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Un équipement dernier cri, une tragédie animale : l’accident qui secoue l’aéroport de Calvi

Julie K.
6 Min de lecture

Un équipement dernier cri, une promesse de sécurité… et un drame animal qui interroge les pratiques aéroportuaires. Le décès d’une chienne samoyède de 11 mois dans un tapis roulant de l’aéroport de Calvi révèle une faille inattendue dans un système pourtant récent. Alors que la famille décrit « un enfer » vécu pendant les fêtes de Pâques, une pétition dépasse déjà les 10 000 signataires. Comment un tel dysfonctionnement a-t-il pu survenir malgré les contrôles réguliers ? Les éléments de l’enquête interne éclairent un paradoxe troublant.

Un équipement high-tech, un drame inexplicable : les circonstances du drame

Le système automatisé de l’aéroport de Calvi, mis en service depuis moins d’un an, devient le centre d’une enquête technique après l’écrasement mortel d’une chienne samoyède. Selon les premiers éléments, la cage de transport de 17 kg se serait coincée entre deux tapis roulants lors du transfert vers la soute du vol Paris-Calvi, le 21 avril 2025.

« La cage contenant cet animal aurait été écrasée entre deux tapis », rapporte Corse-Matin, soulignant le caractère exceptionnel de l’incident. L’installation, présentée comme conforme aux standards internationaux de sécurité, avait jusqu’alors fonctionné sans dysfonctionnement majeur selon la Chambre de commerce et d’industrie (CCI) de Corse.

Les responsables aéroportuaires insistent sur le contexte « exceptionnel d’exploitation » sans préciser la nature exacte de l’anomalie. Des contrôles réguliers étaient pourtant effectués sur ce dispositif dernier cri, conçu pour manipuler les bagages – et par extension les animaux en soute – avec une précision robotisée. La CCI évoque un « diagnostic technique » toujours en cours, associant experts internes et partenaires industriels.

« Cette journée a été un enfer » : le témoignage bouleversant de la propriétaire

Marine Garzandat raconte avec une douleur palpable le dernier voyage de Brookie, sa samoyède de 11 mois. « J’étais confiante parce que le voyage aller s’était bien passé pour elle », confie-t-elle à Corse-Matin, quelques jours après les faits survenus lors de leur retour de vacances de Pâques à Calvi.

La famille venait de confier l’animal au service d’enregistrement lorsqu’un employé les a interpellés en salle d’embarquement. « J’ai tout de suite compris qu’il s’agissait de Brookie », se souvient la propriétaire, insistant pour voir sa chienne. Le spectacle découvert sur le tapis roulant la hante depuis : « Elle a été broyée entre deux tapis. Pas une seconde, je n’imaginais que cela était possible. »

Le récit décrit une spirale infernale entre la routine d’un retour de vacances et l’horreur de l’accident. Marine Garzandat souligne le contraste entre leur séjour familial réussi et ce « drame inimaginable », précisant qu’une plainte sera déposée pour faute présumée.

Dysfonctionnements et procédures : les explications controversées de l’aéroport

La Chambre de commerce et d’industrie de Corse reconnaît « un dysfonctionnement technique » tout en défendant son système automatisé. « L’installation répond aux standards les plus récents », insiste le communiqué officiel, précisant que l’équipement avait passé avec succès ses contrôles réguliers depuis son installation.

Ce paradoxe entre technologie de pointe et faille mortelle suscite des interrogations. La CCI évoque un « contexte exceptionnel d’exploitation » sans en révéler la nature, tout en annonçant des mesures correctives immédiates : adaptation des procédures et collaboration renforcée avec le partenaire industriel.

« Nous mettrons tout en œuvre pour garantir que de tels faits ne puissent se reproduire », promet l’institution. Cette déclaration contraste avec les questions de la famille Garzandat sur la surveillance des animaux, qualifiés de « simples valises » dans leur plainte à venir. Les audits techniques en cours devront trancher ce désaccord fondamental.

Deuil et mobilisation : les répercussions d’un accident devenu symbole

La mort de Brookie dépasse le cadre d’un simple incident technique. Une pétition en ligne exigeant « un transport animalier digne et sécurisé dans les avions » recueille déjà 10 337 signatures en moins de cinq jours. Initiée par l’élevage du Val d’Anton, dont la chienne était originaire, elle cristallise un débat national sur le statut des animaux en soute.

Le devenir de Brookie symbolise cette quête de respect post-mortem : son corps sera incinéré en Haute-Corse avant un rapatriement vers le Loiret, où réside la famille. Cette procédure, habituellement réservée aux humains, souligne l’impact émotionnel de la tragédie.

La plainte annoncée par les Garzandat pose une question juridique inédite : peut-on encore assimiler les animaux vivants à des « simples valises » dans les protocoles aéroportuaires ? Alors que l’enquête technique se poursuit, le cas de Brookie devient un catalyseur pour une révision des normes de transport animalier.