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Priscilla Dray amputée à 36 ans : les médecins condamnés pour ne pas avoir… après son IVG

Julie K.
5 Min de lecture

Un drame médical transforme une IVG de routine en enfer. 14 ans plus tard, deux médecins viennent d’être condamnés pour une décision qui a tout précipité… Derrière les procédures judiciaires se cache un combat insoupçonné : 92 opérations, une rééducation aux États-Unis… Mais comment une infection passée sous silence a-t-elle pu mener à l’impensable ?

Le cauchemar post-IVG qui a tout basculé

2011 marque le début d’un enchaînement tragique pour Priscilla Dray. Ce qui devait être une interruption volontaire de grossesse de routine se transforme en calvaire. En moins de 48 heures, la mère de famille de 36 ans développe un choc septique foudroyant, conséquence d’une infection au streptocoque de type A.

Malgré des symptômes alarmants, elle est renvoyée chez elle sans traitement adapté. Les jours suivants, son état empire dramatiquement : « plus de 40° de fièvre », des heures d’attente sur un brancard aux urgences du CHU de Bordeaux. Un scénario qui conduit finalement à l’amputation des quatre membres, ultime recours pour sauver sa vie.

Il faudra attendre 14 ans pour que la justice se prononce. Ce jeudi d’avril 2025, La Dépêche du Midi révèle la condamnation de deux praticiens. Une décision historique qui ouvre pourtant plus de questions qu’elle n’apporte de réponses…

La cascade d’erreurs médicales pointée par la justice

Le rapport d’expertise met en lumière une succession de décisions contestables. Dès le lendemain de l’IVG, Priscilla Dray alerte les urgences avec une fièvre à 39°C. L’interne qui l’examine évoque un « syndrome infectieux », mais écarte pourtant toute antibiothérapie. Pire : la patiente est renvoyée chez elle sans surveillance médicale.

Le Figaro décrit une deuxième journée cauchemardesque aux urgences. Malgré une température dépassant les 40°C, la trentenaire reste « plusieurs heures souffrante sur un brancard » avant qu’un anesthésiste ne l’examine. Le tribunal relève l’absence de protocole d’urgence et un défaut d’encadrement de l’interne.

Si les médecins ne sont pas jugés responsables de l’infection rare, la justice estime qu’ils ont négligé les signaux d’alarme. Leur incapacité à poser un diagnostic rapide et à initier un traitement adapté précipite le drame. Une négligence qui coûtera à Priscilla Dray son indépendance physique.

Survivre malgré tout : 92 opérations et une rééducation aux États-Unis

Le combat continue bien après l’amputation. Placée en coma artificiel pendant sa lutte contre l’infection, Priscilla Dray frôle la mort à plusieurs reprises. Les médecins n’ont d’autre choix que l’amputation des quatre membres pour stopper la progression du streptocoque.

Midi Libre révèle un chiffre vertigineux : « 92 opérations » subies depuis 2011. Un marathon chirurgical qui témoigne de l’étendue des séquelles physiques. La rééducation se poursuit outre-Atlantique, où la quadragénaire bénéficie de technologies de pointe inexistantes en France.

Ce parcours hors norme illustre le double défi affronté par la victime : reconstruction corporelle et renaissance psychologique. Chaque prothèse marque une victoire sur le destin, mais rappelle aussi le prix exorbitant payé pour une erreur médicale.

14 ans après : Une condamnation symbolique pour les médecins

Le verdict tombe comme un coup d’épée dans l’eau. Ce jeudi d’avril 2025, le tribunal correctionnel condamne deux praticiens du CHU de Bordeaux à des peines avec sursis : 6 mois pour l’un, 9 mois pour l’autre. Ils écopent chacun de 8 000 euros d’amende et doivent rembourser 10 000 euros de frais de justice à la victime.

Pourtant, le CHU de Bordeaux échappe à toute poursuite. La juridiction reconnaît que les médecins n’ont pas causé l’infection rare au streptocoque A, mais souligne leur « incapacité à diagnostiquer et soigner » correctement. Une distinction juridique qui laisse un goût amer, alors que le pronostic vital de Priscilla Dray a été engagé.

La Dépêche du Midi relève le paradoxe : des peines symboliques face à un préjudice irréversible. Les avocats de la plaignante gardent espoir – un recours civil contre l’établissement hospitalier reste possible. Mais pour l’heure, le combat judiciaire semble avoir atteint ses limites…