8 millions de Français renoncent aujourd’hui à des produits d’hygiène essentiels, selon une étude de l’Ifop pour Dons Solidaires. Déodorant, papier toilette ou protections menstruelles : précarité hygiénique oblige, 47% de la population limite ses achats par manque d’argent. 25% des moins de 35 ans avouent même devoir « choisir entre manger et se laver », tandis que des solutions risquées – lessives espacées, couches improvisées – se banalisent. Un phénomène qui isole et dégrade la santé, poussant les associations à alerter sur « une bombe à retardement sanitaire ».
47% des Français réduisent leur hygiène par manque de moyens : le constat alarmant
8 millions de Français limitent aujourd’hui leurs achats de produits d’hygiène, selon une étude Ifop pour Dons Solidaires menée en novembre 2024 auprès de 4 003 personnes. Déodorant, rasoirs, papier toilette ou même shampoing : 12% des sondés renoncent à ces basiques, tandis que les produits cosmétiques (maquillage, coloration) arrivent en tête des sacrifices. « J’utilise du shampoing pour le corps, je fais rarement des lessives… On survit », témoigne Françoise, 63 ans, dans des propos relayés par BFMTV.
La pression financière frappe 82% des ménages, contraints de « se serrer la ceinture » depuis un an. Résultat : 17% des Français arbitrent régulièrement entre l’achat de nourriture et celui de gel douche ou de dentifrice. Un chiffre qui bondit à 39% chez les plus précaires. « Le budget courses est une hantise. Quand on doit rogner, l’hygiène passe après le loyer ou l’électricité », souligne un porte-parole de Dons Solidaires.
Jeunes et femmes en première ligne : le dilemme alimentation ou hygiène
62% des moins de 35 ans restreignent leurs achats de produits d’hygiène, un record selon l’étude. Parmi eux, 25% déclarent devoir choisir chaque mois entre « acheter à manger ou du dentifrice ». Sur les réseaux sociaux, des témoignages anonymes décrivent des situations extrêmes : « Je lave mes vêtements à l’eau froide, mais mon patron m’a convoquée pour mon odeur », écrit une mère célibataire.
La précarité frappe aussi 16% des femmes, contraintes d’utiliser du papier toilette en guise de protections menstruelles par manque de moyens. « J’ai déjà dû garder une serviette hygiénique toute la journée au travail, par peur de devoir en racheter », confie une employée de 28 ans sur Facebook. Un phénomène qui entraîne absentéisme professionnel et isolement social, selon les associations.
Lessive rare, couches improvisées : les solutions risquées qui se généralisent
10% des Français déclarent se laver sans gel douche et 15% espacent leurs shampoings pour économiser, selon l’étude. Des pratiques qui inquiètent les médecins : « On observe une hausse des infections cutanées et urinaires liées à ces privations », alerte un médecin généraliste parisien. Chez les familles monoparentales, 44% improvisent des couches avec du tissu ou des serviettes, exposant les bébés à des érythèmes fessiers sévères.
L’étude révèle que 23% des parents reportent l’achat de couches, parfois pendant « plusieurs jours ». « Certains utilisent des chiffons, d’autres laissent les enfants sans protection. Les consultations pour irritations ont bondi de 18% en un an », déplore une pédiatre lyonnaise. Des solutions de fortune qui, selon les experts, menacent directement la santé publique, notamment dans les foyers les plus modestes.