Un drame nommé 8 fois aux César, à découvrir sur Netflix

Jeremie B.
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Dans l’univers du streaming, certaines pépites cinématographiques ne font que passer. C’est le cas de « Grâce à Dieu », le film poignant de François Ozon, qui s’apprête à quitter les écrans de Netflix. Ce long-métrage français, sorti en 2019, offre une plongée bouleversante dans une affaire qui a secoué l’Église catholique et la société française.

Basé sur des faits réels, « Grâce à Dieu » suit le parcours d’Alexandre, François et Emmanuel, trois hommes unis par un passé douloureux. Incarnés respectivement par Melvil Poupaud, Denis Ménochet et Swann Arlaud, ces personnages décident de briser le silence sur les abus sexuels qu’ils ont subis durant leur enfance. Le film sera disponible sur Netflix jusqu’au 31 juillet, laissant aux spectateurs une dernière chance de découvrir ou redécouvrir cette œuvre marquante avant son départ de la plateforme.

Un succès critique et public

Dès sa sortie, « Grâce à Dieu » a su captiver le public et la critique. Présenté en avant-première au prestigieux Festival du film de Berlin, le film a décroché le Grand Prix du Jury, marquant ainsi le début d’une reconnaissance internationale. En France, le long-métrage a attiré près d’un million de spectateurs dans les salles obscures, témoignant de l’intérêt du public pour ce sujet sensible mais crucial.

L’année suivante, le film a confirmé son statut d’œuvre majeure en étant nommé huit fois aux César, la plus haute distinction du cinéma français. Cette cérémonie a notamment permis à Swann Arlaud de remporter le César du meilleur acteur dans un second rôle, saluant ainsi sa performance poignante dans le rôle d’Emmanuel.

Une histoire vraie au cœur du film

Pour construire le récit de « Grâce à Dieu », François Ozon s’est directement inspiré de l’affaire du père Bernard Preynat, qui a défrayé la chronique en France. Le réalisateur s’est également appuyé sur les actions de l’association « La Parole Libérée », qui a joué un rôle crucial dans la révélation de cette affaire. Le film retrace ainsi le combat de plusieurs hommes qui, des années après les faits, ont décidé de dénoncer les abus sexuels qu’ils ont subis dans leur enfance, dans les années 1970 et 1980.

Le titre du film, « Grâce à Dieu », fait écho aux propos polémiques tenus par le cardinal Barbarin en 2016, lorsqu’il a déclaré : « La majorité des faits, grâce à Dieu, sont prescrits, mais certains peut-être pas ». Cette phrase, qui a choqué l’opinion publique, illustre la complexité de l’affaire et le rôle ambigu de l’Église dans sa gestion.

Justice et mémoire

Grâce aux témoignages courageux des victimes et à la mobilisation de l’association « La Parole Libérée », l’affaire a finalement abouti à un procès. En 2020, le père Bernard Preynat a été condamné à une peine de cinq ans de prison ferme pour agressions sexuelles sur mineurs. Quant au cardinal Philippe Barbarin, il a d’abord été condamné en première instance pour non-dénonciation d’agressions sexuelles, avant d’être relaxé en appel en 2021.

Le 23 juin dernier, le prêtre Bernard Preynat est décédé à son domicile, quelques semaines après avoir été placé en liberté conditionnelle. Cet épilogue tragique ne fait que souligner l’importance de films comme « Grâce à Dieu », qui contribuent à briser le silence sur des sujets tabous et à rendre hommage au courage des victimes qui osent prendre la parole.