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Sicile : un fossoyeur vendait des tombes… sa méthode pour libérer les places scandalise l’Italie

Julie K.
5 Min de lecture

Un fossoyeur sicilien défraie la chronique par des pratiques funéraires innommables. À Trapani, un scandale mêlant corruption et profanations éclate autour de la revente frauduleuse de sépultures. Alors que 18 suspects sont dans le collimateur de la police, trois entreprises de pompes funèbres voient leurs activités suspendues. Derrière ces « procédures d’exhumation extraordinaires » se cache un système où même les fleurs des défunts étaient recyclées. Ce que révèle l’enquête plonge l’Italie dans un malaise rappelant les pires heures de la criminalité organisée.

Un scandale funéraire éclate à Trapani

La police sicilienne interpelle le 14 avril un ancien fossoyeur du cimetière de Trapani, épicentre d’un vaste réseau de corruption. Dix-huit autres suspects font l’objet d’une enquête pour pots-de-vin et trafic de sépultures, révélant un système organisé à l’ombre des caveaux.

Trois entreprises de pompes funèbres locales voient leurs activités suspendues, accusées d’avoir bénéficié de commissions illégales. Leur méthode ? « Des procédures d’exhumation extraordinaires », selon les termes de l’enquête policière, permettant de libérer frauduleusement des emplacements.

Les autorités décrivent un mécanisme rodé où le suspect entravait délibérément le travail de l’entreprise officielle gestionnaire du cimetière. Son objectif : favoriser ses complices en échange de rétributions occultes, transformant les défunts en marchandise.

La macabre méthode des « cafés » payants

Le fossoyeur détourne les règles funéraires avec un système de paiements codés. Pour accélérer les enterrements, il réclamait des sommes présentées comme « un café pour le directeur de cérémonie », selon la police. Une formule qui masquait en réalité le prix des exhumations illicites permettant de revendre les tombes.

Son réseau frauduleux s’étend jusqu’à un maçon personnel, sollicité pour réaliser des travaux sur des chapelles privées. Les clients bénéficiaient de réductions grâce au non-paiement des taxes municipales, une escroquerie supplémentaire au détriment des caisses publiques.

Même les fleurs déposées sur les sépultures devenaient une source de profit. Le suspect prévenait des fleuristes locaux de la présence de nouvelles compositions afin qu’ils les récupèrent pour les revendre, bouclant ainsi un cycle de profits illégaux à tous les échelons.

Familles traumatisées et corps profanés

Le scandale prend une dimension humaine insoutenable avec la découverte d’un corps jeté dans un sac, à l’autre bout du cimetière. Une famille avait pourtant inhumé son proche dans une tombe familiale, avant de retrouver un nom inconnu gravé sur la pierre tombale en février 2024.

La police enquête sur des vols de bijoux en or prélevés sur les défunts avant leur inhumation. Si le sort des corps exhumés reste flou, les enquêteurs confirment que « dans au moins un cas » les restes ont été déplacés sans aucun respect.

Cette révélation plonge les habitants de Trapani dans un profond trouble. Beaucoup s’interrogent désormais sur le devenir réel de leurs défunts, dans un cimetière où même les fleurs déposées en hommage étaient régulièrement pillées.

La Sicile, terre récurrente de profanations mafieuses

Les cimetières siciliens subissent depuis des années l’influence de réseaux criminels organisés, selon les autorités italiennes. Ce scandale à Trapani rappelle étrangement le « cimetière des horreurs » de Tropea en Calabre, où un gardien et son fils écopent en mars 2024 de lourdes peines de prison.

Condamnés respectivement à cinq ans et trois ans et demi de détention, les deux hommes avaient été filmés en train de démembrer des corps avec des scies pour libérer des emplacements. Une pratique macabre qui trouve un écho troublant dans les exhumations frauduleuses de Trapani.

Ces affaires jumelles révèlent un modus operandi similaire à travers l’Italie du Sud : recyclage de tombes, collusion avec des professionnels locaux, et surtout, une même absence de respect pour les défunts. Un problème national que les autorités peinent à enrayer malgré les condamnations récentes.