Toulouse : 30 euros d’amende pour les retards à l’école le soir

Vladimir P.
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A young pupil arrive with his guardian, a children head to class on the first day of the new academic year at Moliere school in Toulouse, southwestern France, on September 4, 2023. (Photo by Charly TRIBALLEAU / AFP)

À Toulouse, la ponctualité des parents va bientôt avoir un prix. La mairie de la Ville rose a récemment annoncé la mise en place d’un forfait de 30 euros pour tout retard enregistré à la sortie des écoles élémentaires et maternelles. Cette mesure, qui entrera en vigueur à la fin de l’année scolaire 2023-2024, vise à réduire le nombre croissant de retards observés chaque année lors de la fermeture des accueils périscolaires, prévue à 18h30.

Cette décision, déjà en vigueur dans d’autres grandes villes françaises comme Strasbourg et Bordeaux, suscite la controverse parmi les parents d’élèves toulousains. Entre nécessité de responsabiliser les familles et craintes de pénaliser les plus vulnérables, le débat s’anime autour de cette nouvelle mesure qui pourrait bien changer les habitudes de milliers de parents.

Une explosion des retards

Les chiffres parlent d’eux-mêmes : de 4 000 retards annuels en 2019, Toulouse est passée à près de 8 000 cette année. Face à cette augmentation significative, la municipalité a décidé d’agir. Marion Lalane-de Laubadère, adjointe au maire chargée de l’éducation, explique : « Sur ces retards enregistrés, seules quelques centaines de familles sont récalcitrantes et ont de réelles difficultés à être à l’heure. Elles disposent du temps des animateurs et, en tout état de cause, c’est injuste pour les familles qui font l’effort d’être à l’heure. »

Le forfait de 30 euros correspond, selon la mairie, au coût salarial des deux animateurs contraints de rester au-delà de leurs horaires pour surveiller les enfants dont les parents sont en retard. Toutefois, la ville assure que les équipes sauront faire preuve de « pédagogie » dans l’application de cette mesure, laissant entendre une certaine flexibilité dans son application.

Les parents d’élèves montent au créneau

Cette annonce n’a pas manqué de faire réagir les parents d’élèves toulousains. L’antenne locale de la Fédération des Conseils de Parents d’Élèves (FCPE) dénonce une décision prise « sans concertation » avec les familles. Eric Pinot, président de la FCPE en Haute-Garonne, s’insurge : « C’est la logique du Père Fouettard qui s’applique. Comme si on faisait exprès de venir chercher nos gosses en retard. »

La FCPE craint également que cette mesure ne touche davantage les familles les plus précaires, notamment les familles monoparentales qui jonglent avec des emplois du temps compliqués. « À l’arrivée, on va discriminer qui ? », s’interroge Eric Pinot. « Les parents qui ont vraiment besoin de ce service parce qu’ils jonglent avec des emplois du temps compliqués, les familles monoparentales notamment. Et non pas les plus à l’aise financièrement. »

Un montant contesté

Le montant de l’amende est également jugé « énorme » par la FCPE, qui cite en exemple d’autres communes ayant mis en place des systèmes de pénalités plus progressifs. À Strasbourg, par exemple, tout retard à l’accueil périscolaire du soir en maternelle est pénalisé de 11,95 euros pour le 1er et le 2e retard, puis de 23,90 euros à partir du troisième.

À Toulouse, ce sont 28 000 enfants qui fréquentent les 211 accueils périscolaires, appelés dans la Ville rose les Clae (Centre de Loisirs Associé à l’École). Face à l’ampleur du phénomène et à la diversité des situations familiales, la mise en place de ce forfait soulève de nombreuses questions quant à son efficacité et son équité. Le débat est loin d’être clos et promet d’animer les discussions entre parents et municipalité dans les mois à venir.