Oslo : 30 ans de prison pour l’auteur de la fusillade meurtrière à la Pride 2022

Camille C.
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(FILES) People lay flowers at a memorial at the crime scene on June 25, 2022, in the aftermath of a shooting outside pubs and nightclubs in central Oslo killing two people injuring 21. A Norwegian court is expected to deliver its verdict on July 4, 2024 in the trial of the alleged perpetrator of the deadly shooting at Oslo's 2022 Pride festival. Zaniar Matapour, a 44-year-old Norwegian of Iranian origin, is accused of opening fire outside two bars in central Oslo, including a well-known gay club, on the night of June 25, 2022, just hours before the Oslo Pride Parade was to be held, killing two men and wounding nine others. - Norway OUT (Photo by Martin Solhaug Standal / NTB / AFP)

Dans une décision historique, la justice norvégienne a tranché avec fermeté face à l’horreur qui a frappé Oslo il y a deux ans. Le tribunal a prononcé la peine maximale de 30 ans de prison extensibles contre Zaniar Matapour, l’auteur de la fusillade meurtrière qui a endeuillé la communauté LGBT+ à la veille de la Marche des fiertés en 2022.

Cette sentence, tombée le jeudi 4 juillet, marque un tournant dans la lutte contre le terrorisme et les crimes de haine en Norvège. Elle envoie un message clair : la société norvégienne ne tolérera pas la violence motivée par la haine et la discrimination.

Une nuit de terreur qui a bouleversé Oslo

Revenons sur cette nuit tragique du 24 au 25 juin 2022. Alors que la capitale norvégienne se préparait à célébrer la diversité et l’amour lors de la semaine de la Pride, Zaniar Matapour, un Norvégien d’origine iranienne âgé de 45 ans, a semé la terreur. Armé et déterminé, il a ouvert le feu sur deux établissements du centre-ville, dont l’un était un haut lieu de la communauté gay.

Le bilan est lourd : deux personnes ont perdu la vie et neuf autres ont été blessées. L’onde de choc a été telle que les festivités prévues ont dû être annulées, plongeant la ville dans la stupeur et le chagrin. Rapidement, les enquêteurs ont découvert que Matapour avait prêté allégeance au groupe État islamique (EI), donnant à son acte une dimension terroriste.

Un jugement sans appel

Le tribunal d’Oslo n’a pas hésité à qualifier les faits d’« acte terroriste aggravé ». Les juges ont estimé que l’objectif de Matapour était double : « tuer autant d’homosexuels que possible et instiller un sentiment de terreur parmi les homosexuels en général ». Cette reconnaissance de la nature haineuse et ciblée de l’attaque a pesé lourd dans la balance.

Malgré le silence obstiné de l’accusé sur ses motivations et son plaidoyer de non-culpabilité, le tribunal a conclu que Matapour « comprenait parfaitement ce qu’il faisait avant et pendant l’attaque ». Cette lucidité apparente a contribué à la sévérité de la peine prononcée.

Une peine exemplaire pour un acte odieux

La condamnation de Matapour à 30 ans de prison extensibles, avec un minimum de 20 ans, est un message fort envoyé à la société. Cette peine, la plus lourde prévue par le système judiciaire norvégien, permet de maintenir le condamné derrière les barreaux aussi longtemps qu’il sera jugé dangereux pour la société.

En plus de la peine de prison, Matapour a été condamné à verser plus de 100 millions de couronnes (soit environ 8,8 millions d’euros) aux parties civiles. Cette somme considérable vise à reconnaître la souffrance des victimes et de leurs proches, tout en soulignant la gravité de l’acte commis.

L’ombre d’un réseau terroriste

L’enquête sur cette attaque ne s’arrête pas à la condamnation de Matapour. Les autorités norvégiennes ont identifié un cerveau présumé de l’attaque : Arfan Bhatti, un islamiste de 46 ans bien connu des services de renseignement. Extradé du Pakistan le 3 mai, Bhatti sera jugé ultérieurement, laissant entrevoir la possibilité d’un réseau plus large derrière cet acte terroriste.

Pendant le procès, la défense a tenté de mettre en cause les services de renseignement intérieur norvégien, suggérant des failles dans la prévention de l’attaque. Cependant, le tribunal a rejeté ces arguments, renforçant ainsi la responsabilité personnelle de Matapour dans la planification et l’exécution de ce crime odieux.