L’été 2024 bat son plein et avec lui, une tendance inattendue fait des vagues : la location de piscines privées. Alors que les températures grimpent, de plus en plus de Français cherchent à se rafraîchir sans avoir à affronter la foule des piscines publiques. C’est dans ce contexte qu’un incident insolite vient de faire le buzz, mettant en lumière les défis et les opportunités de cette pratique en plein essor.
Imaginez la surprise de Maryse Chausse, une résidente de la banlieue montréalaise, lorsqu’elle est rentrée chez elle le 28 juillet dernier pour découvrir une famille entière profitant de sa piscine. Non, il ne s’agissait pas de squatteurs, mais de locataires légitimes… du moins selon l’application qui avait orchestré cette location à son insu. Cet événement soulève de nombreuses questions sur la régulation et l’éthique de ces nouvelles plateformes de partage.
Quand la piscine du voisin devient un business
L’incident de Maryse Chausse n’est pas un cas isolé. Il met en lumière l’émergence fulgurante d’applications comme Swimply, qui permettent aux propriétaires de piscines de les louer à l’heure ou à la journée. Dans le cas de Maryse, c’est son ancien locataire qui avait pris l’initiative de mettre la piscine en location pour la modique somme de 35 dollars canadiens (environ 23 euros) sans son accord.
Ce phénomène, loin d’être limité au Canada, gagne du terrain en France. À Bellegarde, par exemple, Didier et Sandrine ont ouvert les portes de leur jardin à quatre jeunes Nîmois, transformant leur oasis privée en une attraction accessible à tous. Pour huit euros par personne et une demi-journée, les propriétaires trouvent là un moyen astucieux de financer l’entretien de leur piscine, voire de réaliser des projets plus ambitieux comme l’aménagement de chambres d’hôtes.
Les dessous de l’économie du partage aquatique
Les plateformes de location de piscines privées fonctionnent sur un modèle simple : elles mettent en relation des propriétaires désireux de rentabiliser leur investissement avec des baigneurs en quête d’un coin de paradis éphémère. Ces services séduisent par leur flexibilité : pas besoin d’être propriétaire pour profiter d’une piscine, et les tarifs sont souvent plus abordables qu’un abonnement à un club.
Pour les propriétaires, l’attrait est double. D’une part, ils peuvent générer un revenu supplémentaire avec un bien qui reste souvent sous-utilisé. D’autre part, cette pratique peut aider à couvrir les frais d’entretien, parfois conséquents, d’une piscine privée. Dans le Gard, par exemple, une trentaine de bassins sont déjà disponibles à la location, témoignant de l’engouement pour ce nouveau mode de consommation.
La location de piscines privées s’inscrit dans la tendance plus large de l’économie collaborative, à l’instar d’Airbnb pour les logements ou de BlaBlaCar pour les trajets en voiture. Cette pratique permet d’optimiser l’utilisation de ressources existantes tout en créant du lien social.
Plongeon dans le cadre légal
Si l’idée de louer sa piscine peut sembler séduisante, elle soulève néanmoins de nombreuses questions juridiques. En France, la location de piscines privées est autorisée, mais elle est encadrée par des règles strictes. Les propriétaires doivent notamment s’assurer que leur piscine répond aux normes de sécurité en vigueur, sous peine d’une amende pouvant atteindre 45 000 euros.
La sécurité est primordiale. Toute piscine enterrée non close doit être équipée d’un dispositif de sécurité normalisé : abri, barrière, couverture ou alarme. De plus, il est fortement recommandé d’établir un contrat de location, même pour une courte durée, afin de clarifier les responsabilités de chacun et de se prémunir contre d’éventuels litiges.
Fiscalité et assurance : ne pas plonger tête baissée
Du côté fiscal, les revenus tirés de la location d’une piscine sont imposables et doivent être déclarés à l’administration fiscale. Une exception existe toutefois pour les revenus n’excédant pas 760 euros par an pour la location de la piscine de la résidence principale. Il est conseillé de se renseigner auprès d’un professionnel pour s’assurer de respecter ses obligations fiscales.
Concernant l’assurance, il est crucial d’informer son assureur de l’existence de la piscine et de son utilisation à des fins locatives. Une extension de garantie peut être nécessaire pour couvrir les risques liés à cette activité. La responsabilité civile du propriétaire pourrait être engagée en cas d’accident, d’où l’importance d’une couverture adaptée.
Avant de vous lancer dans la location de votre piscine, pensez à vérifier auprès de votre copropriété ou de votre mairie s’il n’existe pas de restrictions particulières. Certains règlements peuvent interdire ou limiter ce type d’activité commerciale dans les zones résidentielles.
Baignade partagée : les bons réflexes
Pour les propriétaires souhaitant se lancer dans l’aventure, quelques précautions s’imposent. Il est recommandé de fixer des règles claires concernant l’utilisation de la piscine et des équipements annexes. Pensez à préciser les horaires, le nombre maximal de personnes autorisées, et les comportements attendus (interdiction de fumer, de consommer de l’alcool, etc.). N’hésitez pas à prévoir un état des lieux avant et après chaque location.
Du côté des locataires, il est important de respecter les lieux et les consignes données par le propriétaire. Vérifiez que vous êtes bien couverts par votre assurance responsabilité civile en cas de dommages. Enfin, privilégiez les plateformes reconnues qui offrent des garanties et un système de notation pour choisir votre piscine en toute confiance.
La location de piscines privées ouvre de nouvelles perspectives pour l’été, permettant à chacun de profiter d’un moment de détente aquatique. Cependant, comme l’incident de Maryse Chausse le rappelle, il est crucial de rester vigilant et bien informé pour que cette expérience reste une source de plaisir partagé, sans vagues inattendues.