Allaitement vs hypersexualisation : le double standard qui scandalise
Dans une société où les publicités sexualisées colonisent les écrans, le sein nourricier dérange. « On accepte le corps féminin comme objet de désir, pas comme source de vie », analyse la sociologue Laura Ménard. Un paradoxe chiffré : une étude Ifop révèle que 63% des Français jugent normal les affiches de lingerie en vitrine, mais 41% estiment qu’allaiter en public « manque de pudeur ». Pire : dans certains pays comme les Émirats arabes unis, des mères sont arrêtées pour exhibition.
Pendant ce temps, la Suède montre l’exemple : des lois protègent l’allaitement dans tous les lieux publics depuis 1995. En France, seulement 12% des supermarchés disposent d’un espace dédié, selon le collectif Lait & Liberté. Des initiatives émergent timidement : Costco, où Trinati a été photographiée, vient d’annoncer des formations sur la lactation pour ses employés. Un pas vers la normalisation, loin des « nursing rooms » scandinaves aux fauteuils ergonomiques et kits de soins gratuits.
Priorité à l’enfant : quand la société doit réapprendre la compassion
Trinati et les associations comme Lait & Liberté recentrent le débat : « L’allaitement n’est ni une honte ni un exploit, c’est un besoin biologique ». Leur combat dépasse les polémiques pour exiger des mesures concrètes : zones d’allaitement dans les lieux publics, formations obligatoires pour les employés de magasins, comme vient de l’instaurer Costco. « On ne demande pas des fauteuils en cuir, juste le droit de ne pas être traitées comme des pestiférées », témoigne une mère sous le hashtag #LesOubliéesDeLaLactation.
La pédiatre Dr Sophie Rollin rappelle l’urgence sanitaire : « Allaiter 17 mois comme Trinati réduit les risques d’obésité et de diabète chez l’enfant. » Pourtant, 68% des mères françaises cessent l’allaitement avant 6 mois, souvent par peur du jugement. Entre les campagnes de sensibilisation et les selfies lactés qui fleurissent sur TikTok, un mouvement s’amplifie. Reste à transformer l’essai : malgré les 3 200 posts solidaires générés en une semaine, des mères signalent encore des « regards assassins dans les boulangeries ».