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Thomas Dutronc révèle son projet secret pour honorer Françoise Hardy malgré ses réticences

Julie K.
7 Min de lecture

Entre deux concerts, Thomas Dutronc cultive un projet secret qui le ramène à l’héritage de Françoise Hardy. Alors qu’il parcourt la France jusqu’à l’été avec son nouvel album, le chanteur confie préparer un hommage musical à sa mère, contre les principes même de celle qui répétait : « Ce n’est pas ton rôle ». Mais comment concilier devoir filial, succès scénique et transmission artistique ? Derrière les camemberts en croûte et les accords de jazz manouche se cachent des choix déchirants…

Entre tournée et hommage : le double défi de Thomas Dutronc

L’artiste enchaîne les concerts jusqu’à l’été avec une discipline de fer, mais cache une réalité moins glamour. Entre deux représentations, dans les coulisses de la Cité des Congrès de Nantes, il partage camemberts en croûte et souvenirs de tournées passées avec son père Jacques Dutronc. « Le premier mois, dans le bus, je me couchais toujours le dernier. Je discutais, je buvais des verres », confie-t-il, dévoilant un rituel nocturne essentiel à sa gestion du stress.

Cette routine lui permet de jouer pleinement son rôle de « capitaine de bateau pirate », comme il surnomme affectueusement sa position de leader. Pourtant, le véritable défi se niche ailleurs : préparer en secret un hommage à Françoise Hardy tout en maintenant l’exigence artistique de ses performances. « La seule difficulté consiste à trouver la place dans ma tête comme dans mon cœur », reconnaît le musicien, évoquant la charge mentale de ce double projet.

L’énergie déployée sur scène contraste avec ses moments d’intimité musicale. Avant chaque concert, Thomas Dutronc se retire pour des jam-sessions improvisées avec le guitariste Rocky Gresset. Ces duos de jazz manouche, héritage de vingt ans de métier, révèlent l’ancrage artistique qui structure sa tournée trépidante.

Françoise Hardy : un héritage entre pudeur et transmission

L’émotion surgit dans l’intimité d’un parking de salle de concert, où un couple de fans offre à Thomas Dutronc un médaillon gravé à l’effigie de sa mère. Ce cadeau chiné ravive le projet secret qui l’obsède depuis des mois : un hommage musical à Françoise Hardy, disparue en juin 2023. « Je vais le faire d’une manière ou d’une autre. Peut-être avec un super groupe acoustique et un orchestre de cordes », confie-t-il, tout en reconnaissant le paradoxe. « Elle n’aurait certainement pas voulu […] mais j’y pense très fort ».

L’artiste évoque avec franchise les principes intransigeants de la chanteuse, jusqu’à son refus d’antidépresseurs pendant son cancer. « Un geste courageux, certes, mais quand même un peu une connerie », lâche-t-il, mêlant respect filial et lucidité. Déjà sur scène, il rend hommage à sa mère en reprenant Des ronds dans l’eau, chanson immortalisée par celle-ci en 1967, accompagné du pianiste Eric Legnini.

Cet héritage artistique se double d’un legs matériel inattendu. Françoise Hardy a transmis à son fils « quelques névroses » mais aussi des économies conséquentes, lui permettant aujourd’hui de chercher un nouvel appartement parisien. Une ironie pour celle qui cultivait une forme de détachement mondain.

Dutronc père et fils : une transmission musicale en nuances

Sur scène, Thomas Dutronc honore aussi son père à travers Gentleman cambrioleur, le générique mythique de la série Arsène Lupin interprété par Jacques Dutronc en 1975. « Un de mes moments préférés. C’est lui et ce n’est pas lui, et ça marche bien », analyse-t-il, soulignant la singularité d’un héritage où l’interprétation dépasse la composition.

Cette relation artistique se nourrit d’un paradoxe familial : alors que Françoise Hardy abandonnait rapidement les concerts, Jacques Dutronc ne se produisait « à peine tous les vingt ans ». « Ils se sont compliqué la vie, mais ça les rend rares et précieux », décrypte Thomas, évoquant leur quête d’excellence teintée d’angoisse. Une exigence qui contraste avec sa propre abondance de concerts.

L’urgence familiale rattrape pourtant l’artiste. Installé dans la maison corse de Monticello léguée par sa mère, Jacques Dutronc, 82 ans, devient un motif d’inquiétude. « Je ressens l’urgence de passer plus de temps à ses côtés. Il me l’a dit sans me le dire », confie Thomas, contrarié par l’ajout imprévu de dates qui repoussent leurs retrouvailles. Un dilemme entre devoir filial et engagements professionnels qui rappelle étrangement… les choix de ses parents.

Entre scène et vie privée : les choix d’un artiste comblé

L’ajout surprise de concerts prolonge la tournée au-delà des prévisions, contrariant les projets familiaux de Thomas Dutronc. « Je devais rentrer en Corse, mais une nouvelle date s’est greffée », explique-t-il, évoquant son père Jacques installé dans la maison maternelle de Monticello. Cette urgence à « passer plus de temps avec lui » se heurte aux exigences d’une carrière au zénith.

Le chanteur profite pourtant de l’héritage financier de Françoise Hardy pour chercher un nouvel appartement parisien, détail prosaïque qui contraste avec son statut d’artiste. Un héritage ironique pour celle qui « n’a pas tout dépensé », selon ses propres mots.

Dans ce tourbillon, Thomas Dutronc cultive des plaisirs simples. Son titre Les P’tits Bonheurs célèbre le saint-émilion, un vin que les producteurs locaux s’empressent de lui fournir avant le concert bordelais. « À Bordeaux, ça va barder ! », promet-il dans le bus nocturne, mêlant excitation scénique et gourmandise assumée. Un équilibre fragile entre responsabilités d’artiste et soif de légèreté.