Un selfie familial innocent qui va sceller leur sort devant les juges… En février 2024, des parents lyonnais vivent l’effroir quand leur bébé de 16 mois avale une pilule d’ecstasy laissée à portée de main. Derrière l’accident évité de justesse se cache une réalité bien plus troublante : 500 grammes de cannabis disséminés dans la maison et un paradoxe judiciaire insoupçonné. Comment le tribunal a-t-il rendu sa décision malgré les preuves accablantes ?
L’urgence qui révèle un danger caché
Le 23 février 2024, les pompiers de Villefranche-sur-Saône interviennent en urgence chez un couple paniqué. Leur nourrisson de 16 mois vient d’avaler une pilule d’ecstasy laissée dans une boîte sur une étagère à sa portée.
L’enfant présente rapidement des symptômes inquiétants, mais son état se stabilise après une prise en charge médicale. Les parents expliquent aux secours avoir « négligé de ranger correctement » la substance, selon le rapport du Progrès.
Un détail trouble les enquêteurs : malgré le caractère accidentel affirmé, la présence de drogue dans cette maison familiale semble banalisée. L’étagère facilement accessible, l’absence de vigilance… Autant d’éléments qui préfigurent des révélations plus lourdes.
L’incident aurait pu rester un fait divers local sans la découverte fortuite d’un stock de stupéfiants caché dans les moindres recoins du domicile. Une enquête judiciaire s’ouvre alors, retardant de plus d’un an le procès final.
500 grammes de cannabis et l’étrange défense des parents
La perquisition dévoile un véritable stock de stupéfiants dissimulé dans des bocaux et flacons : 500 grammes de cannabis, de la kétamine, et des résidus d’ecstasy. Les forces de l’ordre découvrent ces substances cachées « un peu partout dans la maison », selon les termes du rapport judiciaire.
Devant le tribunal correctionnel, le père de 34 ans tente de justifier cette accumulation. Il avoue avoir récolté du cannabis lors d’une « culture sauvage en forêt », avant d’ajouter : « J’ai été impressionné par le résultat de la production… mais c’était pour ma consommation personnelle ».
La mère, elle, oppose une ligne de défense contradictoire. Revenue quatre mois plus tôt d’un séjour au Brésil avec leur enfant, elle clame ignorer « l’existence de cette pilule » d’ecstasy et la quantité astronomique de cannabis entreposée. Un déni qui interroge face à l’évidence matérielle déployée dans leur propre domicile.
Le selfie qui a fait basculer l’audience
L’audience prend un tour inattendu quand le président du tribunal produit un cliché déroutant : le couple pose, sourire aux lèvres, avec leur bébé dans les bras devant un plant de cannabis. « Au point de faire un selfie… », lance le magistrat d’un ton cinglant, soulignant le contraste entre leurs déclarations et cette preuve visuelle accablante.
Les parents assurent pourtant avoir « pris conscience du danger » depuis l’incident. Ils brandissent des analyses sanguines récentes attestant l’arrêt total de toute consommation de stupéfiants. Une démonstration de bonne foi immédiatement tempérée par le juge : « Vous vous dites responsables malgré les éléments du dossier », rétorque-t-il en désignant la photo.
Malgré cette contradiction flagrante, l’Aide sociale à l’enfance décide de ne pas engager de procédure. Le maintien de la garde repose sur un pari risqué : la promesse d’un stage antidrogue et le versement de 1 500 euros à une association de protection infantile. Une décision qui laisse perplexe face au selfie devenu symbole de leur inconscience passée.
Une décision de justice qui interroge
Le tribunal correctionnel de Villefranche-sur-Saône rend un verdict déconcertant en mai 2024 : le couple conserve la garde de l’enfant malgré les preuves accumulées. Le père écope de six mois de prison avec sursis, la mère sort libre du tribunal.
La justice assortit sa décision d’obligations symboliques : un stage de sensibilisation aux drogues et un versement de 1 500 euros à l’association Enfance et Partage. Une mesure présentée comme « au bénéfice de leur enfant », selon les termes du jugement.
L’absence de procédure de l’Aide sociale à l’enfance surprend les observateurs. Le tribunal justifie ce choix par « la présentation d’analyses attestant l’arrêt de toute consommation » et la démarche réparatrice. Une décision qui place la préservation du lien familial au-dessus des risques documentés, ouvrant un débat sur les priorités de la protection infantile.