Temps de travail : le gouvernement propose 7 heures supplémentaires annuelles non rémunérées

Marie Q.
4 Min de lecture

La nouvelle proposition du gouvernement français en matière de temps de travail fait déjà grand bruit en ce début d’année 2025. Catherine Vautrin, ministre du Travail, de la Santé, des Solidarités et des Familles, relance une mesure qui avait déjà fait débat fin 2024 : l’introduction de sept heures supplémentaires annuelles non rémunérées pour l’ensemble des actifs français.

Cette initiative, initialement présentée dans un amendement au projet de budget de la Sécurité sociale pour 2025, avait été censurée sous le gouvernement de Michel Barnier. Aujourd’hui, elle revient sur le devant de la scène avec une ambition claire : générer deux milliards d’euros de recettes supplémentaires pour financer la Sécurité sociale et les retraites.

Un dispositif flexible aux multiples visages

Le gouvernement propose plusieurs options pour mettre en œuvre cette mesure. La première consisterait à supprimer un jour férié, comme le lundi de Pentecôte. Alternative moins visible mais tout aussi effective : l’ajout de dix minutes de travail hebdomadaires, ou deux minutes quotidiennes. Les salariés auraient également la possibilité de renoncer à un jour de congé payé ou de RTT.

Pour les employeurs, cette réforme s’accompagne d’une contribution de solidarité pour l’autonomie, avec un taux variant entre 0,3% et 0,6%. Cette participation financière vient compléter l’effort demandé aux salariés dans une logique de partage des charges.


La journée de solidarité : un précédent
Instaurée en 2004 suite à la canicule de 2003, la journée de solidarité constituait déjà une première expérience de travail supplémentaire non rémunéré. Initialement fixée au lundi de Pentecôte, ses modalités ont ensuite été assouplies pour permettre plus de flexibilité dans son application.

Une mesure ancrée dans le contexte économique français

La France occupe une position particulière en Europe en matière de protection sociale. Avec des dépenses s’élevant à 32,2% de son PIB, elle se place en tête des pays européens, devant l’Italie (29,6%) et l’Allemagne (29,2%). Les prestations sociales représentent en moyenne 12 550 euros par habitant, un montant supérieur à la moyenne européenne.

Amélie de Montchalin, ministre déléguée aux Comptes publics, défend cette mesure comme étant dans « l’esprit de la Sécurité sociale », insistant sur l’importance du travail comme moyen de financement des prestations sociales qui préoccupent les Français.


Le système de protection sociale français en chiffres
849 milliards d’euros : montant total des prestations sociales en France
Les retraites et la maladie constituent les principaux postes de dépenses
Seuls 18% des dépenses sont consacrés aux risques famille, emploi, pauvreté et logement

Un débat qui s’inscrit dans la reprise post-Covid

Cette proposition intervient dans un contexte de normalisation progressive des finances sociales. Après deux années de déficit record pendant la crise sanitaire, le solde de la protection sociale est redevenu excédentaire de 11 milliards d’euros en 2022, marquant une amélioration significative de la situation financière.

La mesure s’inscrit également dans un contexte d’inflation soutenue, où les mécanismes de protection sociale doivent s’adapter pour maintenir leur efficacité tout en assurant leur pérennité financière. Les ressources de la protection sociale ont connu une augmentation de 5% en 2022, témoignant d’une dynamique positive qu’il convient de consolider.