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Féminicide de Mérignac : « Je ne voulais pas la tuer… » Le geste insoutenable de l’ex-compagnon devant la justice

Julie K.
7 Min de lecture

23 mars 2025Le procès de Mounir B. s’ouvre devant la cour d’assises de Gironde pour « assassinat » de Chahinez Daoud, brûlée vive devant son domicile de Mérignac le 4 mai 2021. L’ex-compagnon, déjà condamné pour violences conjugales, clame « vouloir la punir, pas la tuer », tandis que les dysfonctionnements judiciaires ayant entravé les plaintes de la victime resurgissent au cœur des débats. Un drame qui relance le cri d’alarme sur les féminicides en France.

Le drame sous les yeux d’un voisin : récit d’une scène insoutenable

4 mai 2021, 18h25 – Devant le pavillon de Mérignac, un fracas de coups de feu déchire le calme. Mounir B., ex-compagnon de Chahinez Daoud, tire « dans les jambes » de la jeune mère de 31 ans avant de l’asperger d’un liquide inflammable et de l’enflammer. Sous les yeux horrifiés d’un voisin septuagénaire, le corps de la victime brûle au sol, tandis que l’agresseur braque le retraité avec son arme, l’empêchant d’intervenir.

Ce témoin clé, dont l’avocat Me Guillaume Sapata révèle « l’horreur indélébile », décrira à la barre les conséquences psychologiques de cette scène. Inconnu de Chahinez, il figure parmi les parties civiles au côté des parents de la victime et de la société Domofrance, propriétaire du logement incendié par l’accusé après sa fuite. Un fils de la victime, endormi à l’intérieur, avait été sorti par Mounir B. avant l’embrasement.

« Je voulais la punir, pas la tuer » : la défense troublante de Mounir B.

En garde à vue, Mounir B. reconnaît avoir voulu « se venger de son infidélité », mais nie toute intention homicide. Une version contredite par l’enquête : celle-ci révèle qu’il s’était posté dès le matin dans une voiture près du domicile, armé, pour guetter Chahinez. « Il pensait qu’elle l’avait utilisé pour obtenir un logement en France », soulignent ses avocates Anaïs Divot et Elena Badescu.

Pourtant, le parquet général de Bordeaux retient l’« assassinat », arguant d’une préméditation flagrante. L’accusé, déjà condamné en 2020 pour violences conjugales, violait alors une interdiction de contact. Me Plouton, avocat des parents de Chahinez, rappelle que « deux plaintes avaient été déposées, dont une mal enregistrée par la police », pointant un enchaînement fatal de négligences institutionnelles.

Violences conjugales et dysfonctionnements judiciaires : le cocktail mortel

Juillet 2020 – Mars 2021 : Chahinez Daoud porte deux plaintes contre Mounir B., déjà condamné pour violences conjugales en juin 2020. La seconde plainte, déposée le 15 mars 2021 pour de nouveaux coups, est « mal enregistrée par la police », selon Me Plouton. Une erreur administrative qui prive la victime d’une protection urgente, malgré l’interdiction de contact imposée à l’agresseur.

Le cabinet de l’avocat de la famille a lancé en 2023 une action en responsabilité contre l’État pour « faute lourde ». Me Plouton accuse : « Ces dysfonctionnements ont fait perdre une chance à Chahinez d’échapper à son assassinat. » Une procédure séparée qui pourrait établir un précédent dans la lutte contre les féminicides, alors que l’accusé risque la perpétuité.