Une jeune femme de 25 ans décède d’une méningite aiguë après que le Samu de Montpellier a ignoré ses appels répétés, malgré des symptômes critiques comme des selles sanglantes et des évanouissements. Son amie Magdalena, contrainte de la transporter elle-même à l’hôpital, dénonce une « inaction fatale » et un « énorme mépris » des services d’urgence. Alors que l’assistant régulateur est suspendu et qu’une enquête pour homicide involontaire est ouverte, ce drame rappelle douloureusement le cas Naomi Musenga, morte dans des circonstances similaires en 2018.
Le drame d’une jeune femme de 25 ans : symptômes ignorés et appels au Samu restés sans réponse
Une course contre la mort – À Montpellier, une jeune femme de 25 ans lutte pour sa vie le 15 octobre, présentant des symptômes alarmants : vision troublée, membres douloureux, évanouissements répétés et selles sanguinolentes. Ses proches contactent à plusieurs reprises le Samu, décrivant ces signaux critiques. Malgré les appels insistants, aucune ambulance n’est envoyée. L’amie de la victime, Magdalena, finit par prendre le volant pour la transporter d’urgence au CHU de Montpellier, mais le cœur de la jeune femme s’arrête durant le trajet.
Une suspension et une enquête sous tension – Les régulateurs du Samu auraient proposé une consultation médicale à distance et un déplacement du patient, selon Louis Soulat, vice-président de Samu Urgences France. L’assistant régulateur en charge des appels est suspendu dans l’attente des conclusions de l’enquête pour homicide involontaire. Magdalena accuse un « mépris insupportable » des services d’urgence, tandis que la famille dépose plainte, sept ans après le scandale Naomi Musenga, morte dans des circonstances similaires à Strasbourg.
Magdalena témoigne : « J’ai tout fait pour la sauver, mais le système l’a abandonnée »
Un récit glaçant – Magdalena, l’amie de la victime, raconte à BFMTV les heures d’angoisse vécues le 15 octobre. Elle décrit avoir « multiplié les appels au 15 » en insistant sur les symptômes graves : « Elle vomissait du sang, ne tenait plus debout ». Les régulateurs auraient minimisé la situation, selon elle, en suggérant une consultation en centre ville. « On m’a parlé comme si j’exagérais », accuse-t-elle, avant de prendre sa voiture en urgence.
Des dysfonctionnements en chaîne – Les enregistrements des appels révèlent que l’assistant régulateur n’a pas identifié le caractère vital des symptômes, pourtant typiques d’une méningite fulgurante. Louis Soulat, de Samu Urgences France, reconnaît des « choix discutables » tout en défendant la complexité des diagnostics par téléphone. Une analyse partagée par des médecins, qui pointent le manque de formation aux urgences pédiatriques et adultes combinées.
Les erreurs du Samu de Montpellier : un scénario qui rappelle le cas Naomi Musenga
Un triste déjà-vu – Ce drame évoque la mort de Naomi Musenga en 2018, décédée à Strasbourg après un appel au Samu où l’opératrice l’avait moquée. Dans les deux cas, les victimes présentaient des symptômes graves (douleurs abdominales intenses et selles sanglantes) ignorés par les régulateurs. Un procès pour homicide involontaire est d’ailleurs en cours à Strasbourg, sept ans après les faits.
La défense difficile du Samu – Louis Soulat, vice-président de Samu Urgences France, explique que « la régulation médicale est un acte très difficile », soulignant la ressemblance des symptômes avec des pathologies moins graves en période automnale. Pourtant, des médecins urgentistes critiquent l’absence de protocoles clairs pour identifier les méningites fulgurantes, responsables de décès en moins de 24 heures sans traitement rapide.
« Un énorme mépris » : la colère des proches et les questions sur la formation des régulateurs
Une plainte pour exiger la vérité – Les parents de la jeune femme ont déposé plainte contre le Samu de Montpellier, estimant que l’absence de réponse aux appels a directement conduit au décès. Magdalena soutient leur démarche, insistant sur le « jugement hâtif » des régulateurs : « Ils ont traité ses symptômes comme un simple malaise, alors qu’elle criait de douleur ». L’enquête pour homicide involontaire cible notamment l’évaluation téléphonique de l’assistant régulateur, suspendu de ses fonctions.
Des interrogations sur la formation des régulateurs – Des médecins urgentistes interrogés par BFMTV soulignent le manque de modules spécifiques sur la détection des méningites en formation initiale. « Les régulateurs doivent être capables de repérer les signaux d’alerte vitaux, même sous pression », explique le Pr. Karim Tazarourte, expert en régulation médicale. Selon un rapport de la DREES, 8 % des appels au Samu feraient l’objet d’une mauvaise orientation, avec 300 décès évitables par an en France.
Méningites et urgences vitales : pourquoi les symptômes sont-ils encore sous-évalués ?
Une course contre la montre – La méningite bactérienne, comme celle qui a emporté la jeune Montpelliéraine, peut tuer en quelques heures sans antibiotiques. Les symptômes (raideur de la nuque, sensibilité à la lumière, vomissements en jet) sont pourtant bien documentés. Santé Publique France rappelle qu’un « purpura fulminans » (taches violacées sur la peau) doit déclencher une intervention immédiate, signe d’une septicémie associée.
Vers une réforme du système d’urgence ? – Des médecins proposent l’instauration de protocoles obligatoires pour les régulateurs face à des symptômes spécifiques (selles sanglantes, troubles neurologiques). D’autres réclament des simulations de crise en formation continue et un accès direct à un médecin senior lors d’appels critiques. Le ministère de la Santé annonce un audit national des centres de régulation d’ici fin 2025.