Peu de gens le savent, mais ce panneau routier banal a changé de sens

Quentin M.
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Dans le grand théâtre de la circulation routière, un acteur bien connu vient de changer de costume. Le Code de la route, ce recueil de règles qui régit nos déplacements, a récemment connu une mise à jour significative. Au cœur de cette évolution, un panneau familier à tous les usagers de la route se voit attribuer un nouveau rôle, reflétant les changements profonds dans nos habitudes de mobilité.

Alors que les conducteurs s’efforcent de maîtriser les subtilités du permis de conduire, voilà qu’une nouvelle donnée s’ajoute à l’équation. Ce panneau, omniprésent sur nos routes, notamment à l’entrée des voies rapides et des tunnels, arbore désormais une signification élargie. Son visage reste le même, mais son message s’adresse à un public plus large, témoin silencieux de la diversification de nos modes de transport.

Le B9B : un panneau en pleine mutation

Le panneau qui fait l’objet de toutes les attentions porte le nom de code B9B. Si cette appellation ne vous dit rien, son apparence, elle, vous est certainement familière : rond, bordé de rouge, arborant un vélo noir sur fond blanc. Traditionnellement, ce panneau indiquait l’accès interdit aux cyclistes. Mais depuis le 23 mars 2024, sa portée s’est considérablement élargie.

Bien que l’essence du message reste inchangée – interdire l’accès aux deux-roues non motorisés sur certaines voies – la modification vise à englober une nouvelle catégorie d’usagers. En effet, la route n’est plus l’apanage exclusif des voitures, motos, camions et vélos. Un nouveau groupe d’acteurs a fait son entrée en scène : les conducteurs d’EDPM (Engins de Déplacement Personnel Motorisés).

Les nouveaux rois de la micromobilité

Derrière l’acronyme EDPM se cache toute une gamme de véhicules qui ont révolutionné nos déplacements urbains ces dernières années. Trottinettes électriques avec ou sans selle, gyropodes, monoroues, hoverboards… Ces engins, capables d’atteindre des vitesses considérables, sont désormais soumis aux mêmes restrictions que les vélos classiques lorsqu’ils rencontrent le panneau B9B. Cette évolution réglementaire vise à garantir la sécurité de tous les usagers de la route, y compris celle des conducteurs d’EDPM eux-mêmes.

Le changement ne s’arrête pas au seul panneau B9B. Tous les panneaux de signalisation autrefois réservés aux cyclistes étendent maintenant leur juridiction aux propriétaires d’EDPM. Par exemple, un panneau indiquant « SAUF vélo » signifie désormais que l’itinéraire est ouvert non seulement aux vélos, mais aussi aux trottinettes électriques, gyropodes et autres engins de micromobilité.

Une réponse à l’évolution des mobilités urbaines

Cette mise à jour réglementaire n’est pas anodine. Elle répond à une réalité chiffrée : en 2023, la France comptait plus de 2,5 millions d’utilisateurs de trottinettes électriques. Face à cette explosion des nouvelles mobilités, il devenait urgent d’encadrer ces pratiques pour assurer la sécurité de tous sur la voie publique.

Les chiffres parlent d’eux-mêmes : entre août 2022 et juillet 2023, 41 conducteurs de trottinettes ont perdu la vie sur les routes françaises. Ces statistiques alarmantes ont poussé les autorités à agir, en intégrant pleinement ces nouveaux modes de déplacement dans le Code de la route. L’objectif est clair : réduire les accidents tout en permettant à ces solutions de micromobilité de trouver leur place dans le paysage urbain.