Une vidéo deepfake de Michel Barnier sur la limitation de vitesse soulève des inquiétudes sur la désinformation

Marie Q.
4 Min de lecture

La France découvre avec stupeur une nouvelle manipulation numérique d’envergure. Une vidéo deepfake mettant en scène Michel Barnier annonçant une limitation de vitesse à 90 km/h sur autoroute pour les véhicules thermiques enflamme les réseaux sociaux depuis plusieurs jours. Cette fausse annonce, partagée des millions de fois, illustre la sophistication croissante des outils de désinformation et leur capacité à semer le trouble dans l’opinion publique.

L’incident soulève des questions cruciales sur notre capacité à distinguer le vrai du faux à l’ère du numérique. Alors que la vidéo semblait provenir d’un reportage authentique de BFMTV, il s’agissait en réalité d’une création générée par intelligence artificielle, diffusée initialement par un compte TikTok se présentant comme parodique.

La mécanique d’une fake news qui s’emballe

La séquence montre ce qui apparaît comme une intervention télévisée du Premier ministre français, annonçant « qu’à partir de 2025, la vitesse sur autoroute sera limitée à 90 km/h pour les véhicules thermiques ». Le montage, particulièrement réaliste, reprend les codes visuels de BFMTV et imite à la perfection la voix de Michel Barnier. La supercherie est d’autant plus crédible qu’elle s’appuie sur des images réelles, détournées d’une allocution prononcée lors des « Assises des départements de France » à Angers le 15 novembre dernier.

La propagation de cette désinformation suit un schéma désormais bien rodé. D’abord partagée sur TikTok, la vidéo est rapidement reprise sur X (ex-Twitter), Facebook et Instagram, accompagnée de commentaires indignés accusant le gouvernement de vouloir « détruire totalement la France ».


Qu’est-ce qu’un deepfake ?
Un deepfake est une vidéo ou un enregistrement audio créé grâce à l’intelligence artificielle, permettant de remplacer le visage ou la voix d’une personne par celle d’une autre. Cette technologie utilise des réseaux neuronaux complexes qui analysent et reproduisent les caractéristiques faciales et vocales avec un réalisme saisissant.

L’arsenal technologique de la manipulation

Cette vidéo s’inscrit dans une série de deepfakes ciblant les personnalités politiques françaises. Avant cette prétendue limitation de vitesse, d’autres fausses annonces concernant une « hausse des prix du carburant de 40 centimes » ou « une taxe kilométrique avec boîtier obligatoire » avaient déjà circulé, utilisant la même technologie.

La sophistication croissante des outils d’IA rend ces manipulations de plus en plus difficiles à détecter pour le grand public. Les créateurs utilisent des algorithmes de reconnaissance faciale et des réseaux d’apprentissage profond pour générer des contenus d’un réalisme troublant.

Une menace pour l’information démocratique

Les conséquences de ces manipulations dépassent largement le cadre de simples canulars. Elles alimentent la défiance envers les institutions et les médias traditionnels, tout en créant un climat de suspicion généralisée où chaque déclaration politique peut être mise en doute.


Comment repérer un deepfake ?
– Observer attentivement les mouvements du visage et le clignement des yeux
– Prêter attention aux incohérences dans l’éclairage et les reflets
– Vérifier la synchronisation entre les mouvements des lèvres et la voix
– Consulter les sources officielles pour confirmer l’information

La réponse des plateformes et des autorités

Face à cette menace grandissante, les réseaux sociaux tentent de mettre en place des systèmes de détection automatique des deepfakes. Certains utilisateurs vigilants contribuent également à la lutte contre la désinformation en signalant les contenus suspects et en partageant les démentis officiels.

Le gouvernement, de son côté, multiplie les efforts pour sensibiliser le public à ces nouvelles formes de manipulation. La retranscription officielle de l’intervention de Michel Barnier aux Assises des départements de France, disponible sur le site du gouvernement, permet de confirmer qu’aucune annonce concernant une limitation de vitesse n’a été faite.