Violences conjugales : des femmes témoignent de l’impensable au sein du couple

Julie K.
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Rear view image of a woman sitting alone on a bed in bedroom

En France, une femme meurt tous les trois jours sous les coups de son conjoint ou ex-conjoint. Derrière ces chiffres glaçants se cachent des milliers d’autres victimes qui subissent quotidiennement des violences physiques, psychologiques ou sexuelles au sein de leur couple. Un phénomène longtemps minimisé, voire ignoré, qui détruit des vies dans le silence et l’intimité du foyer.

Dans cet article, plusieurs femmes ont accepté de lever le voile sur l’impensable : le viol et les violences au sein du couple. Des témoignages rares et précieux qui permettent de comprendre les mécanismes d’emprise et la difficulté de s’extraire de ces situations traumatisantes. À travers leurs récits, c’est toute la complexité de la violence conjugale qui se dessine.

Le masque de l’amour toxique

Florine avait 22 ans quand l’impensable s’est produit. Cette jeune Toulousaine, aujourd’hui âgée de 30 ans, raconte avec émotion la sidération ressentie lors de son viol par celui qui était alors son petit ami. « Je me rappelle juste être allée prendre une douche pour me débarrasser de la saleté », confie-t-elle. Ce n’est que des années plus tard, lors du mouvement #MeToo, qu’elle a réalisé la nature des actes subis.

La relation toxique s’est installée progressivement. Pour éviter les conflits, Florine s’est effacée, cédant aux exigences sexuelles de son partenaire. « Je me suis rendue disponible dès qu’il avait envie. De cette façon, j’avais l’impression d’être actrice et de ne pas subir les rapports. Mais je n’en avais pas du tout envie », explique-t-elle.

Quand l’intimité devient un piège

Le témoignage de Nat, 54 ans, illustre la brutalité du viol conjugal au sein même du lit conjugal. Après 18 ans de mariage et trois enfants, son mari est devenu son agresseur. « Je dormais et d’un coup, j’ai senti un poids sur mon corps. J’ai ouvert les yeux, je l’ai vu s’exciter. Il me pénétrait, mais je ne pouvais pas bouger », raconte-t-elle avec douleur.


Le viol conjugal en droit français
Le Code pénal incrimine « tout acte de pénétration sexuelle […] commis sur la personne d’autrui par violence, contrainte, menace ou surprise », que l’auteur soit ou non le conjoint de la victime. Cette reconnaissance légale date de 1990.

Les séquelles invisibles

Les conséquences de ces violences sont dévastatrices. Au-delà des traumatismes physiques, les victimes développent souvent des troubles psychologiques durables : stress post-traumatique, dépression, troubles anxieux. Pour Florine, la rupture a été suivie de « six mois les plus difficiles de sa vie » avant de pouvoir commencer à se reconstruire.


Impact sur la santé mentale
Les victimes de violences conjugales présentent un risque accru de développer des troubles psychologiques : état de stress post-traumatique, dépression, troubles alimentaires, insomnies, et peuvent souffrir d’une faible estime de soi persistante.

Le chemin vers la reconstruction

Pour certaines, l’éloignement géographique devient une planche de salut. C’est le cas de Florine, dont le stage de fin d’études a permis de prendre du recul sur sa relation toxique. La distance a créé une brèche dans l’emprise, permettant une prise de conscience salvatrice.

La reconstruction passe également par la reconnaissance des violences subies. Pour beaucoup de victimes, mettre des mots sur leur expérience représente une étape cruciale. Les associations spécialisées, les groupes de parole et le soutien psychologique jouent un rôle essentiel dans ce processus de guérison.