Le gouvernement dévoile aujourd’hui son très attendu troisième plan national d’adaptation au changement climatique (PNACC), un dispositif ambitieux comportant une cinquantaine de mesures pour préparer la France à faire face à un réchauffement climatique pouvant atteindre 4°C. Cependant, les premières réactions du secteur de l’assurance révèlent déjà des inquiétudes quant à la portée réelle de ces mesures.
Alors que les épisodes climatiques extrêmes se multiplient, comme en témoignent les canicules de 2022 et les inondations dévastatrices de 2024, la ministre de la Transition écologique, Agnès Pannier-Runacher, présente enfin la version définitive d’un plan dont la publication était initialement prévue fin 2023. Un retard qui n’a fait qu’accentuer les attentes des différents acteurs économiques, particulièrement celles du secteur de l’assurance.
Un arsenal de mesures face au défi climatique
Au cœur de ce nouveau dispositif figure le renforcement du fonds Barnier, dont l’enveloppe est portée à 300 millions d’euros. Ce fonds, créé en 1995, vise à soutenir les collectivités, les petites entreprises et les particuliers dans leurs travaux de protection contre les catastrophes naturelles. Une mesure phare qui s’accompagne d’un ensemble d’actions concrètes pour adapter le territoire français aux bouleversements climatiques.
Le plan prévoit également un renforcement significatif de la protection des travailleurs exposés aux canicules, ainsi que la mise en place d’études approfondies pour adapter les infrastructures de transport et les exploitations agricoles. La préservation du patrimoine n’est pas en reste, avec des dispositions spécifiques pour protéger des sites emblématiques comme la Tour Eiffel et le Mont Saint-Michel.
Le fonds Barnier, qu’est-ce que c’est ?
Créé en 1995, le Fonds de Prévention des Risques Naturels Majeurs (FPRNM), dit « fonds Barnier », est alimenté par un prélèvement sur les primes d’assurance habitation. Il finance des actions de prévention des risques naturels et l’expropriation de biens exposés à des risques majeurs.
Les assureurs tirent la sonnette d’alarme
Le secteur de l’assurance exprime des réserves significatives quant à l’efficacité du dispositif. Les professionnels jugent notamment insuffisante l’augmentation du fonds Barnier, estimant que cette enveloppe ne permettra pas de faire face à l’ampleur des défis à venir. Leurs inquiétudes portent particulièrement sur la capacité du système à absorber la multiplication des événements climatiques extrêmes.
Les assureurs pointent également du doigt l’absence de mesures structurelles pour renforcer la résilience du système assurantiel français. La question de la soutenabilité du régime des catastrophes naturelles se pose avec une acuité particulière, alors que les experts prévoient une augmentation significative de la fréquence et de l’intensité des événements climatiques extrêmes.
Impact sur les primes d’assurance
Les événements climatiques extrêmes ont déjà un impact direct sur les primes d’assurance. Selon les projections, le coût des catastrophes naturelles pourrait doubler d’ici 2050, mettant sous pression le système assurantiel actuel.
Vers une refonte du système de protection
La mise en œuvre de ce plan soulève des questions cruciales sur l’évolution du modèle français de protection contre les risques climatiques. Les assureurs appellent à une réflexion plus large sur l’articulation entre prévention et indemnisation, estimant que les mesures actuelles ne permettent pas d’anticiper suffisamment les transformations profondes induites par le changement climatique.
Face à ces enjeux, le gouvernement de François Bayrou devra rapidement apporter des réponses concrètes aux préoccupations du secteur. L’équilibre entre la nécessaire protection des populations vulnérables et la pérennité du système assurantiel constitue un défi majeur pour les années à venir, alors que les impacts du changement climatique se font déjà sentir sur l’ensemble du territoire.