La rentrée scolaire 2024 s’annonce mouvementée dans les collèges français. Une nouvelle mesure controversée vient d’être annoncée par le gouvernement : l’interdiction totale des téléphones portables au sein des établissements. Fini les smartphones cachés dans les sacs ou les poches, les élèves devront désormais déposer leurs précieux appareils à l’entrée du collège et ne les récupérer qu’à la sortie.
Cette décision, qui va bien au-delà de la simple interdiction d’utilisation en vigueur depuis 2018, suscite déjà de vives réactions. Entre amélioration des résultats scolaires et lutte contre le harcèlement, le gouvernement avance des arguments de poids. Mais les syndicats, les chefs d’établissement et les collectivités territoriales s’interrogent sur l’efficacité et la faisabilité d’une telle mesure. Plongée dans une polémique qui risque de faire vibrer les portables de toute la France.
Une pause numérique radicale pour booster les performances
Le gouvernement ne fait pas dans la demi-mesure. Dès janvier 2025, ce sont près de 200 collèges qui expérimenteront cette « pause numérique » totale. L’objectif affiché est clair : augmenter les résultats des élèves en limitant les effets de distraction. Nicole Belloubet, ministre de l’Éducation nationale démissionnaire à l’origine de cette initiative, explique : « Beaucoup de phénomènes de harcèlement viennent de l’utilisation du téléphone portable, y compris dans les établissements, bien que théoriquement, cela soit interdit ».
En effet, malgré l’interdiction en vigueur depuis 2018, de nombreux élèves continuent de consulter discrètement leur téléphone au collège. La commission « écrans », chargée d’étudier l’impact de l’exposition aux écrans sur les jeunes, a souligné dans son rapport remis au président de la République que « l’utilisation s’organise largement dans les toilettes » et que « les échanges massifs de contenus sur ce qui se passe aux abords ou dans les collèges ont lieu ».
Un dispositif qui divise
La mise en place de cette mesure ne sera pas une mince affaire. Chaque établissement volontaire devra choisir comment procéder et modifier son règlement intérieur. Les départements, responsables du bâti et de l’équipement des collèges, pourraient être mis à contribution pour l’achat de matériel comme des casiers ou des pochettes anti-ondes. Une charge financière qui inquiète les collectivités territoriales, d’autant plus que l’État ne participe pas au financement.
Du côté des syndicats, on reste sceptique. Sophie Venetitay, secrétaire générale du SNES-FSU, affirme : « La lutte contre le harcèlement en milieu scolaire est un sujet crucial, mais elle passe par bien d’autres éléments que ce gadget ». Bruno Bobkiewicz, secrétaire général du syndicat des chefs d’établissement SNPDEN-UNSA, va dans le même sens : « Je ne comprends pas vraiment le sens de cette proposition. Le problème numéro un n’est pas l’usage du téléphone dans le collège, qui est déjà interdit, mais bien à l’extérieur de l’établissement. »
Selon une enquête de Deloitte, les Américains vérifient leurs téléphones environ 47 fois par jour. Cette habitude offre de nombreuses occasions aux microorganismes de passer des doigts au téléphone, rendant ces appareils particulièrement sales.
Des défis logistiques et pédagogiques à relever
La mise en œuvre de cette interdiction totale soulève de nombreuses questions pratiques. Comment gérer le dépôt et la récupération de centaines de téléphones chaque jour ? Quelle sera la responsabilité des établissements en cas de perte ou de vol ? Les collèges devront rapidement trouver des solutions pour faire face à ces nouveaux défis logistiques.
Sur le plan pédagogique, l’impact de cette mesure reste à évaluer. Si l’objectif est d’améliorer la concentration des élèves, certains experts s’interrogent sur les effets à long terme d’une privation totale de smartphones. L’utilisation encadrée des nouvelles technologies dans un cadre éducatif pourrait-elle être compromise par cette interdiction radicale ?
Un changement radical dans le quotidien des collégiens
Pour les élèves, cette nouvelle règle va bouleverser leurs habitudes. Habitués à avoir leur téléphone à portée de main en permanence, ils devront apprendre à s’en passer pendant toute la journée scolaire. Ce changement pourrait avoir des répercussions sur leur vie sociale au collège, les forçant à renouer avec des formes de communication plus traditionnelles.
Reste à voir si cette « détox numérique » forcée aura les effets escomptés sur les résultats scolaires et le bien-être des élèves. L’expérimentation qui débutera en janvier 2025 sera scrutée de près par tous les acteurs de l’éducation, et pourrait bien redéfinir la place du numérique dans nos établissements scolaires.
Une étude a révélé que les téléphones portables des élèves du secondaire peuvent contenir plus de 17 000 copies de gènes bactériens. Des scientifiques de l’Université d’Arizona ont même découvert que les téléphones portables transportent 10 fois plus de bactéries que la plupart des sièges de toilettes.