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Agriculteur depuis 40 ans, il dévoile sa retraite : Je touche…

Julie K.
7 Min de lecture

Agriculteur depuis 40 ans, Jean Dupont lève le voile sur une réalité méconnue : 1 200 euros bruts par mois, montant de sa retraite après une vie de labeur. Alors que les aléas climatiques et les pressions économiques fragilisent la profession, le régime spécifique de la Mutualité sociale agricole (MSA) reste en débat. Entre revalorisations récentes et promesses de réformes, la colère gronde chez les syndicats : FNSEA et Confédération paysanne réclament une reconnaissance tangible des sacrifices du monde rural.

Témoignage exclusif : le quotidien d’un agriculteur après 40 ans de labeur

Jean Dupont, agriculteur en Picardie, résume sa carrière en un chiffre : 1 200,26 euros bruts de pension mensuelle après quarante ans de travaux des champs et de nuits blanches. Pour toucher ce montant revalorisé en 2021, il a dû justifier 17,5 années comme chef d’exploitation et valider l’intégralité de ses cotisations auprès de la Mutualité sociale agricole (MSA). « On sacrifie sa santé, sa famille… Pour au final compter chaque centime », confie-t-il, les mains marquées par les sillons de la terre.

Son quotidien ? 5h du matin en hiver pour traire les vaches, canicules estivales à moissonner sous 40°C, et la menace permanente des intempéries. La loi de 2023 prévoit désormais de calculer les retraites sur les 25 meilleures années, excluant les périodes de crise. « Ça aidera les jeunes, mais nous, les anciens, on reste les oubliés des réformes », tempête-t-il, évoquant son revenu actuel équivalent à 85% du SMIC net agricole.

Le calcul des retraites agricoles décrypté

Le régime de la Mutualité sociale agricole (MSA) fonctionne comme un écosystème à part. Depuis 2021, les anciens chefs d’exploitation perçoivent 85% du SMIC net agricole, soit 1 200,26 euros bruts mensuels après une carrière complète. Une revalorisation issue de la loi de juillet 2020, mais soumise à des conditions strictes : « 17,5 ans minimum comme exploitant principal, et la validation de tous ses droits auprès de la MSA », précise un rapport des Échos Investir.

La donne change en 2026 avec la loi du 13 février 2023 : les 25 meilleures années remplacent désormais l’ensemble de la carrière pour le calcul des pensions. Objectif affiché ? « Éliminer les années de vaches maigres, comme les crises sanitaires ou les sécheresses », explique la MSA. Un progrès salué par la FNSEA, qui déplore toutefois l’exclusion des aides d’urgence : « Les subventions de crise ne comptent pas dans le revenu annuel. Résultat ? Nos mauvaises années pèsent doublement », tonne un porte-parole syndical.

Aléas climatiques et pressions économiques : le cocktail explosif

Les agriculteurs subissent une double peine : sécheresses historiques en 2024-2025 et flambée des coûts du carburant agricole (+27% en deux ans). « Quand la grêle détruit 30% de ma récolte, je dois emprunter pour replanter… et ça réduit d’autant mes cotisations retraite », explique Émilie, viticultrice dans le Gard. Les conflits avec la grande distribution s’ajoutent au tableau : 42% des producteurs déclarent subir des pressions sur les prix, selon la Confédération paysanne.

Ces crises récurrentes creusent les inégalités de retraites. « En année normale, je cotise sur 2 500 € mensuels. Mais quand mes poulaillers sont vidés par la grippe aviaire, mon revenu tombe à 900 € », témoigne Marcel, éleveur en Bretagne. Un cercle vicieux : les aides d’urgence perçues lors des catastrophes naturelles ne comptent pas dans le calcul des pensions, selon les règles actuelles de la MSA.