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Scandale dans un abattoir bio : les images inédites qui secouent les cantines scolaires

Julie K.
6 Min de lecture

Une enquête de L214 dévoile des conditions d’abattage contraires aux labels bio dans un établissement de la Loire, approvisionnant écoles et crèches. Des images inédites montrent des moutons décapités vivants et des chevaux paniqués, malgré les certifications officielles. Alors que la préfecture retire un certificat mais maintient l’activité, comment expliquer ce décalage entre réglementation et réalité terrain ? Les réponses troublantes d’une filière sous tension.

Violations en série dans un abattoir labellisé : les révélations de L214

L’abattoir public de Charlieu (Loire), certifié bio et Label Rouge, accumule les infractions aux règles de protection animale. Une enquête menée par l’association L214 entre janvier et avril 2025 documente des moutons décapités vivants, des porcelets tués hors chaîne d’abattage et des bovins frappés avec «extrême violence».

Les images montrent l’absence systématique de tests d’inconscience, pourtant obligatoires. 4h30 de séquences révèlent plus de quinze violations des normes minimales. « La liste est longue », souligne Bérénice Riaux, chargée des enquêtes, qui précise : « On a relevé des infractions sur toutes les espèces abattues ».

Face à ces pratiques, L214 a déposé plainte pour cruauté et sévices graves. L’association exige la fermeture immédiate de l’établissement – le troisième épinglé dans la région en cinq mois – et un audit généralisé. Elle demande aussi la publication intégrale des rapports vétérinaires, pointant des « défaillances » des services de l’État.

Images inédites : « On voit leur regard terrorisé »

Pour la première fois, L214 installe des caméras au sol dans un abattoir, capturant la détresse animale au plus près. Les séquences montrent des bovins reculant face au box d’immobilisation et des cochons non étourdis avant abattage. « On n’a jamais vu leur regard terrorisé d’aussi près », confie Bérénice Riaux, encore marquée par ces images qualifiées de « particulièrement fortes ».

L’association recourt à une stratégie choc : l’ancien footballeur Daniel Bravo commente les vidéos pour les rendre « plus regardables ». Son objectif ? Maximiser leur viralité. « Une personnalité publique donne plus de visibilité, explique la chargée d’enquêtes. Cela fait évoluer les mentalités et la réglementation. »

Le sportif, bouleversé, lance un appel : « Personne ne voudrait être à la place de ces animaux. » Il révèle surtout un détail glaçant : la viande de cet abattoir approvisionne écoles et crèches. « Ne servons pas cette souffrance à nos enfants ! », insiste-t-il, liant directement les pratiques d’abattage à l’assiette des plus jeunes.

Tromperie des consommateurs : le paradoxe des labels

L214 porte plainte pour « tromperie » après avoir constaté que l’abattoir viole systématiquement la charte de réduction de la souffrance animale liée au label bio. « Une partie de la production est certifiée bio, mais les images montrent l’inverse des engagements », dénonce Bérénice Riaux.

Le Label Rouge, souvent perçu comme gage de qualité supérieure, subit le même discrédit. « Dans l’imaginaire collectif, c’est censé être mieux. Mais ici, les règles minimales ne sont même pas respectées », précise la responsable. Un décalage qui interroge : « Comment dire à son enfant que ce qu’il mange, c’est de la souffrance ? »

L’association souligne un double enjeu : protéger les animaux et informer les citoyens. « Le bio et le Label Rouge devraient garantir un certain respect de l’animal. Ces images prouvent que non », insiste-t-elle, exigeant une révision immédiate des certifications accordées à l’établissement.

Entre sanctions immédiates et immobilisme institutionnel

La préfecture de la Loire réagit aux révélations en retirant le certificat de compétence d’un opérateur et en promettant des contrôles renforcés. Elle juge toutefois les constats « pas de nature à justifier la suspension » de l’abattoir, une décision qualifiée d’incompréhensible par L214.

Les services de l’État affirment leur « engagement constant pour le bien-être animal » et promettent un suivi « rigoureux ». Pourtant, l’association relève que trois abattoirs de la région ont été épinglés en cinq mois. « Il faut une application réelle de la loi partout », exige Bérénice Riaux, réclamant un audit régional transparent.

Dans le silence des responsables de l’abattoir et de la communauté de communes de Charlieu – qui n’ont pas répondu aux sollicitations –, la polémique grandit. Les images posent une question centrale : comment des certifications officielles persistent-elles malgré des manquements répétés aux règles élémentaires ?