Tramadol enregistre une flambée de 30% des prescriptions en un an. Ce médicament star, devenu l’héritier incontournable du Di-Antalvic interdit en 2011, cacherait-il un piège sanitaire ? Alors que plus de 12 millions de doses circulent en France, Le Parisien dévoile des témoignages glaçants et une surveillance renforcée des autorités. Pourquoi cet antidouleur massivement prescrit inquiète-t-il désormais les professionnels de santé ?
Une flambée des prescriptions qui alerte les autorités
Le Tramadol connaît une progression fulgurante avec 30% d’augmentation des prescriptions sur la dernière année. Les chiffres officiels révèlent que plus de 12 millions d’unités ont été délivrées, plaçant cet antidouleur opiacé sous haute surveillance de l’Afssaps.
Cette explosion suit directement le retrait du Di-Antalvic en mars 2011, retrait qui a provoqué un basculement massif des patients. « Environ un tiers des huit millions d’utilisateurs réguliers de l’ancien médicament se sont tournés vers des analgésiques plus puissants », précise l’enquête du Parisien.
Les spécialités commerciales comme le Tropalgic ou le Contramal inondent désormais les pharmacies françaises. Une substitution présentée comme une solution thérapeutique incontournable, mais dont les conséquences commencent à inquiéter sérieusement le corps médical.
Un héritage pharmaceutique lourd de conséquences
Le retrait brutal du Di-Antalvic en mars 2011 a laissé 8 millions de patients chroniques sans solution thérapeutique. Le Tramadol s’est progressivement imposé comme « l’alternative privilégiée » pour les douleurs modérées à sévères, selon les données de prescription analysées par Le Parisien.
Trois ans après la disparition du médicament référent, près d’un tiers des anciens utilisateurs se tournent vers des antidouleurs plus puissants. Le Tramadol capte la majorité de ce marché, avec des spécialités comme le Contramal ou l’Ixprim qui représentent désormais 12 millions d’unités écoulées annuellement.
Cette substitution massive masque pourtant un paradoxe : présenté comme un successeur sûr, le Tramadol reproduit les mêmes mécanismes de dépendance que son prédécesseur. Un cycle inquiétant que les autorités sanitaires tentent désormais de briser.
Des effets indésirables qui dépassent les promesses
Derrière son efficacité contre les douleurs articulaires et dorsales se cache un cortège d’effets secondaires sévères. Nausées incontrôlables, troubles du sommeil persistants et états confusionnels figurent parmi les manifestations cliniques recensées par les praticiens.
Le Parisien alerte sur un risque plus insidieux : « une dépendance physiologique importante chez une proportion non négligeable des patients ». Cette accoutumance, souvent sous-estimée en phase de prescription, transforme progressivement le remède en problème de santé publique.
Initialement présenté comme une solution miracle, le Tramadol révèle donc un double visage. Les professionnels de santé soulignent le décalage croissant entre son utilité thérapeutique et ses conséquences sur l’organisme, poussant l’Afssaps à revoir sa stratégie de surveillance.
Une réponse institutionnelle face à l’urgence sanitaire
L’Afssaps passe à l’offensive en instaurant une surveillance renforcée du Tramadol, classé parmi les analgésiques dérivés d’opiacés. Cette décision fait suite à l’enquête du Parisien ayant révélé l’ampleur des risques liés à son usage massif.
L’agence sanitaire reconnaît ainsi le paradoxe d’un médicament initialement promu comme solution thérapeutique, désormais placé sous haute vigilance. « Une situation suffisamment préoccupante » pour justifier ce revirement stratégique, selon les termes officiels.
Cette mobilisation institutionnelle marque un tournant dans la gestion des antidouleurs opiacés en France. Elle souligne surtout l’impact croissant des alertes médiatiques dans les politiques de santé publique, alors que le Tramadol continue d’engranger des millions de prescriptions annuelles.