50 ans derrière les barreaux pour une erreur judiciaire : Iwao Hakamada, 89 ans, obtient 77 € par jour après avoir été innocenté d’un quadruple meurtre commis en 1968. Libéré en 2014 grâce à des preuves ADN, l’ex-boxeur, ancien condamné à mort, dénonce avec son avocat des « interrogatoires inhumains » ayant conduit à des aveux forcés. Sa sœur, pilier de son combat, et la justice japonaise font face à une indemnisation symbolique qui crispe les défenseurs des droits humains.
L’incroyable calvaire d’Iwao Hakamada : 50 ans en prison pour un crime qu’il n’a pas commis
Condamné à mort en 1968 pour le meurtre de son patron, de son épouse et de leurs deux enfants à Shizuoka, Iwao Hakamada clame son innocence dès les premiers jours. Le procès, basé sur des aveux extorqués lors de « interrogatoires inhumains » selon son avocat, ignore l’absence de preuves matérielles. Sa sœur mène pendant cinq décennies un combat judiciaire acharné, refusant de laisser sombrer ce dossier dans l’oubli.
L’ex-boxeur, aujourd’hui âgé de 89 ans, subit une détention record : 46 ans dans le couloir de la mort, sous la menace constante de l’exécution. Les enquêteurs sont accusés d’avoir infligé une « douleur physique et mentale » pour obtenir ses déclarations. Des méthodes qui rappellent les scandales récurrents du système pénal japonais, régulièrement épinglé pour ses dérives.
Le rebondissement ADN qui a tout changé
En 2014, des analyses génétiques bouleversent le dossier : l’ADN retrouvé sur des vêtements, éléments clés de l’accusation, ne correspond pas à celui d’Iwao Hakamada. Le tribunal de Shizuoka reconnaît officiellement que des preuves ont été « fabriquées », invalidant la condamnation. Cette révélation conduit à sa libération provisoire, après 46 ans dans le couloir de la mort – un record mondial pour un condamné innocenté.
Le Japon fait face à un précédent judiciaire : Hakamada devient le cinquième condamné à mort innocenté depuis les années 1960. Son cas relance le débat sur les méthodes d’enquête, notamment l’usage intensif de l’isolement et des pressions psychologiques. Amnesty International souligne que ces révélations remettent en cause des décennies de pratiques pénales jamais réformées.
77 € par jour : une indemnisation qui scandalise
1,2 million d’euros : c’est le montant accordé par la justice japonaise à Iwao Hakamada, selon le plafond légal de 12 500 yens (77 €) par jour de détention. Un calcul qui suscite l’indignation, alors que le nonagénaire a perdu cinq décennies de liberté pour une erreur judiciaire. « L’équivalent d’un salaire journalier moyen », ironisent les défenseurs des droits humains, face à l’ampleur du préjudice subi.
La loi sur l’indemnisation des innocents, jamais révisée depuis 1950, fixe ce plafond sans tenir compte de l’inflation. Amnesty International dénonce un système « déconnecté de la réalité des victimes », tandis que l’avocat Hideyo Ogawa rappelle que « l’État a commis une erreur qu’aucune somme ne peut compenser ». Une position partagée par la sœur du condamné, qui évoque des séquelles irréversibles chez son frère.
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