Une étudiante passe son examen final pendant son accouchement et inspire les réseaux sociaux

Vladimir P.
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Le 11 décembre 2017, une scène extraordinaire se déroule dans une chambre d’hôpital. Nayzia Thomas, une étudiante en psychologie de 19 ans, est en plein travail. Pourtant, au lieu de se concentrer uniquement sur son accouchement imminent, elle a les yeux rivés sur son ordinateur portable. La raison ? Elle est en train de passer son examen final, déterminée à terminer son semestre malgré les circonstances exceptionnelles.

Cette image, capturée par la mère de Nayzia et partagée sur les réseaux sociaux, est rapidement devenue virale. Avec plus de 130 000 likes, elle a inspiré des milliers de personnes à travers le monde, mettant en lumière la réalité souvent méconnue des étudiants-parents. L’histoire de Nayzia, qui a obtenu un A à son examen tout en donnant naissance à son fils Anthony, soulève des questions importantes sur les défis et les opportunités auxquels font face les étudiants qui jonglent entre leurs études et leur rôle de parent.

La réalité méconnue des étudiants-parents

Contrairement à ce que l’on pourrait penser, la situation de Nayzia n’est pas un cas isolé. En France, bien que peu visible, la parentalité étudiante est une réalité pour 4,9% des étudiants. Ce chiffre, bien que relativement faible, représente des milliers de personnes confrontées quotidiennement au défi de concilier études et parentalité.

Cette faible proportion s’explique en partie par les particularités du système d’enseignement supérieur français. La massification des études supérieures a entraîné un allongement de la période de jeunesse, repoussant l’âge moyen du premier enfant à 28 ans. De plus, les reprises d’études sont moins fréquentes en France que dans d’autres pays, limitant ainsi le nombre d’étudiants plus âgés susceptibles d’avoir déjà des enfants.

Un défi multidimensionnel

Être parent tout en poursuivant des études supérieures présente des défis uniques. La gestion du temps devient un véritable exercice d’équilibriste, entre les cours, les devoirs, les examens et les responsabilités parentales. Les obstacles financiers sont également considérables, avec des frais de scolarité à payer en plus des dépenses liées à l’éducation d’un enfant.

Nayzia Thomas souligne que la grossesse et les études sont deux défis physiques et mentaux qui nécessitent une préparation mentale adéquate. Elle insiste sur l’importance de conserver sa force intérieure, même dans les moments où l’on se sent dépassé. Cette résilience est d’autant plus cruciale que le soutien institutionnel pour les étudiants-parents reste souvent limité dans de nombreux établissements d’enseignement supérieur.

Le saviez-vous ?
L’âge moyen à la première maternité des femmes diplômées de l’enseignement supérieur est supérieur de trois ans à la moyenne nationale. Cela illustre l’impact significatif des études sur le calendrier de la parentalité.

Des compétences uniques développées

Malgré ces difficultés, la parentalité étudiante peut aussi être source d’opportunités inattendues. Les étudiants-parents développent souvent des compétences exceptionnelles en matière de gestion du temps et d’organisation. Leur capacité à jongler entre différentes responsabilités peut se révéler un atout précieux dans leur future carrière professionnelle.

De plus, l’expérience de la parentalité peut apporter une motivation supplémentaire et une perspective de vie élargie. Comme l’illustre l’histoire de Nayzia, qui a obtenu d’excellents résultats malgré les circonstances, la détermination peut être décuplée par le désir de réussir pour soi-même et pour son enfant.

Une diversité de profils

L’enquête exploratoire menée sur la parentalité étudiante en France a permis d’identifier trois profils distincts. Le premier concerne les jeunes étudiantes (18-23 ans) confrontées à une grossesse non prévue. Bien que cette situation soit initialement vécue comme difficile, beaucoup parviennent à construire un rapport positif à leurs études.

Le deuxième profil englobe les jeunes étudiants (21-24 ans) qui décident d’avoir un enfant dans le cadre d’un projet parental en couple. Ces étudiants-parents vivent généralement leur situation de manière plus apaisée. Enfin, le troisième profil concerne les étudiants plus âgés (25-34 ans) qui sont dans l’âge « normal » pour avoir des enfants selon les normes contemporaines et dont le projet parental s’inscrit pleinement dans leur trajectoire de vie.

Vers une évolution de l’enseignement supérieur ?

L’histoire de Nayzia Thomas et la réalité des étudiants-parents soulèvent des questions importantes sur l’adaptation nécessaire de l’enseignement supérieur. Il devient de plus en plus évident que les programmes et les politiques universitaires doivent évoluer pour mieux prendre en compte les besoins spécifiques de cette population étudiante.

Certaines universités ont déjà pris des initiatives innovantes, comme la mise en place de services de garde d’enfants sur le campus ou l’instauration de politiques plus flexibles en matière de présence et de délais pour les travaux. Ces mesures, encore trop rares, pourraient devenir la norme à l’avenir pour garantir l’égalité des chances dans l’accès à l’éducation supérieure.

Initiatives inspirantes
Aux États-Unis, certaines universités proposent des logements familiaux sur le campus, des bourses spécifiques pour les étudiants-parents, et même des programmes de mentorat entre étudiants-parents. Ces initiatives pourraient servir de modèles pour d’autres établissements à travers le monde.

L’impact des réseaux sociaux

L’histoire de Nayzia Thomas n’aurait peut-être pas eu le même impact il y a quelques années. Les réseaux sociaux ont joué un rôle crucial dans la visibilité des étudiants-parents, permettant de partager leurs expériences et de sensibiliser le grand public à leur réalité. La photo de Nayzia passant son examen pendant son travail est devenue un symbole de détermination et de résilience.

Cette visibilité accrue contribue à faire évoluer les perceptions sociétales autour de l’âge « idéal » pour étudier et avoir des enfants. Elle remet en question les normes établies et ouvre la voie à une plus grande acceptation de parcours de vie diversifiés. À l’ère du numérique, chaque histoire partagée a le potentiel de devenir un catalyseur de changement, inspirant d’autres étudiants-parents et encourageant les institutions à s’adapter à leurs besoins.