Dans une interview bouleversante accordée à l’émission « Chez Jordan » sur C8 ce 24 septembre 2024, Patrick Chesnais a ouvert son cœur sur l’une des épreuves les plus douloureuses de sa vie : la perte de son fils Ferdinand. L’acteur français, connu pour sa carrière prolifique au cinéma et au théâtre, a partagé avec une émotion palpable les détails de ce drame qui a marqué sa vie il y a près de deux décennies.
À 77 ans, Chesnais revient sur cette tragédie avec une franchise désarmante, offrant un témoignage poignant sur le deuil, la culpabilité et la résilience. Ses paroles, empreintes de douleur mais aussi d’espoir, résonnent comme un message universel pour tous ceux qui ont connu la perte d’un être cher, en particulier d’un enfant.
Le jour où tout a basculé
C’est en 2006 que la vie de Patrick Chesnais a été bouleversée à jamais. Son fils Ferdinand, alors âgé de seulement 20 ans, a été tragiquement fauché par un automobiliste en état d’ébriété. Ce drame, survenu de manière aussi soudaine que brutale, a plongé l’acteur dans un abîme de chagrin dont il peine encore à s’extraire entièrement aujourd’hui.
Face à Jordan de Luxe, Chesnais a confié avec une sincérité désarmante : « Quand on perd un fils de 20 ans, c’est toujours de votre faute. » Cette phrase, lourde de sens, révèle le poids écrasant de la culpabilité qui accompagne souvent les parents endeuillés. L’acteur explique que ce sentiment, bien qu’irrationnel, est partagé par de nombreux parents ayant vécu une tragédie similaire.
Un combat contre la culpabilité
Malgré les années qui passent, Patrick Chesnais avoue que ce sentiment de culpabilité reste ancré en lui. « Je sais que c’est absurde, mais c’est comme ça. Ça ne s’explique pas, il n’y a pas de logique, c’est irrationnel », confie-t-il. Cette lutte intérieure, l’acteur la décrit comme un combat quotidien, une blessure qui ne se referme jamais complètement.
Dans les semaines qui ont suivi la disparition de Ferdinand, Chesnais a trouvé un réconfort inattendu dans un geste simple mais chargé d’émotion : continuer à laisser des messages sur le répondeur de son fils. « J’entendais sa voix sur la messagerie et après je lui laissais un message… sachant qu’il ne l’entendrait pas, mais ça ne fait rien, ça permettait que les choses continuent comme avant », raconte-t-il avec émotion.
Le deuil d’un enfant est considéré comme l’une des expériences les plus traumatisantes pour un parent. Les psychologues s’accordent à dire que ce type de perte peut entraîner un deuil prolongé et complexe, nécessitant souvent un accompagnement professionnel à long terme.
Transformer la douleur en action
Face à cette perte incommensurable, Patrick Chesnais a choisi de ne pas se laisser abattre. En avril 2007, moins d’un an après la tragédie, il a créé l’Association Ferdinand, une initiative visant à lutter contre l’alcool au volant et à sensibiliser le public aux dangers de la conduite en état d’ébriété. Cette démarche, née de la douleur, est devenue pour l’acteur un moyen de donner un sens à la mort de son fils.
« J’ai créé une association parce qu’il était avec quelqu’un qui avait bu. Lui, ne conduisait pas », explique Chesnais. Cette précision souligne l’injustice de la situation et renforce la détermination de l’acteur à prévenir de tels drames à l’avenir. L’Association Ferdinand est aujourd’hui reconnue pour son travail de prévention et d’accompagnement des victimes de la route.
L’art comme exutoire
Au-delà de son engagement associatif, Patrick Chesnais a également trouvé dans l’art un moyen d’exprimer sa douleur et d’honorer la mémoire de Ferdinand. Il a écrit un livre sur son fils et réalisé un film qu’il qualifie lui-même de « beau film ». Ces projets artistiques sont pour lui une façon de « prolonger sa mémoire » et de s’assurer que la mort de Ferdinand « aura peut-être pu vaguement servir à quelque chose ».
Ces démarches artistiques et associatives témoignent de la volonté de Chesnais de transformer sa douleur en une force créatrice et positive. Elles illustrent également la complexité du processus de deuil, qui peut prendre de multiples formes et s’exprimer à travers différents canaux.
L’expression artistique est reconnue comme un outil thérapeutique puissant dans le traitement du deuil. Qu’il s’agisse d’écriture, de peinture ou de cinéma, l’art permet d’extérioriser des émotions difficiles à verbaliser et peut faciliter le processus de guérison émotionnelle.
Un nouveau regard sur la vie
La perte de Ferdinand a inévitablement changé la perception de Patrick Chesnais sur la vie et sa carrière. Bien que toujours actif dans le monde du cinéma et du théâtre, l’acteur aborde désormais son métier avec une perspective différente. La tragédie l’a poussé à réévaluer ses priorités et à accorder une importance accrue à sa famille et aux causes qui lui tiennent à cœur.
Aujourd’hui, Patrick Chesnais continue de jongler entre son métier d’acteur et son engagement associatif. Son témoignage, empreint de vulnérabilité et de force, rappelle que le deuil est un processus continu, fait de hauts et de bas. En partageant son expérience, il offre non seulement un hommage touchant à son fils, mais aussi un message d’espoir à tous ceux qui traversent des épreuves similaires.