Les téléspectateurs de « Ça commence aujourd’hui » ont assisté ce vendredi 14 mars à une émission spéciale particulièrement éprouvante. Face à Faustine Bollaert, trois anciens élèves de l’institution Notre-Dame de Bétharram ont livré des témoignages glaçants sur les sévices qu’ils ont subis durant leur scolarité. Ces récits s’ajoutent aux 76 plaintes déjà déposées dans une affaire qui secoue la France depuis plusieurs mois.
Le scandale qui entoure cet établissement religieux des Pyrénées-Atlantiques prend désormais une dimension nationale, révélant un système de violences institutionnalisées qui aurait perduré pendant des décennies. Entre viols, châtiments corporels et humiliations, l’émission a mis en lumière l’ampleur des traumatismes vécus par ces enfants devenus adultes.
De la parole libérée à l’onde de choc médiatique


Tout commence par une rencontre fortuite en 2024. Alain Esquerre, ancien élève de l’établissement, croise le chemin d’un surveillant qui avait marqué ses années de pensionnat. Ce face-à-face ravive des souvenirs enfouis et le pousse à créer un groupe Facebook. En quelques semaines, des dizaines d’anciens élèves rejoignent la plateforme, brisant un silence de plusieurs décennies.
Les témoignages qui affluent dressent un tableau effroyable du quotidien à Notre-Dame de Bétharram. Coups de batte de cricket, punitions sadiques à l’infirmerie, agressions sexuelles : les récits convergent et se recoupent, impliquant aussi bien des religieux que des éducateurs laïcs.
L’institution Notre-Dame de Bétharram en chiffres
– Fondée au XIXe siècle
– 70 élèves âgés de 10 à 17 ans
– 152 plaintes déposées à ce jour
– Période des faits : des années 1950 aux années 2010
Des témoignages qui glacent le sang
Sur le plateau de France 2, les trois victimes décrivent avec une précision douloureuse leur calvaire. L’un d’eux évoque les viols répétés subis dès l’âge de 10 ans, un autre raconte les coups quotidiens reçus pour des motifs dérisoires. Le troisième témoigne de l’omerta qui régnait dans l’établissement et de l’impossibilité de se confier à ses parents.
L’émission met également en lumière les conséquences dévastatrices de ces traumatismes : dépressions, addictions, difficultés relationnelles. Des vies brisées qui réclament aujourd’hui justice et reconnaissance.
Une affaire aux ramifications politiques
Le scandale prend une tournure politique avec la mise en cause de François Bayrou. L’ancien ministre de l’Éducation nationale (1993-1997) est accusé d’avoir ignoré les signaux d’alerte, alors même que son épouse enseignait dans l’établissement et que ses enfants y étaient scolarisés. Si l’intéressé nie toute connaissance des faits, plusieurs témoignages mettent à mal sa version.
État actuel de l’enquête
– 3 personnes placées en garde à vue en février 2025
– 1 mise en examen pour « viol par personne ayant autorité »
– Commission d’enquête parlementaire en cours
– Prescription menace la majorité des cas
Le combat pour la vérité continue
Malgré l’épée de Damoclès de la prescription qui pèse sur de nombreux cas, les victimes poursuivent leur combat. Les associations créées suite au scandale multiplient les actions pour obtenir reconnaissance et réparation. L’enquête préliminaire menée par le parquet de Pau se poursuit, tandis que certains accusés, comme le père Henri Lamasse, âgé de 94 ans, continuent de nier les faits qui leur sont reprochés.
Les révélations de « Ça commence aujourd’hui » marquent une nouvelle étape dans la médiatisation de cette affaire qui continue de révéler l’ampleur des violences perpétrées au sein de cette institution religieuse pendant près d’un demi-siècle.