Imaginez-vous assis dans un avion pendant sept heures, sans rien faire. Pas de film, pas de musique, pas de livre, pas même un verre d’eau. Cette pratique, qui peut sembler insensée pour beaucoup, gagne en popularité sous le nom de « raw-dogging ». Une tendance qui défie nos habitudes de voyage modernes et pousse les passagers à explorer les limites de leur résistance mentale.
Née sur les réseaux sociaux, cette nouvelle mode du voyage minimaliste soulève des questions sur notre rapport à la distraction et notre capacité à supporter l’ennui. Alors que les compagnies aériennes rivalisent d’ingéniosité pour divertir leurs passagers, certains voyageurs choisissent délibérément de se priver de tout confort. Une démarche qui fascine autant qu’elle interroge sur nos besoins réels en vol et les potentiels risques pour la santé.
Le « raw-dogging » aérien : une méditation extrême à 10 000 mètres d’altitude
Le « raw-dogging » dans le contexte des vols en avion consiste à voyager à l’état brut, sans aucune commodité. Les adeptes de cette pratique s’interdisent toute forme de divertissement pendant leur trajet. Pas de films, pas de musique, pas de lecture. Certains vont même jusqu’à se priver d’eau et de nourriture, poussant l’expérience à son paroxysme.
L’objectif de cette démarche est de se laisser porter par ses pensées, en regardant simplement par le hublot ou droit devant soi. Une forme de méditation originale qui pousse les voyageurs à affronter leur monde intérieur sans échappatoire. Cette tendance trouve son origine dans la série Apple TV+ « Hijack », où l’acteur Idris Elba incarne un personnage contraint de rester immobile pendant sept heures lors d’un détournement d’avion.
TikTok : le paradoxal amplificateur d’une tendance anti-connectée
Ironiquement, c’est sur les réseaux sociaux, et particulièrement sur TikTok, que le « raw-dogging » aérien a pris son envol. De nombreux influenceurs partagent leurs expériences, transformant ce défi personnel en véritable phénomène viral. Les vidéos montrant des passagers immobiles pendant des heures accumulent des millions de vues, inspirant d’autres voyageurs à tenter l’expérience.
Ce paradoxe entre la volonté de déconnexion et la mise en scène sur les plateformes numériques soulève des questions sur notre rapport à la technologie. Alors même que ces adeptes cherchent à s’extraire de la société hyperconnectée le temps d’un vol, ils utilisent ces mêmes outils pour partager et valoriser leur expérience.
Originellement utilisé dans un contexte sexuel pour désigner un rapport non protégé, le terme « raw-dogging » a été détourné pour décrire cette nouvelle pratique en vol. Il évoque l’idée de vivre une expérience brute, sans filtre ni protection, appliquée ici au voyage en avion.
Entre quête de sens et défi personnel : les motivations des « raw-doggers »
Pour les adeptes du « raw-dogging » aérien, cette pratique représente bien plus qu’un simple défi. Elle est perçue comme une opportunité de tester sa résilience mentale et de se reconnecter avec soi-même. Dans un monde où la distraction est omniprésente, ces voyageurs cherchent à redécouvrir leur capacité à supporter l’ennui et à explorer leurs pensées sans interruption.
Certains voient dans cette expérience une forme de développement personnel, une manière de renforcer leur concentration et leur endurance psychologique. D’autres y trouvent un moyen de se libérer de la dépendance aux écrans et aux stimuli constants, ne serait-ce que le temps d’un vol.
Les risques du « raw-dogging » : quand le défi met la santé en jeu
Malgré les motivations louables de ses pratiquants, le « raw-dogging » aérien n’est pas sans risque. La privation d’eau et de nourriture pendant de longues heures peut entraîner une déshydratation, particulièrement dangereuse en altitude où l’air est déjà sec. De plus, l’immobilité prolongée augmente les risques de thrombose veineuse, un problème de santé bien connu des voyageurs long-courriers.
Au-delà des risques physiques, cette pratique peut également avoir un impact négatif sur le confort et l’expérience globale du voyage. En se privant volontairement des services et divertissements proposés par les compagnies aériennes, les « raw-doggers » s’exposent à un stress et une fatigue accrus, pouvant affecter leur bien-être à l’arrivée.
Même si vous ne pratiquez pas le « raw-dogging », il est recommandé de bouger régulièrement pendant un vol, de rester hydraté et de porter des bas de contention pour prévenir les risques de thrombose. N’hésitez pas à vous lever et à marcher dans l’allée toutes les deux heures environ.
Repenser nos habitudes de voyage à l’ère du divertissement constant
Le phénomène du « raw-dogging » aérien nous invite à réfléchir sur nos habitudes de voyage modernes. Dans un monde où nous sommes constamment stimulés et divertis, cette tendance questionne notre capacité à supporter le vide et l’ennui. Elle met en lumière notre dépendance aux écrans et aux distractions, même lors de situations transitoires comme un vol.
Bien que controversée et potentiellement risquée dans ses formes les plus extrêmes, cette pratique ouvre le débat sur la place du divertissement dans nos vies et notre rapport au temps. Entre le besoin de déconnexion et la recherche de confort, le « raw-dogging » aérien nous rappelle que le voyage peut aussi être une occasion de se recentrer sur soi-même, loin du tumulte numérique quotidien.