Robert Ménard franchit un pas inédit dans sa lutte contre l’absentéisme scolaire… mais son dernier projet cache une cible plus large que les bancs de l’école. Alors que 38 mineurs ont été interpellés depuis avril lors du couvre-feu controversé, le maire de Béziers envisage désormais de suspendre les allocations familiales. Une mesure choc présentée comme « de bon sens », qui mêle éducation et surveillance nocturne. Ce que l’édile ne dit pas encore sur sa stratégie punitive va vous surprendre.
Robert Ménard passe à l’offensive contre l’absentéisme scolaire
Le maire de Béziers lance une mesure-choc pour la prochaine rentrée : la suspension des allocations familiales en cas d’absentéisme scolaire. « Quand les parents n’amènent pas leurs enfants à l’école alors qu’ils touchent les allocations, je trouve normal de les supprimer », assène Robert Ménard à Ici Hérault.
Cette proposition s’inspire directement d’une expérience menée depuis 2023 à Narbonne, où le parquet local collabore avec la mairie. « La leçon de morale ne sert à rien pour certains parents », justifie l’édile, convaincu que la sanction financière sera plus dissuasive que les rappels à l’ordre.
Le dispositif s’appuie sur un constat légal implacable : l’école est obligatoire de 3 à 16 ans en France. Mais Robert Ménard entend aller plus loin en visant aussi les parents qui « ne surveillent pas leurs enfants la nuit ». Une formulation floue qui laisse entrevoir un élargissement des critères de sanction au-delà du strict cadre scolaire.
École obligatoire vs vie nocturne : Le nouveau front du maire
Robert Ménard élargit son champ d’action bien au-delà des salles de classe. Le maire veut désormais sanctionner les parents qui « ne surveillent pas leurs enfants la nuit », selon ses propres termes. Une formulation volontairement vague qui ouvre la porte à des interprétations extensives de la responsabilité parentale.
Cette proposition s’appuie sur le cadre légal existant – l’instruction obligatoire de 3 à 16 ans – tout en le dépassant radicalement. « Ne pas envoyer ses enfants à l’école, c’est les priver d’avenir », insiste l’édile, transformant l’absentéisme scolaire en question de justice sociale.
Le glissement sémantique vers la surveillance nocturne interroge. Aucun texte ne mentionne actuellement de telles obligations parentales horaires. Cette initiative inédite crée un précédent qui pourrait redéfinir les limites de l’autorité municipale en matière d’éducation familiale.
Couvre-feu des mineurs : 38 interpellations en 5 mois
Le dispositif controversé lancé le 22 avril 2024 dans trois quartiers prioritaires livre ses premiers résultats. 38 enfants de moins de 13 ans ont été interpellés après 23h sans accompagnement adulte, dont 22 immédiatement raccompagnés chez eux. Les forces de l’ordre ont également dressé 24 amendes de 35 euros aux parents.
Robert Ménard défend ce couvre-feu qui s’applique jusqu’au 30 septembre : « Ne pas laisser les gamins dehors après 23 heures, ça me semble une mesure de bon sens ». Le tribunal administratif a donné raison au maire en validant la légalité de l’arrêté malgré les recours déposés.
Cette mesure-test dans les zones ciblées montre cependant ses limites : aucune sanction financière lourde n’est prévue pour le moment. Le bilan chiffré sert surtout de justification politique à l’extension envisagée vers les suspensions d’allocations familiales.
Allocations familiales suspendues : La mesure qui divise
La proposition phare de Robert Ménard brille par son absence dans le dernier arrêté municipal. Alors que le couvre-feu est présenté comme « une mesure de bon sens », la suspension des allocations pour absentéisme scolaire ou sorties nocturnes reste à l’état de projet.
Ce décalage révèle un double discours : d’un côté des amendes symboliques de 35 euros appliquées, de l’autre une menace de sanctions financières lourdes encore non concrétisée. Le maire évite soigneusement de préciser les mécanismes légaux qui permettraient de retirer les prestations sociales, une compétence habituellement réservée à l’État.
L’opposition dénonce déjà une instrumentalisation politique. Aucun texte national n’autorise actuellement les maires à suspendre les allocations familiales, ce qui rend la mise en œuvre locale incertaine malgré l’exemple de Narbonne.