par l’affection, s’estompe avec le temps, et une femme sur quatre choisit de rester mariée principalement pour des raisons économiques, mais aussi par confort ou par habitude. Cela reflète des normes sociales profondément ancrées, où l’engagement marital reste, pour beaucoup, un impératif à long terme, en dépit de l’évolution des attentes personnelles. » Cette analyse met en lumière la persistance de structures de pouvoir et de dépendance qui continuent de façonner la vie conjugale, souvent à l’insu même des intéressées.

Ces normes sociales se traduisent par un poids invisible, mais néanmoins contraignant, qui influe sur la capacité des femmes à envisager librement la rupture. L’idée du mariage durable, voire indissoluble, demeure un référentiel puissant, renforcé par des habitudes, des pressions familiales ou des représentations culturelles. À cela s’ajoute la dépendance économique, déjà évoquée, qui contribue à maintenir un équilibre fragile entre satisfaction apparente et frustrations latentes.

Ce carcan invisible invite à repenser la manière dont la société soutient ou freine l’émancipation des femmes au sein du couple. Il interroge aussi la place des femmes dans les dynamiques de pouvoir conjugales et la manière dont les normes sociales peuvent perpétuer des situations où le choix du divorce est entravé, non seulement par des contraintes matérielles, mais aussi par des représentations collectives profondément enracinées.

Dans ce contexte, comment les femmes peuvent-elles trouver les ressources pour dépasser ces obstacles, entre attentes sociales et réalités économiques ? Cette question demeure au cœur des débats sur l’évolution des relations conjugales aujourd’hui.