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« De rockstar à tueur » : Le docu Netflix sur Bertrand Cantat, « crime passionnel » et l’ombre du suicide de son ex-femme cartonne en N°2

Julie K.
7 Min de lecture

« De rockstar à tueur : Le cas Cantat », la mini-série Netflix qui secoue la France, s’impose en N°2 du top dès sa sortie sur la plateforme. Ce documentaire en trois parties revisite le meurtre de Marie Trintignant par Bertrand Cantat en 2003 et le suicide troublant de son ex-femme Krisztina Rady en 2010. À travers archives inédites et analyses de spécialistes, il démonte le traitement médiatique du « crime passionnel » face à la réalité d’un féminicide, relançant le débat sur la glorification des artistes controversés.

Netflix enflamme le débat avec son documentaire choc sur Bertrand Cantat

« De rockstar à tueur : Le cas Cantat » s’installe en N°2 du top Netflix français dès sa diffusion, captivant les spectateurs avec des archives inédites et des témoignages poignants. La mini-série de trois épisodes expose des SMS échangés entre Cantat et Trintignant avant le drame, ainsi que des enregistrements audio des appels aux secours passés par le chanteur après l’agression. Des proches de l’actrice, comme sa mère Nadine Trintignant, livrent pour la première fois leur récit de la « nuit qui a tout détruit ».

Le documentaire s’appuie sur une enquête minutieuse, croisant interviews de journalistes couvrant l’affaire en 2003 et analyses de féminicides par des sociologues contemporains. Un contraste frappant émerge entre les unes complaisantes de l’époque (« Le calvaire de Bertrand Cantat » titrait Voici) et la relecture actuelle du drame comme un féminicide systémique. La plateforme capitalise sur ce télescopage temporel pour relancer le débat médiatique.

Le récit glaçant de la descente aux enfers

Le documentaire dissèque minute par minute la nuit du 26 juillet 2003 à Vilnius, où 19 coups portés au visage plongent Marie Trintignant dans le coma. Des reconstitutions sonores et des témoignages de médecins légaux détaillent la « violence inouïe » des traumatismes crâniens, tandis que des extraits d’audience révèlent les contradictions de Cantat sur sa consommation d’alcool et de médicaments avant l’agression.

L’enquête rappelle que le chanteur, condamné à huit ans de prison en 2004 pour « meurtre avec intention indirecte indéterminée », n’a purgé que trois ans avant sa libération controversée. Le film intègre des images tournées en Lituanie, dont la chambre d’hôtel reconstituée et le procès-verbal des pompiers alertés 90 minutes après les faits, soulignant les délais ayant contribué à la mort de l’actrice.

« Crime passionnel » vs féminicide : la polémique ravivée

Le documentaire oppose les unes complaisantes de 2003-2004 (« La nuit où l’amour a tué » dans Paris Match) aux analyses de sociologues démontrant un schéma classique de violence conjugale. Anne-Sophie Jahn, co-réalisatrice, souligne dans une interview exclusive comment « la presse a mythifié Cantat en artiste maudit plutôt qu’en meurtrier », en intégrant des extraits oubliés du procès où l’avocat de la famille Trintignant dénonçait déjà « une banalisation du féminicide ».

Des experts comme la sociologue Françoise Héritier (via des archives) et la chercheuse Valérie Rey-Robert décryptent les mécanismes de domination à l’œuvre. Le film révèle aussi comment la sortie du documentaire a provoqué un tollé sur les réseaux sociaux, des collectifs contre les violences faites aux femmes exigeant que Netflix retire les albums de Noir Désir de ses playlists. Une polémique qui questionne : jusqu’où dissocier l’œuvre de l’artiste ?

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