Nouvelle réglementation sur les téléphones portables dans les établissements scolaires : ce qui va changer

Laura P.
6 Min de lecture

C’est une nouvelle qui va faire grincer des dents chez les adolescents français. À partir de la rentrée 2024, les téléphones portables seront totalement bannis des établissements scolaires. Fini les SMS discrets sous la table ou les parties de Candy Crush pendant la récré, les smartphones devront rester à la maison ou dans le casier.

Cette mesure radicale, annoncée par Nicole Belloubet, ministre de l’Éducation démissionnaire, vise à créer un environnement plus propice à l’apprentissage et à lutter contre les méfaits du numérique chez les jeunes. Une véritable révolution dans les cours de récréation qui soulève déjà de nombreuses questions et inquiétudes.

Une réponse aux dangers du numérique

Depuis 2018, l’utilisation des téléphones portables est déjà interdite pendant les cours dans les écoles primaires et les collèges. Mais cette règle, souvent contournée, n’a pas suffi à endiguer ce que Nicole Belloubet qualifie d’impact « absolument dramatique » des réseaux sociaux sur la vie des jeunes. Cyberharcèlement, addiction aux écrans, accès à des contenus inappropriés… Les raisons de durcir la réglementation ne manquent pas.

Le gouvernement souhaite ainsi créer des « lieux protégés, sanctuarisés » au sein des établissements scolaires, tout en maintenant une « approche éthique » du numérique à des fins pédagogiques. L’objectif est clair : favoriser la concentration des élèves et améliorer les conditions d’apprentissage, tout en luttant contre les dérives liées à l’utilisation excessive des smartphones.

Une mise en place progressive

La nouvelle réglementation ne sera pas appliquée du jour au lendemain dans toute la France. Dans un premier temps, 200 établissements pilotes testeront la « pause numérique complète » dès septembre 2024. Les élèves devront laisser leurs téléphones chez eux ou les déposer dans des casiers à l’entrée de l’école. Cette phase d’expérimentation permettra d’évaluer l’efficacité de la mesure et d’identifier les éventuels ajustements nécessaires.

Si les résultats sont concluants, l’interdiction totale des téléphones portables sera étendue à l’ensemble des écoles et collèges du pays dès janvier 2025. Une véritable révolution qui nécessitera une adaptation importante de la part des élèves, mais aussi du personnel éducatif et des parents.

Le saviez-vous ?
L’addiction aux écrans chez les jeunes est un phénomène en constante augmentation. Selon une étude récente, les adolescents français passent en moyenne 6h30 par jour sur leurs smartphones, dont 2h30 sur les réseaux sociaux.

Des défis à relever

La mise en place de cette nouvelle réglementation ne se fera pas sans difficultés. Les établissements scolaires devront s’adapter, notamment en installant des casiers sécurisés pour permettre aux élèves de déposer leurs téléphones. Les règlements intérieurs devront être modifiés pour intégrer ces nouvelles règles et prévoir des sanctions en cas de non-respect.

La question des exceptions se pose également. Que faire pour les élèves ayant besoin de leur téléphone pour des raisons médicales ? Comment gérer les situations d’urgence où un élève doit contacter ses parents ? Ces cas particuliers devront être pris en compte et des solutions adaptées devront être trouvées.

Un débat qui divise

Cette annonce a suscité des réactions diverses au sein de la communauté éducative. Si certaines associations de parents d’élèves saluent cette initiative, d’autres voix s’élèvent pour critiquer une mesure jugée trop restrictive. Les détracteurs arguent que le téléphone portable fait partie intégrante de la vie des adolescents et que son interdiction totale pourrait être contre-productive.

Du côté des élèves, la pilule risque d’être difficile à avaler. Habitués à être connectés en permanence, beaucoup risquent de vivre cette interdiction comme une punition injustifiée. Il faudra donc un important travail de pédagogie pour faire comprendre les enjeux de cette mesure et en faire accepter les bénéfices à long terme.

Les alternatives au smartphone
Pour pallier l’interdiction des téléphones, certains établissements envisagent de mettre en place des solutions alternatives :
– Bornes d’appel d’urgence dans les couloirs
– Mise à disposition de téléphones fixes pour contacter les parents si nécessaire
– Utilisation encadrée de tablettes pour certains usages pédagogiques

Vers une nouvelle ère numérique à l’école ?

Si cette mesure vise à limiter l’utilisation des smartphones, elle ne signifie pas pour autant un rejet total du numérique dans l’éducation. Nicole Belloubet a en effet rappelé l’importance d’une « approche éthique » du numérique à des fins pédagogiques. L’enjeu est de trouver un équilibre entre la protection des élèves et l’utilisation raisonnée des outils numériques pour enrichir l’apprentissage.

À l’heure où le monde professionnel est de plus en plus digitalisé, il est crucial de préparer les jeunes à une utilisation responsable et maîtrisée des technologies. Cette nouvelle réglementation pourrait ainsi marquer le début d’une réflexion plus large sur la place du numérique dans l’éducation et sur les compétences à développer chez les élèves pour en faire des citoyens éclairés de l’ère digitale.