Un ultime sourire aux fidèles, une organisation funéraire minutieuse… La mort du pape François à 88 ans révèle des préparatifs insoupçonnés au cœur du Vatican. Alors que ses dernières heures montraient un souverain pontife affaibli mais déterminé, les cloches du monde entier résonnent déjà d’un hommage planétaire. Entre réactions politiques explosives et rituels séculaires, comment l’Église catholique compte-elle écrire cette page d’histoire ?
Un ultime geste pour l’histoire
La veille de sa mort, François impressionne par sa résolution face à la maladie. Dimanche à midi, le souverain pontife de 88 ans apparaît pour la dernière fois au balcon de la basilique Saint-Pierre. En fauteuil roulant mais sans assistance respiratoire, il adresse ses traditionnels vœux de Pâques aux fidèles massés sur la place. Un ultime effort pour celui qui luttait depuis février contre une double pneumonie, selon le communiqué médical du Vatican.
À Paris, l’émotion se lit sur le parvis de Notre-Dame. « C’est le représentant de Dieu sur terre, forcément ça fait quelque chose », confie une fidèle à BFMTV. Son témoignage résume le choc planétaire : celui d’un chef spirituel disparu moins de 24h après avoir bravé la maladie pour un dernier acte public.
Dans l’ombre, le Vatican enclenche déjà le protocole funéraire. La résidence Sainte-Marthe, où François s’est éteint ce lundi matin, devient le centre névralgique des préparatifs. Le service de presse du Saint-Siège précise que les causes officielles du décès seront révélées dans la soirée, achevant ainsi douze années d’un pontificat marqué par les réformes et les défis sanitaires.
La machine vaticane en marche
Dès l’annonce du décès, le Vatican active un protocole millénaire. Dès mercredi, le corps du pape sera exposé dans la basilique Saint-Pierre, selon un communiqué officiel. Une première prière publique est organisée ce lundi à 19h30 sur la place éponyme, symbole d’une transition entre deuil populaire et rituels codifiés.
Dans l’immédiat, les équipes du Saint-Siège s’affairent à la chapelle Sainte-Marthe. « Son Éminence le Cardinal Farrell présidera le rite de certification du décès à 20h », précise le service de presse. La résidence où François a vécu depuis 2013 devient le théâtre d’une mise en bière sous haute solennité.
En parallèle, l’Église prépare l’après. 135 cardinaux – dont cinq Français – se préparent à un conclave historique dans les 15 prochains jours. Quatre scrutins quotidiens seront nécessaires pour atteindre la majorité des deux tiers, dans une course contre la montre pour désigner le successeur du premier pape jésuite de l’histoire.
Des hommages au-delà des frontières
Donald Trump lance les réactions en cascade sur Truth Social : « Repose en paix, pape François ! ». Une sobriété qui contraste avec l’hommage du Dalaï-Lama, exilé en Inde : « Il montrait comment mener une vie simple mais pleine de sens ». Le président ukrainien Volodymyr Zelensky salue quant à lui celui qui « priait pour la paix » dans son pays en guerre.
Les gestes symboliques se multiplient. L’Argentine décrète 7 jours de deuil national, quand l’Espagne en observe trois. À Paris, Anne Hidalgo fait éteindre la tour Eiffel, tandis que les cloches de Notre-Dame sonnent 88 fois – une pour chaque année de vie du souverain pontife.
Cette vague unanime transcende les clivages. Le président israélien Isaac Herzog loue « un homme de compassion sans fin », quand son homologue turc Erdogan vante son engagement pour les Palestiniens. Seul point commun : la reconnaissance pour celui qu’Emmanuel Macron qualifie de « battant pour la justice », ultime écho à douze ans de pontificat.
Un héritage qui transcende les religions
Le Vatican prend une décision inédite en reportant la canonisation de Carlo Acutis, initialement prévue dimanche 27 avril. Ce jeune Italien mort à 15 ans, surnommé le « cyber-apôtre », devait devenir saint sous le pontificat de François – ultime hommage à un pape réformateur.
La succession s’organise dans l’urgence. Cinq cardinaux français rejoindront les 135 électeurs du conclave, dont les règles strictes prévoient quatre scrutins quotidiens. Une course contre la montre pour trouver un successeur au premier pape jésuite et latino-américain de l’histoire.
L’hommage dépasse les frontières du catholicisme. Le grand rabbin de France Haïm Korsia salue « son dernier discours contre l’antisémitisme », rappelant son combat pour le dialogue interreligieux. Un héritage confirmé par les 88 coups de cloche de Notre-Dame de Paris, symbole d’un deuil national à la mesure de ses 88 ans.
Alors que Marseille et Lille organisent des messes commémoratives, l’Église entame sa transition. Entre deuil protocolaire et héritage spirituel, François laisse une institution transformée, dont les prochains jours scelleront l’avenir.