web statistic

Royaume-Uni : La Cour suprême tranche sur la définition d’une femme, « Le critère n’est pas le… »

Julie K.
6 Min de lecture

Une décision judiciaire historique secoue le Royaume-Uni sur la définition d’une femme, opposant institutions politiques et militants des droits LGBTQ+. Alors que la Cour suprême tranche un débat vieux de plusieurs années, des espaces publics aux certificats de genre, les conséquences s’annoncent immédiates. Derrière ce verdict unanime se cachent des révélations surprenantes concernant J.K. Rowling et une bataille légale à 8.500 certificats près…

Une décision juridique qui fait date

La Cour suprême britannique redéfinit ce mercredi la notion légale de femme en s’appuyant sur le sexe biologique, et non le genre. Par une décision unanime, les magistrats estiment que les termes « femme » et « sexe » dans la loi sur l’Égalité de 2010 « se réfèrent à une femme biologique et à un sexe biologique ». Ce verdict immédiatement applicable tranche un débat explosif opposant depuis des années institutions politiques et associations.

L’arrêt concerne directement l’interprétation de l’Equality Act, pierre angulaire du droit antidiscrimination britannique. « Cette décision aura des conséquences sur les espaces non-mixtes », avertit déjà Trina Budge, directrice de l’association For Women Scotland à l’origine du recours. Les centres d’hébergement pour femmes et certains services publics pourraient ainsi modifier leurs critères d’accès.

Dans les coulisses du pouvoir judiciaire, les juges ont opté pour une lecture littérale de la loi de 2010. Leur motivation écrite insiste sur l’intangibilité du critère biologique, un choix qui provoque déjà des remous chez les défenseurs des droits transgenres. Sans mentionner explicitement les certificats de reconnaissance de genre (GRC), le jugement relance le débat sur leur portée légale.

Le conflit écossais qui a divisé jusqu’à J.K. Rowling

Le litige prend racine en 2018, lorsque l’association For Women Scotland attaque en justice le gouvernement écossais. Ce dernier défend une interprétation inclusive de l’Equality Act, assurant que les femmes transgenres détentrices d’un certificat GRC bénéficient des « mêmes protections que celles déclarées femmes à la naissance ». Face à eux, les militants réclament une définition strictement biologique, qualifiée de « critère immuable ».

La romancière J.K. Rowling, résidente en Écosse, apparaît comme figure centrale de cette bataille. L’autrice des Harry Potter soutient ouvertement l’association depuis 2022, multipliant les prises de position jugées transphobes par ses détracteurs. Son influence médiatique transforme le débat juridique en polémique nationale, attisant les tensions entre féministes radicales et défenseurs des droits LGBTQ+.

Au cœur du désaccord : le statut des 8 500 certificats GRC délivrés depuis 2004. Le gouvernement écossais y voit un outil d’inclusion, quand ses opposants dénoncent un « contournement de la réalité biologique ». Cette opposition frontale explique pourquoi la Cour suprême a dû trancher un différend déjà jugé deux fois par les tribunaux écossais.

Femmes transgenres : un statut juridique en sursis

La décision de la Cour suprême bouleverse immédiatement l’accès aux espaces non-mixtes comme les toilettes publiques ou les hôpitaux. « Les femmes transgenres risquent d’être exclues de lieux essentiels à leur sécurité », alerte Trina Budge, directrice de For Women Scotland. Les associations LGBT+ redoutent un effet domino sur les droits fondamentaux.

Le statut des détentrices de certificat GRC devient juridiquement ambigu. Ruth Crawford, avocate du gouvernement écossais, met en garde contre un « statut d’homme jusqu’à la mort » pour celles ayant effectué leur transition. Pourtant, ces 8 500 titulaires de GRC obtenus depuis 2004 avaient jusqu’ici bénéficié d’une reconnaissance légale complète.

Dans les centres d’hébergement pour femmes, les gestionnaires se retrouvent face à un dilemme éthique. Doivent-ils appliquer strictement le critère biologique ou maintenir leur politique inclusive ? La Cour évite de trancher cette question pratique, laissant les établissements dans une zone grise légale.

Un feuilleton judiciaire aux multiples rebondissements

Le recours déposé en novembre 2024 par For Women Scotland clôt une bataille légale débutée en 2018. Après une première victoire en justice écossaise, l’association essuie deux revers en 2023 avant de saisir la Cour suprême. Son argument central repose sur l’affirmation que le sexe constitue un « critère biologique immuable », rejetant toute interprétation sociale du genre.

Les chiffres illustrent l’enjeu : 8 500 certificats GRC ont été accordés depuis 2004 au Royaume-Uni. Ruth Crawford, avocate du gouvernement écossais, martèle que sans reconnaissance légale, « les femmes transgenres restent des hommes aux yeux de la loi jusqu’à leur mort ». Un paradoxe alors que l’Écosse défendait jusqu’ici une approche progressiste.

Ce marathon judiciaire révèle les fractures d’une société tiraillée entre tradition et évolution des mœurs. La Cour suprême, dernier rempart institutionnel, met fin à six ans de procédures tout en laissant ouvert le débat sur l’adaptation des textes à la réalité transgenre.