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« Je ne pensais pas qu’elle aurait le courage… » : Suicide d’une employée harcelée, 24 mois de prison requis contre le couple accusé sous les huées

Julie K.
7 Min de lecture

Un procès sous haute tension s’ouvre à Toulouse : un couple d’anciens agents municipaux de Fonsorbes est jugé pour harcèlement moral ayant conduit au suicide de Magali Daros, employée de la mairie. « Je ne pensais pas qu’elle aurait le courage… », lâche le mari à la barre, tandis que le parquet réclame jusqu’à 24 mois de prison avec sursis. Dans la salle, des collègues en tee-shirts hommage huent les accusés, dont le déni persiste malgré les écrits accablants du journal intime de la victime. La défense dénonce une « chasse aux sorcières », alimentant un climat électrique.

Un procès sous tension pour harcèlement moral

Le tribunal correctionnel de Toulouse vit un moment historique ce lundi : un couple d’anciens agents municipaux de Fonsorbes comparaît pour harcèlement moral ayant poussé Magali Daros, employée de mairie, au suicide en août 2022. « Je ne pensais pas qu’elle aurait le courage… », lâche Philippe, le mari accusé, reprenant ses déclarations choc lors de sa garde à vue. Le parquet réclame 24 mois de prison avec sursis contre son épouse, ex-supérieure hiérarchique de la victime, et 18 mois contre lui, assortis de 5 ans d’inéligibilité.

La salle d’audience, envahie par une trentaine de collègues en tee-shirts hommage, vibre d’une tension palpable. Les réactions du public, ponctuées de huées envers les prévenus, obligent la présidente à ordonner une évacuation temporaire. « On est là pour ses enfants », explique un représentant du personnel, résumant l’émotion d’une communauté municipale unie derrière la mémoire de Magali, dont le journal intime livre des écrits accablants contre le couple.

Les accusations et le calvaire de la victime

« Tu n’es bonne qu’à tailler des pipes », « incapable », moqueries sur l’orientation sexuelle de son fils : le dossier cite des insultes répétées envers Magali Daros, employée de ménage à la mairie de Fonsorbes. Le parquet détaille aussi un épisode où Philippe aurait « fait une embardée » en voiture vers elle sur un parking, geste qu’il qualifie d’« involontaire ». Le journal intime de la victime, décédée à 46 ans, documente ces brimades et son désespoir, laissant deux enfants orphelins.

Face à ces éléments, les prévenus maintiennent un déni total. « Je ne lui ai jamais manqué de respect », insiste l’ex-déléguée syndicale CGT, tandis que son mari réfute toute intention menaçante. Pourtant, lors de sa garde à vue, Philippe reconnaît avoir déclaré : « Je ne pensais pas qu’elle aurait le courage de se suicider, me faire ça à moi et à mon épouse… ». La défense soulève l’absence de témoins directs des injures, hormis un collègue cité, et dénonce des « calomnies » ayant conduit à leur licenciement en 2023.

Déni et stratégie de la défense

« C’est une chasse aux sorcières ! », tonne Me Armand Cohen-Drai, avocat du couple. Il souligne l’absence de témoins oculaires des insultes, à l’exception d’un collègue citant des « on-dit ». La défense mise sur une contradiction : « Mme A. avait promu Magali cheffe d’équipe, preuve de leur bonne entente », argumente-t-elle, rejetant les écrits du journal comme des « interprétations subjectives ».

Les prévenus campent sur leur position. « Tout est inventé », clame l’ex-déléguée syndicale, niant avoir tenu des propos homophobes. Son mari minimise l’incident du parking : « Je consultais une fiche, pas elle ». Pourtant, ses aveux en garde à vue – « Elle m’a fait ça à moi » – et leur licenciement pour manquements déontologiques en 2023 fragilisent cette version. Le parquet rétorque : « Le harcèlement moral ne nécessite pas de témoins physiques ».

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