Une mère de famille de l’Indre est soupçonnée d’avoir tué ses trois nourrissons, décédés entre 2012 et 2020 à quelques mois de vie, selon des sources judiciaires. Les décès, initialement attribués à des causes naturelles ou génétiques, font aujourd’hui l’objet d’une enquête pour « meurtres sur mineurs ». La femme, habitante du village de Celon, entretenait scrupuleusement les tombes de ses enfants, un rituel qui cachait selon l’accusation une réalité insoupçonnée. Une information judiciaire ouverte en 2022 mène à son placement en détention en mars 2024.
Les faits : chronologie troublante de trois décès inexpliqués
Trois nourrissons d’une même famille meurent successivement dans l’Indre entre 2012 et 2020, à des intervalles de deux à cinq ans. Le premier enfant, né en 2011, décède à six mois en 2012. Un frère suit en 2014, emporté à sept mois, puis un dernier bébé en 2020, mort à trois mois. Aucune cause précise n’est alors avancée par les autorités médicales.
La famille réside à Celon, un village de quelques centaines d’habitants près de Châteauroux. Les parents se rendent plusieurs fois par semaine sur les sépultures, fleuries en permanence. Les habitants évoquent d’abord des « problèmes génétiques » ou des morts subites, ignorant tout du drame qui se noue dans l’intimité du foyer.
L’enquête judiciaire : du mystère à l’inimaginable
Le parquet de Châteauroux ouvre une information judiciaire en 2022 pour « meurtres sur mineurs de moins de 15 ans », après des soupçons sur la répétition des décès. La mère est mise en examen et placée en détention provisoire le 14 mars 2024, sous la direction du pôle instruction du tribunal de Bourges. L’enquête vise à établir un lien entre les trois morts.
David Marcat, procureur de la République, confirme à l’AFP le caractère exceptionnel de cette affaire. Les premières autopsies n’ayant pas révélé de violences apparentes, les magistrats s’appuient désormais sur de nouvelles expertises médico-légales pour déterminer les causes exactes des décès. Le délai entre les faits et les poursuites illustre la complexité du dossier.
Le choc d’une communauté : entre normalité apparente et soupçons
À Celon, les habitants décrivent une mère de famille « intégrée », selon les mots du maire Alain Bossard. La femme participe à la vie associative et locale, sans éveiller de soupçons. Un adjoint au maire confirme : « Ils venaient trois fois par semaine sur les tombes, toujours fleuries. On les voyait comme des parents en deuil. »
L’annonce des accusations provoque un malaise profond dans ce village paisible. « On pensait à des morts subites, à des malchances… Jamais à ça », souffle un riverain. Les élus soulignent le décalage entre l’image d’une famille « ordinaire » et les révélations judiciaires, qualifiées d’« inimaginables » par l’entourage.
Les éléments troublants : rituels et méprises
Les visites régulières du couple au cimetière de Celon deviennent un élément central de l’enquête. « Ils entretenaient les tombes avec une rigueur impressionnante, même des années après les décès », rapporte un proche. Les fleurs fraîches et les jouets entreposés sur les sépultures alimentent aujourd’hui les interrogations sur une possible mise en scène.
L’hypothèse initiale de « problèmes génétiques », évoquée par des habitants et certains médecins, est remise en cause. Aucun antécédent médical familial n’avait pourtant alerté les autorités. Les enquêteurs s’interrogent désormais sur d’éventuels actes indétectables lors des premières autopsies, comme l’administration de substances toxiques ou des négligences volontaires.
Les prochaines étapes : entre justice et mystères persistants
Les expertises médico-légales en cours doivent déterminer si les trois nourrissons ont été victimes d’actes criminels. Les premiers examens, réalisés après les décès, n’avaient pas révélé de violences apparentes, complexifiant la tâche des enquêteurs. Les résultats pourraient prendre plusieurs mois, selon le parquet de Châteauroux.
La mère reste écrouée dans l’attente du procès, tandis que le père n’est pas mis en cause à ce stade. L’affaire, jugée à Bourges, pourrait reposer sur des preuves indirectes ou des témoignages. Le village de Celon, lui, tente de digérer un scandale qui ébranle ses certitudes sur le couple modèle et ses rituels de deuil.