Dans un contexte politique tendu, le Rassemblement national dévoile son programme pour les législatives anticipées, mettant en lumière une approche audacieuse de la réforme des retraites. Jordan Bardella, figure de proue du parti, esquisse les contours d’une stratégie en deux temps, alliant mesures d’urgence et réformes structurelles.
Au cœur de cette proposition, une promesse phare : permettre aux Français ayant débuté leur carrière avant 20 ans de prendre leur retraite dès 60 ans, sous certaines conditions. Cette annonce, qui résonne comme un écho aux revendications de la « France qui se lève tôt », marque une rupture nette avec la réforme controversée du gouvernement actuel.
Un calendrier ambitieux pour une réforme en profondeur
Le Rassemblement national entend mener sa réforme des retraites avec méthode et prudence. Jordan Bardella annonce un audit des comptes de la Nation, préalable indispensable à toute action d’envergure. Cette évaluation minutieuse des finances publiques vise à éclairer les décisions futures et à justifier les choix politiques du parti.
Dès l’automne, le RN promet de concrétiser sa première mesure phare : offrir la possibilité d’un départ à la retraite à 60 ans pour ceux ayant commencé à travailler avant 20 ans et justifiant d’au moins 40 ans de cotisation. Une mesure estimée à 1,6 milliard d’euros par an, que le parti propose de financer en supprimant l’aide médicale d’État (AME).
Une approche progressive pour les autres travailleurs
Pour ceux ayant débuté leur carrière après 20 ans, le Rassemblement national prévoit une approche plus graduelle. Le parti envisage un retour à un âge légal de départ à 62 ans, avec une durée de cotisation pouvant aller jusqu’à 42 années. Cette proposition marque une volonté de revenir sur la réforme de 2023, qui avait porté l’âge légal à 64 ans et la durée de cotisation à 43 ans.
Cependant, le calendrier précis de mise en œuvre de ces mesures reste flou. Jordan Bardella souligne que les détails seront déterminés après l’audit budgétaire, laissant planer un doute sur la rapidité et l’ampleur réelle du retour à 62 ans. Cette prudence témoigne de la complexité du dossier des retraites et des enjeux financiers qu’il soulève.
Un équilibre délicat entre promesses et réalité économique
Le programme du Rassemblement national pour les retraites s’inscrit dans une stratégie plus large de réforme de l’État et de gestion des finances publiques. En parallèle des mesures sur les retraites, le parti annonce des actions d’urgence sur le pouvoir d’achat, notamment une baisse de la TVA sur l’énergie, ainsi que des mesures concernant la sécurité et l’immigration.
Cette approche globale soulève des questions sur la faisabilité financière de l’ensemble du programme. Le parti devra démontrer sa capacité à concilier des mesures sociales ambitieuses avec une gestion rigoureuse des comptes publics, dans un contexte économique incertain. L’audit annoncé jouera un rôle crucial dans la crédibilité et la mise en œuvre effective de ces propositions.