La bataille des prix alimentaires fait rage en ce début d’année 2025. Alors que les négociations annuelles entre distributeurs et industriels battent leur plein, le ton monte entre les différents acteurs. D’un côté, les enseignes de la grande distribution dénoncent des demandes de hausses « irresponsables ». De l’autre, les industriels justifient leurs exigences par l’augmentation continue de leurs coûts de production.
Dans ce contexte tendu, Dominique Schelcher, le président de la Coopérative U, vient de lâcher une bombe : les prix d’avant la crise inflationniste ne reviendront jamais. Une annonce qui sonne comme un coup de massue pour les consommateurs, déjà éprouvés par plus de 20% d’augmentation sur leurs courses entre 2022 et 2024.
Un dialogue de sourds entre distribution et industrie
La tension est palpable dans les salles de négociation. Les distributeurs fustigent des demandes de hausses jugées excessives, comprises entre 6 et 8% pour certaines multinationales. Face à cette situation, les enseignes n’hésitent plus à brandir la menace du déréférencement. « On fait des négociations au cas par cas. Mais certaines marques abusent avec des demandes de hausse de prix trop élevées. Avec elles la situation est bloquée », affirme le patron de Système U.
Le groupe Les Mousquetaires (Intermarché et Netto) adopte la même ligne dure. Son président Thierry Cotillard qualifie certaines demandes d’industriels de « presque irresponsables », illustrant la crispation des relations commerciales à l’approche de la date butoir du 1er mars.
Les négociations commerciales, kesako ?
Chaque année, les enseignes de distribution et les marques se réunissent pour fixer les prix des produits qui seront appliqués en rayons. Ces négociations, encadrées par la loi, doivent être finalisées avant le 1er mars.
Les industriels montent au créneau
Du côté des fabricants, on conteste vivement la version des distributeurs. « Nous ne sommes pas sur des demandes de hausse de 7 à 8% comme ils l’affirment. Mais il faut comprendre que tous nos coûts ne baissent pas », confie un industriel sous couvert d’anonymat.
François-Xavier Huard, président de la FNIL, apporte des chiffres précis : « le prix du lait payé aux éleveurs a augmenté de 36% en deux ans, les salaires ont progressé de 15% sur trois ans tandis que le gaz affiche une hausse de 30% ». Les cours des matières premières connaissent des évolutions contrastées : si les céréales et la volaille reculent (-15% et -7%), le café, le chocolat et le jus d’orange poursuivent leur envolée (+20 à 25%).
Les premiers accords se dessinent
À deux semaines de l’échéance, le tableau n’est pas totalement noir. Système U annonce avoir déjà signé avec 90% des PME et conclu des accords avec certaines grandes marques, notamment dans le secteur des conserves de légumes. L’ANIA fait état de 60% d’accords conclus, tandis que la FNIL reste à la traîne avec seulement 10% de contrats signés.
Le poids des PME dans l’alimentaire
Les petites et moyennes entreprises représentent une part importante du secteur agroalimentaire français. Leur plus grande flexibilité leur permet souvent de conclure plus rapidement les négociations avec la distribution.
Le consommateur face à une nouvelle donne
Si l’inflation alimentaire tend à se stabiliser après avoir culminé à plus de 20% entre janvier 2022 et janvier 2024, les prix ne retrouveront pas leurs niveaux d’avant-crise. Cette nouvelle réalité pousse les enseignes à multiplier les initiatives pour préserver le pouvoir d’achat de leurs clients, dans un contexte de guerre des prix qui continue de faire rage entre distributeurs.