Sept heures de travail supplémentaire non rémunérées : les syndicats s’opposent fermement à la proposition gouvernementale

Vladimir P.
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Le gouvernement français vient de lancer une proposition qui fait déjà grand bruit : l’instauration de sept heures de travail supplémentaire non rémunérées par an pour tous les salariés du public et du privé. Cette mesure, destinée à financer les dépenses sociales liées à la dépendance des personnes âgées, pourrait générer jusqu’à 2 milliards d’euros de recettes selon les estimations officielles.

Déjà débattue et rejetée fin 2024 par l’Assemblée nationale, cette idée refait surface en ce début d’année 2025 avec le soutien explicite de Catherine Vautrin, ministre du Travail, et d’Amélie de Montchalin, ministre des Comptes publics. Cette nouvelle tentative intervient dans un contexte économique tendu, où le gouvernement cherche à réaliser 30 milliards d’euros d’économies sur le prochain budget.

Une deuxième journée de solidarité en perspective

Le projet gouvernemental s’inspire directement du modèle de la journée de solidarité instaurée en 2004. Les entreprises devraient verser une cotisation de solidarité pour l’autonomie équivalant à 0,3% de leur masse salariale à la Sécurité sociale. Les modalités d’application se veulent flexibles, laissant aux entreprises le choix dans l’organisation de ces heures supplémentaires.


Qu’est-ce que la journée de solidarité ?
Instaurée en 2004 suite à la canicule de 2003, la journée de solidarité consiste en une journée de travail non rémunérée (le lundi de Pentecôte à l’origine) dont les fruits financent des actions en faveur de l’autonomie des personnes âgées et handicapées.

Les entreprises pourront opter soit pour une augmentation quotidienne du temps de travail d’une dizaine de minutes, soit pour la suppression d’un jour de RTT, soit pour une journée complète de travail non rémunérée. Cette souplesse vise à faciliter l’acceptation de la mesure par le monde professionnel.

Un revirement gouvernemental qui fait débat

Ce changement de position du gouvernement Bayrou par rapport à celui de Michel Barnier est significatif. Alors que l’ancien Premier ministre se montrait « très réservé » sur cette mesure fin 2024, l’actuel gouvernement semble déterminé à la faire adopter, laissant toutefois aux parlementaires le soin de trancher lors de la reprise des travaux à l’Assemblée nationale.


Le financement de la dépendance en chiffres
Les départements bénéficient déjà d’une rallonge de 200 millions d’euros pour les allocations dépendance (APA) et handicap (PCH). Les EHPAD reçoivent une aide exceptionnelle de 100 millions d’euros en 2025 pour faire face à leurs difficultés financières.

Les syndicats montent au créneau

La réaction des organisations syndicales ne s’est pas fait attendre. L’Unsa, par la voix de Luc Farré, dénonce une mesure injuste qui fait porter le poids du déficit de la Sécurité sociale sur les salariés. La situation est particulièrement critique pour les agents publics qui n’ont pas été augmentés en 2024 et effectuent déjà des heures supplémentaires non rémunérées.

La CGT, représentée par Denis Gravouil, pointe quant à elle l’iniquité d’une mesure qui affecterait plus durement les salariés au SMIC. Le syndicat considère que le financement de la perte d’autonomie ne devrait pas reposer uniquement sur les salaires, appelant à une réflexion plus large sur les sources de financement.

Des implications concrètes pour l’économie française

Cette mesure s’inscrit dans un contexte économique marqué par une forte inflation ces deux dernières années. Le gouvernement espère que ces sept heures supplémentaires permettront de générer des ressources substantielles pour faire face au défi du vieillissement de la population, tout en contribuant à l’objectif global de réduction des dépenses publiques.

Les débats parlementaires à venir s’annoncent animés, avec une opposition marquée entre les partisans d’une solution rapide au financement de la dépendance et les défenseurs des droits des salariés. La mesure sera examinée à l’Assemblée nationale dans la version adoptée fin 2024 au Sénat, laissant présager d’intenses discussions sur son bien-fondé et ses modalités d’application.